[Terminer] Ardeur d'une dresseuse et expérience d'un prof ? [Pv Drew]

L’air est lourd, saturé en éléments inadéquats pour la respiration oxygénique. Et pourtant, deux respirations sont actuellement en vigueur à l’intérieur de ce volcan. La première, est filtrée. Elle sort d’un dispositif chargé de séparer le bon grain de l’ivraie pour permettre à celui qui le porte de pouvoir supporter un tel environnement. La seconde en revanche, n’avait pas besoin de ce genre de choses et cela, même si un environnement volcanique lui était clairement défavorable. Drew et Sagi étaient donc en entrainement dans un volcan. Portant sa tenue de combat accompagné d’un masque à gaz récupérer dans le laboratoire de chimie pour éviter de s’asphyxier avec les émanations de gaz volcaniques, les deux compères se promenaient ensemble à l’intérieur de la montagne dans des tunnels creusés par des ingénieurs afin de diriger les écoulements de lave qui se produiraient en cas d’éruption. Le but de leur présence ? Un simple entrainement en milieu hostile. Sagi étant encore jeune et inexpérimenté, le professeur souhaitait mettre à l’épreuve sa résistance dans un environnement qui ne convenait certainement pas à un Pokémon de Type Acier. Si leur situation devait être résumée en une phrase vulgaire, on pourrait la prononcée ainsi : ils en chient pas mal. Après plus d’une heure dans cet endroit à des températures insoutenables, le maître compris que poussez plus loin leur limite ne ferait que mettre leur santé en danger. Ensembles, ils se dirigèrent donc vers la sortie, l’air libre. Lorsque la lumière du jour fut présente, Drew put retirer son masque et prendre une véritable bouffée d’air sans cendres ni excès de gaz nocifs. Les deux compères s’installèrent tranquillement le temps pour eux de réguler leur température corporelle.

*Quel est mon bonheur ?*
« Prendre mon pied dans tes balls ? »

Pourquoi s’acharnait-il à lui poser cette question. Oui, il était vrai que les Riolu évoluaient en fonction de leur bonheur, mais pourquoi lui poser la question ? Etait-il si pressé de devenir adulte ? Etait-ce là le moyen pour lui d’atteindre la puissance ou bien sa recherche de bonheur était réelle ?

*Quel est mon bonheur ?*
« Der Will zur Macht »
*Der .. ?*
« Der Will zur Macht. La volonté de puissance si tu préfères. »
*Qu’est-ce que c’est ?*
« C’est une notion qui décrit la volonté de pouvoir faire mieux. D’évoluer encore et toujours selon la voie que l’on a choisit. Elle s’oppose à la fixation, au fait de devenir un être qui ne bouge pas, qui tend à rester le même. Je ne sais pas réellement quel est ton bonheur petit. Ce que je comprends à travers tes paroles c’est que ta situation ne te plaît pas. Mais pour que celle-ci s’améliore, il te faut la volonté de puissance. C’est en commençant par changer toi-même que tu pourras changer ce qui t’entoure et ainsi peut-être, trouver ton bonheur. Est-ce que tu comprends ? »
*Je crois.*
« Bien. Rentrons maintenant. Je t’en reparlerai une autre fois si tu veux. »

L’air quelque peu déçu par cette réponse, le bébé Pokémon suivit son maître. Après quelques minutes de marche, il releva alors la tête. Drew put observer ses gestes coordonnés, ses mouvements et leur totale fluidité. Il venait de détecter quelque chose.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »
*Mon bonheur est par là ! Mon bonheur est par là !*

Vraiment ? Ce bonheur était quelque chose de tangible ? Mais que pouvait-il bien avoir détecté qui le mette dans cet état ? Après tout, hormis ses sens exacerbés de Pokémon, le seul qui pourrait avoir un lien avec son bonheur était son don d’empathie. Etait-ce donc ça qu’il cherchait ? Quelqu’un qui lui correspondrait ? Se pourrait-il que… Le professeur n’hésita pas et suivit sa créature. Ensemble, ils arrivèrent sur une corniche qui surplombait un plateau sur lequel se trouvait une élève accompagnée de deux Pokémon Feu. Il ne fallut que quelques secondes d’observations pour reconnaitre Kayline Lewis, une élève qui jouissait d’une certaine réputation à Gakuen. A défaut d’être capable de faire trembler les murs sans ses Pokémons, elle faisait en revanche sans problème tremblé certains élèves.

*C’est elle mon bonheur ! C’est elle !*

Kayline Lewis, la cible de Sagi. La chose en était étonnante. Si Drew avait toujours soupçonné son Riolu d’être un potentiel Dearth des émotions, il n’en était toutefois guère certains, celui-ci n’ayant pas réagit à la présence de Lumeka. Mais après tout, la rouquine n’était pas non plus confirmée comme Sybrater. C’est ici que se compliquèrent les choses. Couchés sur le ventre sur leur corniche afin de ne pas être vus, le psychologue prit un peu de temps pour réfléchir. Bien que cela lui semblait trop beau, il venait peut-être aujourd’hui de toucher le jackpot : confirmer Sagi en tant que Dearth des émotions et peut-être, avoir trouvé son Sybrater des émotions. Une occasion trop belle pour être mise de côté.

« C’est vraiment ce que tu veux ? »
*Oui !*

La réponse fut claire, franche et directe. Drew fut sans problème convaincu par le visage grave de son Pokémon. Le même visage que celui qu’il avait put voir le jour de sa capture. Le visage de ce que Nietzsche appela autrefois « Le dernier homme ». Un nom inadapté qu’il aurait probablement changé s’il s’était rendu compte de la véritable nature des Pokémon. Le professeur sortit alors une Ball de sa poche, libérant Seriha de sa cage de la manière la plus discrète possible.

« J’espère que tu trouveras ce que tu cherches Sagi. Seriha, cristallisation. »

L’ordre fut exécuté sans hésitation ni problème à la réalisation. L’item se matérialisa dans la main du commanditaire, celui-ci arborant un éclat blanc transparent dans lequel on pouvait retrouver l’image résiduelle de Kayline. Drew laissa son regard et celui de Sagi transpercer le cristal, les emportant tous les deux dans l’âme de la jeune fille.

Tant de détails et si peu de temps pour les analyser. Drew et Sagi se matérialisèrent dans l’esprit de Kayline, mais leur arrivée, bien que discrète, ne passa pas inaperçue.

« Non mais je vous en pris, faites comme chez vous mon vieux. »

Kayline l’avait déjà surpris. La lumière qui dominait l’endroit et sa topographie basée sur cet escalier, réduisaient quasi à néant la possibilité de se cacher pour réaliser une exploration discrète. Alors qu’en règle générale, le psychologue ne se gênait pas pour réaliser une analyse directe de la personne sondée allant jusqu’à la briser si nécessaire, ici, il préféra montrer qu’il était pleinement conscient qu’il était en tort. Après tout, peu de gens apprécieraient de disposer d’un étranger dans leur âme. Tandis que Sagi montait doucement les marches, observant tout ce qui l’entourait, Drew se présenta devant la maîtresse de maison et posa un genou à terre en signe d’humilité et de respect envers son élève.

« Je vous prie d’excuser mon arrivée Kayline. Je comprends tout à fait le désagrément qu’elle vous pose et c’est pourquoi je souhaiterai que vous soyez assurée que je serai attentif à toutes vos objections quant à ma présence en ce lieu. Toutefois, gardez bien en mémoire que je n’utiliserai pas de tels procédés si l’affaire n’était pas d’importance. J’espère que vous saurez tolérer cette intrusion. »

Le Riolu progressait déjà doucement tandis que les deux humains parlaient. Plus haut de quelques étages, son regard put enfin se porter sur toute l’âme de Kayline. Observant son départ à Carmin-sur-Mer, puis son présent à Gakuen, qui prenait actuellement la majorité de la place et enfin, le futur auquel elle se destinait. Pourtant cette jeune femme, adulte, qui croisait son regard, n’était pas celle qui allait le rendre heureux. Non. C’était l’autre. Son regard switcha donc pour observer celui de Kayline. Ses yeux bleus, remplis de tellement d’émotions diverses qui, alors qu’elles devraient être clairement distinguable pour lui, disposaient d’un cache pour les masquer, les diffuser et finalement obtenir ce mélange homogène et si troublant qui stoppe toute perception naturelle de ses pensées. Oui. C’était bien elle qu’il cherchait, et non pas celle qu’elle voulait devenir.

Sagi arriva rapidement au premier étage, demeure des déceptions. Chaque portrait, correspondait à un jugement qui avait été rendu sur une personne. Chaque étage, était le résultat de ce jugement. Ici, trônait diverses personnes dont les cadres étaient abîmés, le verre fissuré, le bois usé. Plus le temps passait et plus ces cadres perdaient en importance. La raison ? Ils cessaient tous, progressivement, d’être des sujets d’inquiétude, de jalousie ou d’intéressement. Car celui qui fut surpassé par Kayline, ne représentait alors plus aucun intérêt pour elle et sa présence n’aurait alors plus qu’à s’effacer, telles les couleurs d’une photographie vieillissante. Le bébé Pokémon récupéra un cadre bourré de poussière et le nettoya. A l’intérieur, le portrait de Cynthia. Si ce portrait était dans un état si peu entretenu, ce n’était tout de fois pas à cause d’un oubli ou parce que Kayline avait dépassé cette dresseuse émérite. Non. C’était parce qu’aucun trophée installé face à ces portraits ne permettaient encore d’atteindre cette personne. Même si Cynthia finirait par tomber à ses pieds, elle n’était pas à l’heure actuelle sa prochaine cible. Tout le contraire du portrait d’Arian dont les fissures sur la verrerie témoignaient d’une forte et actuelle exaspération. Tandis que la discussion entre le professeur et l’élève continua, l’être bleu et noir continua son ascension.

Beaucoup plus haut, se tenait une autre galerie de portraits. Mais ceux-ci, aux cadres argentés, voir dorés, disposaient d’une autre forme de traitement. En plus d’être en un état de conservation des plus étonnants, chacun de ces portraits étaient tournés vers le haut des marches, vers le but, la destinée. Ces personnes avaient étés jugées dignes. Mais dignes de quoi ? De confiance ? Non. Leur valeur avait elle été jaugée pour rendre ce verdict ? Oui, probablement. Mais au final, la pensée qui dominait derrière tout cela, c’est que ces gens, avaient été jugées comme dignes de contempler sa réussite. Dignes d’observer à jamais un astre d’une clarté tellement éblouissante qu’elle finirait par éclipser tout ce qui faisait d’eux des personnes à part. Car aussi important que l’on puisse être dans le monde, nous ne ferons jamais le poids face à une déesse. Sagi fut irrité par ce côté de la jeune femme. Le jugement ici, n’avait plus aucun sens. A quoi bon chercher à définir quelqu’un, si notre seul but est de devenir l’axiome qui supprimera la définition des autres. A quoi bon s’intéresser aux autres, si le but est de devenir la légende, le mythe…

Sagi compris qu’il tenait là une part du problème. Réfléchissant à comment le résoudre et aux autres zones de l’esprit de Kayline qui lui permettraient de cerner au mieux cette jeune fille, il observa les réactions de cette dernière, alors que son maître lui parlait.

« Si vous ayez peur que je découvre des choses qui vous feraient du mal, imaginez une cloison, et ce qui sera derrière me deviendra inaccessible. Si vous préférez m’accompagner pour vous assurer de mon comportement, cela vous est également possible. Mais si vous abusez de ce droit légitime, je n’hésiterai pas à le briser. »

Le psychologue se releva alors et lui tendit sa main. Avec toute la sincérité et la dignité qui le caractérisait lors de ces moments, il lui dit alors :

« Venez avec moi Kayline. Et montrez-moi qui vous êtes. Soyez assurés que je ne porterai aucun jugement. Le seul juge ici... C’est vous. »

La main tendue vers la jeune fille, le professeur espérait que celle-ci allait l’accompagner dans cette introspection. Qu’elle allait non plus se contenter d’observer, mais bien voir ce qui se présentait à elle dans cet endroit. Toutefois, la réponse fut des plus claires quant à cette proposition. De magnifiques ailes blanches apparurent alors dans son dos, lui permettant de s’envoler au dessus de Drew, au point de s’élever et de s’installer dans un trône surplombant toute la zone. Le psychologue fut horrifié par cette vision. Pendant des années, il avait mené des recherches sur les cristaux, le Dearthasialis et les Dearth, il avait prit le temps d’analyser tous les tréfonds de l’âme humaine, passé des semaines et des mois à observer les gens depuis les toits de Safrania pour créer des cristaux à leur image et finalement parvenir à former des théories, théories qui se transformèrent en axiome sur le fonctionnement de cet autre univers qu’est le Dearthasialis. Et aujourd’hui, une théorie qu’il avait lui-même écrite, sans jamais avoir de preuve, finit par lui offrir la preuve de son existence.

*Les Ailes Blanches du Jugement… J’aurai aimé ne jamais les voir de mes propres yeux.*

La donne n’était plus la même. Il n’était ici plus question d’explorer l’esprit d’une jeune fille pour voir si elle ferait une bonne Sybrater. Il n’était plus non plus question de trouver le bonheur de Sagi. Cette intrusion dans l’esprit de Kayline se transformait désormais en sauvetage. Les Ailes Blanches du Jugement, sont le pire fléau des Sybrater des Emotions. La perte de leur maîtrise de l’égo aboutit à la création de ces ailes blanches. Le Sybrater, persuadé de sa supériorité, s’octroie alors des éléments que la société relie au divin. Kayline avait malheureusement atteint ce stade. Elle avait oublié qu’aussi implacable et juste pouvait être son jugement, il ne fait pas d’elle une personne supérieure. Drew compris désormais qu’il avait devant lui l’objet de sa quête, mais également que son credo allait inéluctablement s’appliquer à Kayline. La jeune fille allait malheureusement devoir souffrir plus que quiconque pour se libérer d’une des rares choses que le quinquagénaire accepterait de qualifier de… malédiction.

Conscient de son nouvel objectif, le professeur redoubla d’attention et activa son sens de l’observation. Son but ? Comprendre le plus vite possible la psyché de son hôte afin de savoir comment l’aider à changer. La première chose à faire était donc de garder le contact, de conserver le dialogue avec elle et de faire en sorte à ce que celui-ci ne se rompe pas. A chaque phrase prononcée, le psychologue tenta de trouver une réplique appropriée. Le respect de la vie privée fut le premier sujet abordé :

« Je m’efforce simplement d’être le plus honnête possible envers vous Kayline. Comprenez bien que le respect est une chose qui se mérite et qui se perd bien vite. Mon intrusion dans votre âme sans votre accord est un fait de base, impardonnable, mais tout aussi importante doit être mon humilité dans une telle situation, celle-ci ne restera légitime que si vous me considérez comme votre égal. Me placer plus bas encore que votre mépris ne rentre guère dans ce schéma que je vous décris. C’est pourquoi je n’hésiterai pas à insister si votre volonté de m’entraver provient plus de votre ego que de votre besoin d’intimité. »

Sagi quant à lui, continuait son inspection. Il s’arrêta quelque peu près du trou où semblait être enfermés les sentiments refoulés de la jeune fille. Le genre de sentiment qu’il ne faut pas gardés dans un tel état. La souffrance et la tristesse sont des éléments qui comme la joie, doivent être présentés. Les cacher, les masquer, ne revient qu’à les garder en soi tel un poison qui finira par s’infiltrer et altérer des moments de bonheur qui auraient dû rester immuables. Plus qu’autre chose, la tristesse devait être respectée et conservée comme un trophée. Un trophée apte à nous rappeler pourquoi nous avons fait nos choix et ce qu’ils nous ont coutés. Comprenant que cette zone se devait de rester inviolée pour le moment, le bébé Pokémon s’en écarta tandis que son maître répondait aux questions de leur hôte.

« Vous vous méprenez. Mon but n’est pas de leur faire perdre la raison. Mon but est de leur apprendre à devenir responsable. Je suis là pour leur enseigner à ne pas faire les mêmes erreurs que leurs ainés. Lorsque vous, vous voyez des gens devenus fous, perdus, les yeux dans le vague, le corps tremblant, le doute envahissant tous les membres ; moi, je vois des gens qui se posent enfin des questions sur eux-mêmes, qui comprennent leurs erreurs, mais ne savent pas sur quelle nouvelle base fonder leur vie. Si je veux les aider, je dois d’abord briser l’image superficielle qu’ils ont d’eux-mêmes. Afin qu’ils puissent se reconstruire, de la manière qu’ils le souhaitent, mais en restant honnête envers eux-mêmes et envers les autres. Quant à vos Pokemon, ne vous en faites pas, le temps que nous passons ici n’a strictement rien à voir avec celui que vous connaissez. Vos Pokémons ne se rendront même pas compte de votre absence. Il ne subsistera de notre entretien que vos souvenirs. »

Drew continuait son ascension, jusqu’à arriver à l’étage d’où venaient les feulements et les cris de rage qui se répandaient à travers cet univers parallèle. Alors que celui-ci se mettait à observer attentivement cet endroit, qui semblait avoir une signification particulière pour la jeune fille, celle-ci exigea une réponse à des questions bien naturelles. Conscient qu’une totale transparence serait nécessaire pour qu’elle lui accorde sa confiance, le professeur répondit le plus naturellement possible.

« Puisque c’est ce que vous désirez. Je tâcherai d’être le plus clair possible. C’est à l’initiative de ce Pokémon que nous nous rencontrons en de telles circonstances. Lorsque je l’ai rencontré, j’ai pu être témoin de son extraordinaire potentiel d’empathie envers les autres. Mais depuis que je l’ai capturé, celui-ci ne cesse de me poser la même question : quel est son bonheur ? Je n’ai à ce jour jamais trouvé. Ce n’est qu’aujourd’hui, que celui-ci m’annonça après avoir détecté votre présence que son bonheur était ici. Il n’a pas hésité à vous désigner. J’ai donc décidé d’accéder à sa requête et nous sommes entrés dans votre esprit. Toutefois, je dois avouer que la perspective de pouvoir l’aider n’était pas la seule chose qui m’a motivé à accepter. Et maintenant que je suis ici, je me rends compte que vous pourriez faire partie des personnes que je recherche depuis si longtemps. »

Une courte pause le temps de faire digérer la première réponse à la jeune fille. Le professeur était finalement arrivé au niveau de la cage. Posant sa main sur les barreaux, il fit finalement passer celle-ci à travers la brume. La main tendue, prise au piège dans le brouillard, celui-ci put voir les éclairs de rage et les yeux remplis de colère du félin qui était prisonnier à l’intérieur. Pourtant. Il ne blessa pas l’homme qui avait osé s’approcher de lui. Pendant que Drew posait son regard sur l’humain posté à côté de la cage, dont les traits firent comprendre au psychologue qu’il s’agissait là probablement de son père, il continua son discours, passant donc à cette « affaire » qu’il avait cité précédemment.

« Mes raisons quant à moi, vont nécessiter que je revienne quelques instants dans le passé. Au cours de mes voyages, de ma formation de psychologue et de mes recherches, j’ai finalement conclut qu’il existait dans l’âme humaine une constante fondamentale que j’ai appelé Dearthasialis. Cet objet, que vous pouvez considérez comme le noyau de l’âme d’une quelconque personne, est divisé en plusieurs parties représentant chacune un type de pensée, une manière bien spécifique de voir le monde. Ces fragments sont les Dearths. Lorsqu’une personne parvient à atteindre un niveau de conscience, de compréhension du monde qui l’entoure, supérieur à celui de l’homme moyen, son Dearth s’active alors, faisant de lui ce que d’anciennes civilisations appelèrent des Sybraters. Ces Sybraters, aussi rares fussent-ils à cette époque autant qu’à la notre, étaient considérés comme des demi-dieux. Bons ou mauvais, tout le monde reconnaissait quoiqu’il arrive leur extrême capacité à agir, à changer le destin de milliers de gens grâce à leur volonté sans égal. Au cours de mes recherches, je ne suis parvenu qu’à identifier cinq Dearths différents, donnant donc cinq Sybraters : Espace, Temps, Rêve, Pureté et finalement Emotions. A travers Gakuen, j’espère trouver des jeunes gens qui auront l’étoffe de Sybraters, afin qu’ils puissent guider le monde selon leurs idéaux. Peu m’importe la voie qu’ils choisiront : libérer les Pokémon du carcan instauré par l’humanité et leurs Poké Ball, comprendre le monde au-delà des limites de la science, parvenir à s’extraire de celui-ci à travers le rêve ou encore devenir Maitresse de la Ligue Pokémon. Ce qui m’importe, c’est que nous n’ayons plus honte de ce que nous sommes devenus. L’hypocrisie, l’amorphisme, l’insignifiance, je veux bannir ces concepts qui ont instaurés leur dictature sur notre univers. Alors seulement, vous pourrez guider le monde et le faire changer selon ce que votre génération considérera comme étant le mieux pour tous. »

Le professeur regarda la gardienne ailée droit dans les yeux en lui annonçant finalement :

« Je suis ici car je pense avoir trouvé l’objet de ma quête : Kayline, Sybrater des Emotions. »

Monopolisant l’attention, Drew laissa à son Riolu tout le temps nécessaire pour finalement atteindre le haut de l’escalier de lumière. Positionné plus haut encore que la jeune femme, près de l’image qui reflétait son objectif ultime, le Pokemon toisait l’intendante du trône du regard. Celui-ci allait lui montrer que le jugement est un privilège qui se mérite. Attendant le signal de son maître, celui-ci observait l’Ange du Jugement telle une aberration qui ne serait bientôt plus.

« Kayline, je peux désormais voir comme vous le pensiez que vous êtes une femme sans faiblesse ni doute. Votre reflet ne présente rien qui ne vous soit intolérable. Mais, est-ce le cas de celle que vous voulez devenir ? »

Sans hésiter, Sagi plongea en piqué vers l’Ange du Jugement et récupéra le miroir qui gravitait autour d’elle. Sa descente le fit atterrir sur la porte de la cage de Raikou, porte qui fut déverrouillée par le professeur. Par une synchronisation parfaite, la créature légendaire sortit, claquant la porte qui donna l’élan nécessaire au Riolu de retourner là où se trouvait le but ultime de cette jeune fille à l’ambition dévorante. Et tandis qu’un éclair descendait du ciel pour atteindre le chien légendaire, mis en colère par tant de temps de captivité, la futur Kayline put pour la première fois observer son reflet, présenté par le bébé Pokémon. Le cri de souffrance qui suivit, fut le plus déchirant que Drew eut entendu de toute sa vie… Mais ce son n’aurait pas été complet sans celui de la fissure qui se forma dans le miroir… Le son d’une certitude brisée…

Trigger. Une autre des théories de Drew, mais probablement la plus usité par ses méthodes. Le Trigger consistait purement et simplement à analyser les différentes strates d’une âme et la base sur laquelle chacune d’entre elle reposait. Une analyse méticuleuse était toutefois nécessaire afin de s’assurer que seule la strate voulue serait détériorée. Car une fois que vous savez où se situe le problème, vous n’avez alors qu’à attaquer le noyau autour duquel il s’est formé. La libération de Raikou et la révélation que la Kayline future n’était guère à la hauteur de la présente, révélèrent à la jeune fille tous les fondements de la mascarade, de l’image factice que son père avait créé d’elle. Ayant atteint le cœur même de cette illusion, Sagi et Drew venaient de déclencher une réaction en chaîne qui allait rapidement et avec une précision des plus méprisante, détruire tout ce que son paternel avait construit.

*A travers la souffrance d’une jeune fille, je détruis les desseins d’un homme. Pourquoi les incapables ne savent pas faire leurs conneries seuls ?*

Le psychologue se mit à descendre lentement les marches dont les fondements disparaissaient peu à peu. Après chacun de ses pas, la marche parcourue finissait par se fissurer et s’effondrer. Continuant, pas après pas, le quinquagénaire accompagné de sa créature bleue, le miroir brisé à la main, arrivèrent finalement à l’étage des refoulés, zone dans laquelle se trouvaient toutes les cibles. Les mains dans les poches, Drew observait les vaines tentatives de son élève pour tenter de remettre de l’ordre. Son statut de championne, son miroir d’égo, l’ombre de son père ainsi que Raikou, disparaissaient les uns après les autres. Alors que la zone se couvrit d’un rouge ardent, les sentiments du puits finirent également par sortir. Mais alors que tout le reste avait disparu, eux, étaient bien omniprésents. Libérés et déchainés dans cet environnement, ceux-ci semblaient vouloir prendre le pas sur celle qui les avait créés.

« Quand on laisse une bête en cage, la bête peut s’énerver. »

Le professeur regarda autour de lui. Seules deux structures avaient résistés à cet effondrement quasiment instantané : les statues d’or des Pokémon de son équipe et les marches menant à Carmin-Sur-Mer. Sans aucun repère, Kayline ne put plus asseoir son pouvoir. Un sourire aux lèvres, Drew put alors voir les Ailes du Jugement s’affaiblir jusqu’à disparaitre. Perdant sa supériorité face au reste du monde, la jeune fille en avait également perdu sa légitimité de juger. Ayant touché terre à quelques mètres de lui, la jeune fille semblait se préparer à l’anéantir, mais le désespoir en décida autrement. La lumière de l’espoir s’éteignait peu à peu, mais alors que sa dernière lueur semblait briller du plus bel éclat qu’elle n’avait jamais osé présenter, la vue des portraits de ses proches disparaissant acheva d’éteindre celle-ci, comme si elle n’avait jamais exister. Les Ailes du jugement ayant disparues, seul restait l’essentiel. La base grâce à laquelle Kayline pourra renaître. Contemplant du haut des marches restantes la ville de Carmin-Sur-Mer telle qu’elle était dans les souvenirs de cette âme brisée, Drew laissa à son hôte le temps de récupérer et d’évacuer des larmes accumulées depuis bien trop longtemps déjà… Sagi s’était placé à côté d’elle, laissant le miroir au sol, couché de telle sorte que personne ne puisse y contempler son reflet. Lentement, il posa sa main contre son menton pour lui relever la tête afin qu’elle le regarde dans les yeux.

*Trouvons ton bonheur.*

Drew prit ensuite le relais, celui-ci tentant de lui faire comprendre sa situation.

« Relevez-vous Kayline. Pleurez autant que vous le voudrez, mais relevez vous. Les larmes et le désespoir ne sont pas aussi liés que vous le pensez. Ouvrez les yeux et contemplez ce qu’il reste de vous. Votre vie ? Elle est toujours là, autour de vous. Gakuen n’a pas disparu de votre esprit, tout comme votre enfance à Carmin-sur-Mer. Votre perception des choses non plus n’a pas changé, les portraits des gens que souhaitez surpasser n’ont pas étés modifiés. Quant à votre personnalité. Elle est ici, en face de vous, celle-ci se déchaine, furieuse d’avoir été si longtemps sous le joug de votre paternel. Tous ces sentiments que vous avez refoulés, vous font désormais face parce que votre père vous interdisait de les exprimer. Parce qu’il ne voulait pas que ceux-ci vous libèrent de son emprise. Ils sont désormais libres de s’exprimer. Il ne tient qu’à vous de les accepter et de leur montrer qui est le maître. Vous les avez créés, vous pouvez les maitriser sans avoir à les cacher. »

Le psychologue retourna vers elle et lui tendit la main une nouvelle fois. Son regard fut moins grave tout comme ses traits, puisque cette fois, Kayline et Drew se retrouvaient enfin au même niveau.

« Je ne suis pas là pour vous aider Kayline. Je ne suis pas là pour vous rendre les choses plus faciles. Je suis là pour que vous ne soyez pas seule. Pour que vous ne soyez pas perdue. Je suis là pour vous montrer les chemins qui s’offrent à vous. Mais c’est à vous de choisir celui qui vous sierra le mieux. Votre rêve, comme tout le reste, vous l’avez toujours. La preuve en est ces statues d’or de vos Pokémons. Voyez. Elles n’ont pas bougées même si le sol s’est effondré sous leur piédestal. Elles ne font qu’attendre le moment où vous trouverez une nouvelle manière d’atteindre votre rêve si vous souhaitez le conserver : devenir Maitresse de la Ligue Pokémon. »

[Désolé, post court et peu inspiré. Je voulais parler de la volonté de puissance, mais ça me semblait un peu prématuré, probablement au prochain post si Kayline se sent prête à reconstruire mais qu’elle ne sait pas comment.]

Le désespoir s'en allait petit à petit. Les paroles du psychiatre semblaient avoir eut de l'impact sur sa jeune amie. Alors qu'une pluie fine et douce avait remplacée le rouge de la colère, Kayline demanda à l'intrus de lui expliquer pourquoi il avait fait tout cela.

« Ne vous méprenez pas Kayline, je ne suis pas là pour vous aider. Je ne suis là que pour faire renaître les rêves anéantis, pour ramener les émotions à ceux qui les ont perdus et pour apprendre à leur créateur à les assumer. Pourtant, je ne suis pas un guide car ce n'est pas moi qui connait la voie. Je ne suis que celui qui souhaite voir un monde différent. Peu importe ce qu'il m'en coute et ce que je dois faire. Je ne suis qu'un déclencheur. Le catalyseur qui permettra l'apparition d'un élément nouveau à l'éclat incomparable, dont la découverte changera la vie et inspirera ceux qui le côtoieront. La seule personne ici qui souhaite vous aider n'est autre que cette créature. Elle ne vous est pas étranger. Elle vous connait, elle vous comprend. Elle sait qui vous êtes plus que quiconque. Car elle n'est autre que vous-même : votre Dearth. Prenez sa main et la mienne et ensemble, nous construirons votre être selon vos désirs et selon votre vœu si votre volonté est suffisante. »

Comprenant enfin le sens de tout ceci, l'objectif de Kayline devint d'une clarté absolue. Oui. Cette volonté si farouche, qu'elle n'avait arborée que pour satisfaire son père, n'était pas une illusion contrairement à tout le reste. Cette puissance était en elle, elle le savait. Mais pour pouvoir la retrouver, il lui fallait un nouveau rêve. Un songe lui permettant de rallumer cette flamme brûlant ardemment, blessant quiconque oserait seulement s'en approcher. Le futur de la dresseuse venait d'être détruit, effondré par la disparition de ses fondements mais sa volonté essentielle était toujours là. Et ce qui était un faible espoir par amour pour un autre, se transforma en une volonté égoïste et personnelle parée d'un éclat et d'une grandeur aveuglante que nul ne pourra surpasser. Le rêve et l'ambition d'un futur probable devinrent une volonté concrète et non plus illusoire de prouver au monde lui-même et à l'autorité créatrice que l'être et ses sentiments étaient suprêmes en son âme.

Le vœu d'un Sybrater des Emotions.

Kayline se releva après avoir prit la main de Drew et de Sagi. Les chaînes étaient détruites et le vœu était prononcé. Toutefois, tout n'était pas encore terminé. Alors que la sérénité commençait à revenir dans l'âme de Kayline, laissant des éclaircies et de l'herbe apparaître, le développement de ce paysage était toujours interrompu par son passé. Ses souvenirs et ses sentiments refoulés, conservés depuis bien longtemps dans le puits, commençaient désormais à se rassembler en une masse cohérente et sombre qui se développait comme une tumeur cancéreuse. Des protubérances noires rigides sortaient de cette masse pour coloniser son âme comme un arbre le ferait dans un terrain fertile. Fallait-il détruire ces sentiments ? Les effacer pour prendre un nouveau départ ? Non. Pas tous. Recommencer à zéro signifiait prendre le risque de refaire les mêmes erreurs. Un risque que Drew n'était pas prêt à courir. Tenant toujours la main de la jeune fille avec son Pokémon, il lança un ordre des plus limpide à son acolyte.

« Sagi, Clairvoyance. »

A ces mots, l'agrégat de sentiments se figea et ses couleurs s'inversèrent. Dans le blanc se trouvaient alors des couleurs vivaces impossibles à discerner il y a peu. Il fallait récupérer l'essence de ces couleurs. Le professeur dirigea alors le trio en se plaçant en avant et en grimpant sur une des protubérances, semblable à une branche qui allait les mener au centre de cette distorsion. Marchant pas à pas, le son de leur progression résonnait dans l'âme de Kayline dont le temps semblait avoir été figé. Après une marche longue et pesante, ils finirent par arriver au centre de cette source presque monochrome qui aurait dû rester à jamais une mosaïque de sentiments. A l'intérieur, trois orbes de couleurs différentes, chacune représentant un souvenir particulier, quelque chose qu'il fallait revivre : pour souffrir, pour reconsidérer, pour comprendre.

« Prenez les Kayline. Prenez-les et rappelez vous. Rappelez vous vos erreurs, vos choix, votre souffrance. Comprenez et vivez ce que vous avez souhaiter dissimuler. »

Drew laissa son élève s'approcher de la première orbe. Celle-ci, d'une couleur bleu violacée s'activa à son contact. Le souvenir qu'elle contenait fut alors libéré et engloba les trois personnages dans ce moment si important pour celle qui l'a vécu. Ce moment, fut celui du rejet de Matt par la dresseuse. Alors que cet instant si particulier, était en train de se dérouler sous ses yeux, le professeur lui, s'abstint de prononcer une seule parole. Ce genre d'épreuves personnelles se dispensaient agréablement de tout commentaire qu'il aurait put faire. Kayline était en train de revivre un moment qui allait ramener en elle de nombreux regrets. Qui sait les changements qui auraient put intervenir dans sa vie, si elle avait seulement laisser cet homme en faire partie. La scène se passa, puis se tut. Ce point précis dans le temps aurait dû être tout autre, si Kayline n'avait pas eut peur de se détourner quelque peu de son destin pour vivre sa propre vie. Si elle n'avait pas eut peur de perdre la reconnaissance de son père. Être abandonné est et restera la plus grande peur de tout enfant. L'environnement était redevenu blanc, témoignant que leur position dans l'agrégat n'avait pas changée. Quant à l'orbe contenant le souvenir de cet amour perdu, celle-ci se fondit à travers elle, afin que ce regret lui rappelle à jamais de ne plus jamais refaire la même erreur. Conscient que cette première orbe était un souvenir lourd de conséquence, Sagi reprit la main de la jeune fille pour lui rappeler qu'elle n'était pas seul, et que lui aussi, grâce à ses dons d'empathie, comprenait plus que quiconque sa souffrance. Drew quant à lui, posa sa main sur son épaule pour l'encourager de manière sobre et simple.

« Continuons. »

La seconde orbe quant à elle, arborait une couleur pourpre tendant quelque peu vers le marron. Lorsque la jeune fille l'activa, c'est le souvenir de son orgueil passé qui ressurgit. Un orgueil l'ayant amené à développer les Ailes du Jugement. Sous leurs yeux se déroulait le jour où Kayline refusa l'accord de principe de Megami. La simple poignée de main à travers laquelle les deux rivaux s'accordaient à un respect mutuel dans leur quête pour la Ligue Pokémon fut reniée par la future championne. C'est à travers ce refus, que les Ailes ont probablement commencées à apparaître. Ne voyant pas Megami comme un égal, le jugement de Kayline, propre à tout Sybrater des Emotions, est devenu un instrument de mépris. Si le mépris est une réaction normale lorsque l'on parvient à cerner les gens aussi bien que le fait le Dearth des émotions, il est en revanche un piège dans lequel il ne faut pas tomber. Perdre de vue que ce mépris n'est qu'illusoire et finalement infondé, c'est provoquer une augmentation de l'égo qui aboutira à un sentiment de supériorité qui détruira celui qui le ressent. Ce souvenir, est la démonstration de ce que son élève n'aurait jamais du devenir. Il s'agissait là de son péché d'orgueil qui l'amena à considérer le reste du monde comme un obstacle à sa grandeur et à son éclat.

« Quoique vous ressentiez, quoique vous puissiez maintenant penser de vous-même ou de cet élève, gardez en tête que vous n'êtes pas obligée de changer les rapports que vous avez avec lui. Montrez lui simplement que la vision de votre position par rapport à lui, votre vision de cette relation que vous avez avec lui a changée. Ainsi vous n'aurez guère à vous justifier ou à hésiter quand vous le rencontrerez de nouveau. Vous connaitrez déjà votre ligne de conduite. »

Ce sentiment fut à son tour absorbé par Kayline lorsque celle-ci accepta finalement son péché en elle, lorsque celle-ci accepta de concevoir que sa grandeur n'était pas dénuée d'imperfections tout aussi importantes. Enfin, ce fut le moment de découvrir les secrets de la dernière orbe. La couleur de celle-ci, tendit vers un orange vif, un orange témoignant d'une frustration intense. A son activation fut observable l'image de Kayline, tenant un colis entre ses mains. Un colis venant de son père... La jeune fille ouvrit alors le paquet, découvrant à l'intérieur un mot et une Master Ball. L'image, ne fut pas assez nette pour laisser le quinquagénaire déchiffrer le message tracé à l'encre sur le papier. Toutefois, l'objet en lui-même était suffisamment équivoque. Cet objet symbolisait l'entière soumission de la progéniture envers son créateur. L'instrumentalisation de la création afin qu'elle réalise un seul et unique but : capturer Raikou, le chien légendaire. Le professeur vit alors l'image commencer à se brouiller. Par réflexe, il posa ses mains sur celles de son élève afin qu'elle garde l'orbe active.

« Non ! Ne le reniez pas ! N'oubliez jamais Kayline, que cet homme est votre père. N'oubliez jamais qu'il a tenté de vous instrumentaliser. Quelque puisse être la souffrance que son comportement envers vous a fait naître, vous ne devez pas renier votre sang. Cette Master Ball est le symbole de sa domination. Vous ne devez pas le rejeter mais au contraire l'arborer. Montrer à tout le monde que vous disposez de cet objet, que votre père vous en a donner l'accès. Mais aujourd'hui, vous comprenez qu'utiliser cet objet sera la preuve de votre lâcheté. Vous n'avez pas besoin que les choses soient plus faciles, vous êtes bien au dessus de ça. C'est cela votre fierté, les fondations de votre vous futur : vous avez refusée de rendre les choses plus faciles. C'est cela, qui fera de vous la future Maitresse de la Ligue Pokémon. »

Le professeur plaça ses mains sur l'orbe, perpendiculairement à son élève, de sorte que plus personne ne puisse encore la voir. Cachée derrière ces reflets d'âme de la chair et du sang, une lumière blanche vit le jour à travers eux. Une lumière qui transforma l'orbe en un symbole éternel, témoin à jamais de la promesse de cette jeune fille. Drew laissa ses mains s'ouvrir, dévoilant la Master Ball reliée à une chaine en argent, montée en pendentif. Le psychologue offrit au Sybrater des Emotions cette nouvelle parure qui fut l'étincelle de son nouvel éclat. Les mains sur les épaules et les yeux dans les yeux, il lui expliqua alors le concept suivant :

« Kayline, votre volonté de devenir Maitresse de la Ligue Pokémon a un nom dans mon métier : la Volonté de Pouvoir. Cette volonté correspond à un désir constant d'évoluer, de devenir plus. Les raisons de cette volonté sont multiples. Mais contrairement à beaucoup d'autres, vous ne le ferez pas par cupidité ou par soif de pouvoir. Vous le ferez parce qu'il s'agit de votre rêve. Cette volonté de vous élever, pourra vous mettre en danger, car elle surpasse la volonté de vivre et accepte le sacrifice de soi-même pour devenir plus encore que n'importe qui. Mais n'oubliez jamais, que lorsque vous aurez atteint votre objectif, il ne servira alors à rien d'aller plus haut. La question ne sera plus de savoir comment améliorer l'aura de lumière qui est en vous. La question sera de savoir comment et pour quelle cause vous souhaiterez l'utiliser. »

Ces mots semblèrent sonner le glas de leur répit. L'effet de la Clairvoyance se dissipant, l'agrégat de sentiments refoulés recommença à bouger, reprenant sa teinte noire abyssale. Il fallait s'en aller immédiatement, avant que ceux-ci ne les engloutissent. Tenant l'élève dont il était responsable par la main, Drew se mit à courir le plus vite possible avec elle pour sortir de ce torrent qui pourrait les écraser en une seule fois. Voyant qu'ils n'arriveraient pas à retourner à leur point de départ avant que la paralysie ne se dissipe totalement, le professeur ordonna à tout le monde de sauter. Si le choc fut rude, celui-ci ne fut pas handicapant. Alors que le calme de ce lieu venait une nouvelle fois de disparaître, les trois âmes se relevèrent pour observer ce spectacle de désolation.

Sans ses trois souvenirs, ces regrets contenant la souffrance de cette entité noire, la créature était désormais en possession de son potentiel ultime. Un potentiel à la hauteur de celui de sa créatrice : Kayline Lewis. Le ciel prit une teinte entre le jaune et le beige, parsemée de nuages de pollution. Et tandis que le vent se levait, faisant se déchainer dans l'air ce qui ressemblait à une tempête de sable, Drew s'écria alors :

« Je ne peux plus rien faire à présent. Vous avez donner vie à cette chose, c'est à vous de la lui retirer. Mais n'oubliez pas que vous n'êtes pas seule dans ce combat. Vos Pokémons seront toujours là pour vous. Et aujourd'hui, vous avez gagné un nouvel allié. »

Sagi se plaça devant Kayline, prenant une position de combat afin de montrer sa détermination à en découdre une bonne fois pour toute avec le dernier obstacle à la renaissance du Sybrater des Emotions. Et alors que le combat de son âme commença, Drew se mit à réciter les paroles de l'un des chants anciens retrouvé au cours de ses recherches sur les Sybraters :

« Un jour, la lumière de la volonté que tu as créée s'enflammera dans tes yeux.
Transcendant le temps.
Elle détruira mon cauchemar de ce monde qui court à sa perte.

Enfouis ton hésitation.
Quel est ton vœu ?
Sur le chemin d'une aspiration aussi cupide, y aura t-il seulement un lendemain qui en vaille la peine ?

Avec un pouvoir qui peut transpercer les ténèbres.
Quelque chose semblable à une ancienne magie.
J'ai rêvé de quand j'étais jeune.
Je voulais te rencontrer toi et ton sourire.
Ce que je tiens dans mes mains souillées.
C'est une vision faite de fleurs uniques.
Mes rêves, sont la seule chose pour laquelle je vis.
C'est un vœu qui bientôt se réveillera.
Mon cristal.

Un jour, tu souhaiteras aussi un grand pouvoir.
Pour le bien de quelqu'un d'autre ou seulement pour le tien.
Dans la nuit, lorsque ta volonté a capturée ton cœur,
Des mondes inconnus sont nés.

Si je peux avancer sans perdre ma voie.
Je me fiche de savoir si mon cœur sera brisé en milles morceaux.
Je veux un pouvoir.
Qui me laissera me battre.
Contre la tristesse qui se trouve à jamais devant mes yeux.

Tu es une mémoire qui continue de rêver.
Je suis le lendemain qui ne dort jamais.
J'avancerai pour atteindre.
Le miracle de nous deux, nous rencontrant enfin.
Ce que je tiens dans mes mains souillées
C'est une épée faite de fleurs uniques.
Mes sentiments sont la seule chose sur laquelle je me repose.
Un vœu que je brandis à travers mon âme.

Quand je me suis mis à aimer des histoires parlant de lieux étranges.
Illuminés par des soleils emprisonnés.
J'ai compris que les contes nous apprennent que les rêves peuvent devenir réels.
A travers l'ombre et la lumière.

Doucement, la magie de l'ancien temps.
Éclot sauvagement et en silence.
Elle me chuchote alors :
« Le pouvoir de changer le monde repose entre ses mains. »
Ayons un rêve sans fin
Un rêve que je traverserai avec toi.
Mes choix sont la seule chose pour laquelle je vis.
Ce qui créera ma vie
C'est ce vœu.
Je suis le catalyseur. »

Le chant. Une chose des plus simples, se résumant au simple frottement des cordes vocales de votre gorge. L’air est un transporteur, l’homme qui émet le son est un catalyseur. Ces deux éléments sont à eux seuls suffisant pour changer le monde. Vous n’avez qu’à leur offrir une matière à traiter. Si la plupart d’entre eux vous décevront en vous montrant le résultat, croyez bien qu’en cherchant encore et encore, vous finirez par trouver celui qui vous convient. Et vous découvrirez finalement… Celui que vous voulez devenir. Sybrater ou Homme ? Légende ou inconnu ? Vif ou mort ? Actif ou inapte ? Le choix sera à jamais votre. Car l’on ne peut forcer les gens à changer. La nature tend à l’équilibre quelque soit le monde. Seul un choix, une volonté inflexible vous permettra de contrer cette loi. En êtes-vous seulement capable ? Qu’en pensez-vous ? Posez-vous la question. Réfléchissez-y bien. C’est cela votre réponse ? Croyez vous vraiment qu’elle représente votre vérité ? Ne vous mentez pas. Vous êtes bien loin d’avoir compris. Aujourd’hui, observez là. Observez celle qui vous a surpassé. Car elle a finalement acceptée que son être ne fût rien d’autre qu’une construction pathétique. Un édifice si laid qu’elle ne pourra jamais l’accepter ainsi. Et c’est pourquoi aujourd’hui, la destruction a eut lieu. Mais n’ayez crainte. La renaissance est proche. Car notre plus grand ennemi est le néant.

Sous les yeux du quinquagénaire, un élément démontra sa volonté de se surpasser pour devenir quelqu’un en qui elle n’éprouverait plus de honte. Allant jusqu’à accepter et non pas détruire ce qu’elle avait rejetée depuis si longtemps, la masse noirâtre fut absorbée par sa créatrice, soutenue par son Kirlia et le Riolu. Enfin, le danger sembla passer. Le monde du cristal se changea de nouveau, faisant apparaitre un lieu accueillant, réchauffé par la flamme de la volonté de la nouvelle Sybrater des Emotions. Drew observa le résultat et prit une inspiration bienfaitrice lui permettant d’exprimer un sourire franc à la vue de ce nouveau paysage d’une beauté incomparable. Alors qu’une brise douce et fraîche se mit à souffler dans ses cheveux, le psychologue sortie une sucette au cola de sa poche, la déballa et la porta à sa bouche. Son visage s’emprunt de satisfaction lorsqu’il vit la première marche de la nouvelle vie de Kayline se former d’elle-même. Et c’est dans un dernier regard d’horizon de ce lieu, avec au centre sa créatrice, brillant tel un soleil, qu’il s’exclama sans retenue :

« Ça, c’est une âme. »

A genoux dans l’herbe, Kayline put voir les mains de ses deux compagnons se tendre vers elle. Mais l’une d’entre elles avait changée. Le Riolu n’était plus, laissant place à sa forme éveillée. Le symbole d’une force ayant parvenue à réaliser son souhait, son bonheur : faire renaître une âme perdue. Cette jeune créature avait autrefois espérée en secret aider son actuel maître. Mais celui-ci, trop aigri et amer, ne le laissa pas aller plus loin, l’empêchant de le soulager de sa souffrance. Pendant tout ce temps, il était resté avec lui, espérant un jour trouver une faille. Une faille qui ne vint jamais. Mais aujourd’hui l’attente fut terminée. Car il n’est guère qu’un seul homme qui souffre dans ce monde. Sa voix, transmise par télépathie se mit alors à résonner à travers tout le cristal.

*Peu importe la longueur du trajet, tant que nous sommes fiers de le parcourir ainsi. Car à la fin seul compte notre propre regard puisque nous ne sommes juges que de nous-mêmes.*

Une fois la jeune femme relevée, la créature rejoignit l’homme avec lequel il s’était lié. Ensemble, ils purent chacun observer le résultat de leur action. Sortant quelques secondes sa sucrerie de la bouche, l’humain lui dit alors :

« Sujet, verbe, complément. Tu fais des progrès dis moi. »

*Patience, compréhension, honnêteté. Tu t’arranges avec l’âge dis moi.*

Les deux compères s’assieds alors dans l’herbe, profitant du vent, de la lumière et de cette vue qu’ils ont créés, mais qu’ils n’auront pas l’occasion de revoir avant un moment…

Assied dans l’herbe, une pointe d’amertume saisis le professeur lorsque l’éclair blanc de la sortie du cristal leur permit à tous de se réveiller. Sagi et Drew se relevèrent, toisant l’élève et ses Pokémon du regard, du haut de leur promontoire. Il ne fallut pas longtemps à son Démolosse pour les repérer et crier avec ardeur. Une ardeur que sa dresseuse calma bien vite. La jeune fille aurait peut-être souhaité des explications, des précisions, mais pour le professeur, tout venait déjà d’être dit. La seule personne actuellement à la ramasse et qui avait le droit à une petite mise à jour, se trouvait être le Kirlia qui se retrouva bien vite face à sa maîtresse lorsqu’il sentit le changement du cristal intégré l’âme de celle avec qui il s’est lié. Le psychologue put bien vite voir ses réactions, sa surprise face à ce que ses dons de télépathe venaient de détecter. Il lui accorda donc le droit de savoir.

« Ne t’en fais pas. Tout va bien. Je viens de lui faire vivre un évènement éprouvant mais qui je l’espère, sera bénéfique. Soyez là pour elle toi et les autres comme vous l’avez toujours fait et tout ira bien. Restez ensemble et ne perdez jamais de vue votre objectif ni votre serment. Alors vous pourrez contempler le monde et comprendre ce que vous voulez y changer. Je compte sur toi Kayline, Sybrater des Emotions. »

Et c’est sous les rayons du soleil que la silhouette du psychologue et de sa créature évoluée s’effacèrent. Ensemble, ils se mirent à descendre la chaine de montagne sur le flanc opposé du volcan. Dans leurs yeux pouvaient se lire la satisfaction d’avoir enfin réussi à atteindre un objectif recherché depuis longtemps.

« Tu vois tu l’as enfin trouvé ta saloperie de bonheur. »

*Tu vois tu l’as enfin trouvé ton putain de Sybrater.*

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