C’était un jour tranquille où le rythme effréné de la vie à l’Académie Gakuen, que je m’efforçais d’adopter, s’effaçait, où le repos devenait possible. Le tempo ralenti de ces deux jours qui n’arrivaient que deux fois par semaine était apprécié de tous et chacun attendait ce ralentissement, cette pause. Ce jour-ci, celui qui mettait fin à ma première semaine au sein de cet établissement prestigieux, imposant et peut-être même déboussolant. Je ne commençais qu’à présent à m’habituer à ce nouveau mode de vie si accéléré, où il fallait donner le meilleur de soi-même, qu’importe que l’on ait confiance en soi ou non, il en était ainsi. S’améliorer, grandir, devenir quelqu’un ainsi était la devise de cette école et je m’efforçais de la suivre malgré mes doutes réticents qui, parfois, m’empêchait de respirer mais ce jour-là. Sous un doux soleil d’hiver, porté par un ciel pâle dépourvu de nuages, accompagné d’un air délaissé par la brise froide de cette saison glacée, nous avancions tous deux, guidés par cette route campagnarde, abandonnée de tous qui nous mèneraient là où le calme régnait en maître absolu. Le moteur ronronnait tandis que nous nous rapprochions de plus en plus de notre destination, Hoshi et moi, alors que le petit dragon était enroulé autour de mon cou. Je le sentais heureux, sans doute à cause de ce que nous avions prévu de faire en cette après-midi tendrement éclairé et réchauffé par l’astre solaire. La plage vide, oubliée par tous ces gens nous attendait alors que nous ne voulions plus attendre. J’avais entendu parler d’elle durant les cours, apprenant qu’en cette période de l’année elle se voyait pratiquement désertée, si ce n’était intégralement éjectée de la mémoire de ceux qui, pourtant, n’avait de cesse de la fréquenter durant la belle saison. Quel dommage.
Au bout de quelques minutes de routes supplémentaires, nous arrivâmes finalement puis je coupai le moteur, rétablissant la paix tant désirée. Par un bruit à l’exception des clapotis de l’eau, de la berceuse des vagues azurées qui déjà m’avait conquis malgré la barrière sonore que mon casque noir comme les ténèbres m’imposait. Rapidement, je m’en débarrassais, laissant tomber ma protection dans ce sable si clair et me rapprochai lentement de cette étendue aux couleurs bleues, comme si j’étais hypnotisé. Hoshi, quant à lui, se précipita vers l’eau qu’il convoitait. Je le vis plonger joyeusement, comme un enfant l’aurait fait devant un océan de bonbons, un paradis sucré. Tel qu’il était, il voulait tout simplement profiter, comme à son habitude. En l’espace de quelques secondes, il disparut sous les flots qui paraissaient abandonnés. Par le moindre signe de vie ne se dégageait de ce paysage linéaire, aux deux parties séparées par cette ligne d’horizon éternelle. Non, rien ne paraissait animé sous ces eaux intemporelles, apaisées. Je m’assis le sourire aux lèvres, le cœur en joie parmi ces grains fins qui, ensemble, formaient cette immense toile si belle aux nuances dispersées entre l’or, le blanc et le jaune. Tout était parfait, nous pouvions enfin souffler ne serait-ce qu’un seul et unique instant. Personne ne devait venir perturber ce repos si agréable. Nous devions juste être nous deux, personne d’autre. De temps à autres, le Minidraco que je connaissais depuis toujours remontais à la surface et me souriais, ne cessant de me dire à quel point il se sentait bien. Tout se passait si bien. J’attendis qu’il quitte encore une fois les profondeurs l’espace de quelques secondes afin de lui parler un petit peu. Je me levai donc et me rapprochais du bord de cette mer, étant juste assez éloigné afin que l’or bleu ne m’atteigne pas. Mon partenaire me vit et se rapprocha alors de moi, la joie dessinée sur le visage.
-Dis Hoshi, il y a du monde sous l’eau ? La mer paraît si calme, le questionnais-je.
-Il y a peut-être deux ou trois habitants par ici, dans la zone où j’nage mais pas grand monde. Pourquoi ?-Je me demandais simplement si des dragons aquatiques comme Hypotrempe étaient dans le coin.-Non, j’en ai pas vus.-Je vois. C’est pas aujourd’hui qu’on trouvera un nouveau partenaire alors, répondis-je.
-J’y retourne alors ! conclut-il avec le sourire.
Il se retourna puis s’enfonça encore une fois dans la pénombre aqueuse puis, subitement, des bulles se formèrent au sommet de cette surface jusqu’alors plate, trahissant une activité vivante derrière ce mur fait d’hydrogène et d’oxygène. Rapidement, mon ami revint à la surface et m’annonça, le défi ancré dans la voix qu’un Pokémon avait commencé à la défier. Son âme compétitive qui, depuis notre arrivée sur cette si vaste île avait été retenue, était à nouveau de la partie ! Hoshi souhaitait combattre cet adversaire qui, d’après la réaction de mon acolyte, devait se montrer bien puissant. Honnêtement, je redoutais cela. Je craignais, comme d’habitude, de ne pas être à la hauteur, de mal faire, d’échouer. Comme il est souvent dit, chassez le naturel et il reviendra au galop, anéantissant vos efforts pour changer à néant. Mais je n’avais pas le temps de me lamenter, il fallait se préparer à combattre. Notre premier affrontement sur cette île allait avoir lieu ici, alors que nous n’attendions que la paix et la solitude. Alors que mentalement je me plaignais, l’eau commença à s’agiter non loin de Hoshi. Des ondes firent trembler le miroir du ciel puis, subitement, violemment même, il jaillit des basfonds de la mer, ne me laissant pas le temps de réagir. Il était là, celui qui rendait impatient Hoshi. Il n’était autre que cet être, celui que tout le monde connaît. Il n’était que le célèbre…
Ainsi, c’était donc ce Magicarpe qui avait attaqué Hoshi ? Je n’en revenais pas. J’en restai bouche bée, ne sachant quoi faire, pris par surprise devant cette situation. Je restais immobile, ahuri, les yeux grands ouverts. Hoshi se retourna, me regarda avec détermination et me prévint alors qu’il ne fallait absolument pas se fier aux apparences et que notre adversaire du jour se voyait être bien plus costaud qu’il n’en avait l’air. Je me ressaisis alors, reprenant mes esprits en tentant d’oublier le fait qu’il s’agisse d’un simple Magicarpe. Il fallait passer à l’offensive et ça, cela me mettait quelque peu mal à l’aise en prenant en compte les remarques de mon coéquipier.
-Bien, Hoshi ! Utilise… Buée Noire ? Puis ensuite essaie d’attaquer avec ligotage ! Hoshi prit une grande inspiration puis, de tout son souffle, il expira puissamment un immense nuage aussi obscur que la nuit qui enveloppa rapidement tout le champ visuel de la carpe rouge. Sans attendre, le petit dragon bleu se précipita dans ce qu’il venait d’expirer, tentant ainsi de pouvoir frapper de plein fouet notre ennemi ! Lorsqu’il fut entré dans ce qui, de loin, s’apparentait à une chambre noire, je ne vis plus rien. Il me fallut attendre longuement que tout cela se dissipe pour voir que notre offensive avait fonctionné et, à présent, le poisson magique se voyait bel et bien ligoté par la longue queue de mon partenaire. Il était pris au piège.
-Hoshi, resserre ton étreinte, d’accord ?-Ça marche !Mais, au moment même où le Pokémon longtemps considéré comme légendaire tenta de frapper plus fort, la cible sembla brutalement se réveiller. Alors que quelques instants auparavant il semblait simplement barboter, voyait qu’il agissait comme un véritable combattant. Il nous avait bien eus, le fourbe. Il bondit incroyablement haut, atteignant une bonne hauteur de quelques deux mètres. L’attaque Rebond, voilà de quoi il s’agissait. Il monta vite dans les airs et ce, à ma grande surprise. Moi qui ne croyais ce Pokémon limiter aux attaques Charge, Fléau et la mythique Trempette, je m’étais trompé. Il maîtrisait quelque chose de bien plus puissant, voilà sans doute à quoi faisait allusion Hoshi qui ne savait, tout comme moi, quoi faire… Je ne fis rien et Hoshi continua de s’accrocher à l’ennemi. Et, comme n’importe quel professeur de physique l’enseignerait : « Ce qui monte redescend toujours ». Ce fut le cas. Le duo commença alors lentement de descendre des cieux. Il fallait faire quelque chose ! Je ne pouvais pas laisser les choses se passer comme ça. J’eus un déclic après de longues secondes d’hésitations.
-Détache-toi de lui Hoshi ! Utilise Ouragan !Il lâcha le Pokémon Eau et commença alors à utiliser sa capacité de type Dragon. Un début de vent commença à tourner autour d’Hoshi, début d’une tornade qui, malheureusement, ne connut pas de suite. Avant même d’avoir atteint la moitié de sa taille finale, l’ouragan s’effondra. L’attaque avait échoué et les deux combattants retombaient chacun de leur côté jusqu’à ce que le poisson ne tente d’utiliser Charge à l’encontre de mon binôme. Il le toucha et Hoshi ne fit qu’accélérer sa chute dans l’eau. Une petite vague se forma lorsqu’il s’enfonça dans le liquide indispensable à la vie. J’eus mal pour lui… Il fallait contrattaquer le plus rapidement possible. Mais comment ? Les attaques Ouragan et Dracosouffle n’étaient pas certaines d’êtres réussies, mais Charge ne pouvait en aucun cas atteindre le mythique Pokémon, non. Il fallait donc essayer, même si rien n’était sûr !
-Hoshi ! Utilise Ouragan encore une fois ! Fais du mieux que tu peux !Il resurgit alors de l’eau, un peu fatigué par l’affrontement mais il continuait de tenir bon. Le vent recommença alors à chanter, à siffler avec ardeur. L’eau commença alors à s’élever, à former une tornade d’environ un mètre et demi de haut qui fonça sur le Pokémon adverse. Il ne put réagir et fut aspiré par la force de rotation de notre offensive. Hoshi comprit que le combat était terminé lorsqu’il vit la Carpe Royale flottée au sol, inerte. Le courant le rapprocha de moi et j’attendis qu’il reprenne connaissance. Je tenais à lui parler. Il finit par se réveiller et, immédiatement, il dévoila son petit caractère.
-Vous m’avez battu ? C’est pas possible ! Comment c’est possible ? J’peux pas perdre ! grogna-t-il.
-On dirait que si, répliqua Hoshi malicieusement.
-T’as eu d’la chance ! Répondit amèrement le poisson après avoir asséné un coup de boule à mon allié.
-Calmez-vous, d’accord ? Je n’ai pas envie que vous vous battiez à nouveau, encore moins maintenant. J’ai quelque chose à te demander, Magicarpe.àTu parles toi, l’humain ? s’interrogea-t-il, surpris.
-Oui, je peux te comprendre, Magicarpe. Et l’humain s’appelle Maxime, Maxime Lewis… Mais c’est pas bien important. J’aimerais juste savoir si tu voulais rejoindre notre équipe. Je suis spécialisé dans les Pokémons Dragons et je sais que quand tu évolueras, tu pourras être considéré comme l’un d’entre eux. Enfin, pas totalement mais bon… Ce n’est pas le plus important. J’ai aussi remarqué que tu es quelqu’un de très fort et je suis persuadé qu’on pourrait faire du bon travail ensemble. Alors ? expliquai-je.
-Ouais, j’accepte. Mais comptes pas sur moi pour être un esclave, hein ! Et encore chance que t’aies remarqué mon potentiel, je suis un pro moi J’pense que d’faire équipe avec toi me permettra de progresser plus rapidement! grommela-t-il.
-Merci, FujimiJe mis en contact la balle avec son front écailleux et, en l’espace d’une seconde, il fut aspiré à l’intérieur de celle-ci. Je sentis l’objet vibrer dans ma main trois fois, puis elle s’immobilisa. Nous étions à présent trois.