Une belle soirée en compagnie d'un type feu... [PV Basile]

«Tu sais ? Peut-être qu'un jour tu retrouveras cette "chose", elle viendra de nouveau combler ce manque qui te trouble depuis tellement longtemps, je pense que c'est ce qu'il te faut, depuis ce fameux jour tragique, n'est-ce pas ?»

Les paroles de Kenshiro lui revenaient en tête. Il ne savait toujours pas à quoi il voulait faire allusion. Quand il avait demandé au Kirlia, il s'était contenté de quelque chose d'encore plus vague: «Tu sais très bien ce que c'est mais tu le refoule. Basile... regarde autour de toi, capture l'essence des individus qui t'entourent, les mots, les expressions, les sentiments. Tu trouveras la réponse j'en suis sûr parce que tu le mérites tout autant que n'importe qui.» avait-il dit de façon tout à fait sincère. Cette réponse... était-ce justement ce qu'il était venu chercher sur cette île ou bien cela n'avait rien à voir ?

Tandis que le Maganon s'interrogeait toujours plus sur lui et ce que lui avait expliqué son vieil ami, il cueillait des baies à la périphérie de la forêt. Il en avait cueillit une bonne dizaine mais n'avait même pas fais attention à quelles espèce de baie il avait eu à faire tellement sa concentration avait été interrompue par tous ces doutes qui l'encerclaient.

Le soleil se couchait et il pensait à se diriger vers la plage pour profiter au moins une fois du coucher de soleil sur ce bout de terre isolée. Etait-ce différent du crépuscule de carmin-sur-mer avec la lumière rougeâtre qui se reflétait sur les coques des bateaux ? Bien sûr à cet instant de la journée il y avait pas mal de curieux qui venaient assister au spectacle, soit seul, soit... en couple. Forcément pour une ville il était normal qu'un minimum de badauds fassent leur apparition et réservent une place. Le Maganon lui se mettait toujours à l'écart, au niveau de l'arène. Par moment Raichu faisait son apparition à ses côtés, sans que le Major Bob soit dans les parages, il affirmait que c'était parce qu'il lui faisait confiance qu'il le laissait vagabonder s'il le souhaitait. Cela était relativement normal, Raichu et Bob se connaissaient depuis tellement longtemps que la relation de confiance entre eux deux était très forte. Alors ils discutaient de tout et de rien, c'est d'ailleurs de cette façon que le Lieutenant en avais appris encore plus sur son supérieur que n'importe qui d'autre à la caserne aurait pu s'en vanter. Raichu ne pouvait s'empêcher de parler du passé, l'atrocité de la guerre et toutes ces choses abominables qui renforçaient encore plus les idées noires du Pokemon volcanique. A force il n'y avait plus beaucoup de place pour qu'il pense à des choses plus... belles et essentielles.

D'ailleurs il aurait bien aimé en voir des choses belles et essentielles, mais il n'en avait jamais été le témoin, ou alors il se contentait d'ignorer comme toujours, ignorer ses sentiments et continuer d'agir sous le contrôle incessant de sa hiérarchie, obéir à l'autorité, une autorité qu'il avait perdu en cours de route dans sa prime jeunesse et une autre, synthétique qu'il avait retrouvé il y a cinq ans, un choix mûrement réfléchit.

Il avait dû marcher pendant au moins une heure afin de parvenir à la plage et ce qu'il vit à son arrivée était formidable. C'était une récompense fièrement méritée. Le soleil rouge à l'horizon conférait une lueur orangé au ciel et les nuages semblaient tirer vers le rose. L'eau reflétait également ces rayons rouge. S'il était peintre il aurait immortalisé ce moment, mais comme il n'était pas peintre il allait se contenter de graver cet instant dans sa mémoire.

Il se rendit compte juste après qu'il n'était pas seul.

A mesure que l'intensité de la lumière faiblissait, une autre lueur avait attiré son attention. Celle-ci était bleu, c'était un groupe de feu follet, autour de qui ou de quoi ? Il n'aurait sut répondre, alors il s'approcha et il la vit. Son pelage blanc presque argenté, mais aussi bleuté, avec ces petites flammes bleues, le vent qui faisait ondulait sa toison resplendissante et ses neuf queues en rythme. Cette créature sublime était allongée sur la sable. Le Maganon, prit de curiosité, s'approcha alors un peu plus, ses pas sur le sable faisaient du bruit mais ne semblaient pas l'avoir alerté. Il se mit au même niveau qu'elle mais tout de même éloigné de quelque mètres pour respecter une zone privée. Il s'assit, puis regardait furtivement sur la droite pour voir de qui il s'agissait. C'était une Feunarde, et son visage était aussi enchanteur que tout le reste, un museau très mignon et des yeux pétillants.

Le militaire regarda de nouveau en face de lui puis il prenait du sable dans ses bras et le faisait retomber par terre, ceci à plusieurs reprises comme un passe-temps. Puis de temps en temps il zyeutait à droite pour l'observer "elle", car il avait du mal à détacher son regard. Pourquoi faisait-il cela ? Il ne s'était pas posé la question en premier lieu, mais finalement il se rendit compte que c'était parce qu'il la trouvait... belle. Par la même occasion il sentait son pouls s’accélérer. Pourquoi diable ?

Elle venait de s'approcher... et que fallait-il faire à présent ? Le Maganon n'en savait trop rien et il hésitait même à la regarder de nouveau. Devait-il engager la conversation ? Il aurait bien essayé mais il avait la gorge nouée. Ce n'est pas non plus comme s'il était quelqu'un de timide, non au contraire. Pourtant quelque chose le bloquait et il ne savait pas de quoi il s'agissait. Il interrompit son petit jeu avec le sable qu'il avait entreprit de façon inconsciente, quand il s'en rendit compte il trouva cet agissement plus que puéril et posa ses bras sur ses jambes.

Il tourna les yeux vers le côté, la tête ne suivait pas, ou du moins elle avait du mal à suivre. Il la sentait à présent tout prêt de lui, la chaleur qu'elle émanait, par moment une de ses queues qui venait l'effleurer. Son corps robuste fut surpris par ces caresses si brèves, c'était comme des chatouilles et Basile manqua de sursauter après une telle sensation. C'était un éclair voluptueux auquel il n'était pas habitué. Cela n'avait rien avoir avec tous les coups qu'il avait reçu, toutes les blessures. Toutes ces choses là il s'y était habitué et cela ne le surprenait plus. A contrario il y a cette douceur, étrangère devant laquelle on ne sait pas comment réagir. Fallait-il réagir d'une façon quelconque à ce genre de situation ou fallait-il rester naturel ?

Le silence fut rompu lorsqu'elle se présenta et qu'elle lui demanda son nom. Il se rendit compte tout d'abord qu'Elthyse était un nom très charmant, mais il garda cette pensée pour lui bien entendu. Finalement on ne lui laissait pas le choix, il devait forcément répondre. Cela avait toujours autant de mal à sortir même s'il savait ce qu'il devait répondre. Il déglutit.

- Ba... hum... je m'appelle Basile, enchanté.

Il n'avait toujours pas tourné la tête vers elle en ayant répondu. Erreur de sa part ou simple oubli ? En tout cas le ton de sa voix avait toujours cette touche solennelle dont il avait du mal à se détacher à cause de toutes ces années passées à l'armée: "Oui mon colonnel !" ... "Mission accomplie !"... etc.. etc. Ce timbre de voix il l'avait souvent, sauf quand il parlait à des petits comme Charmander ou Kipix, mais eux ce n'était pas pareil, il avait du s'adapter à cette jeunesse. Les notes agréables à l'oreille avaient ainsi disparues de sa voix, ajoutez à ça une voix assez grave et on se retrouve très loin de ce qui existe de suave.

Bon que faire d'autre...

Basile pensa qu'il était l'heure de manger. Elle était en train de manger des baies grillées tout à l'heure, cela lui avait ouvert l’appétit. Il fouilla dans une poche de son ceinturon et en sortit une baie. Quand elle fut à quelques millimètre de sa bouche, il s'arrêta net. Il venait de se rappeler qu'il n'était pas seul et qu'une charmante demoiselle lui tenait compagnie à présent. Il referma la bouche et observa la baie pecha pendant un moment. Puis il tourna la tête vers elle, au prix d'un effort surhum... hmm... un effort considérable*.

Il l'observait alors et il était comme figé. Ses yeux rouge était pétillant et son sourire rendait son visage si... si... si... comment dire...

*Wow...*

Voila tout à fait.

- Euh... j'ai cueilli des baies tout à l'heure dans la forêt. Voici une baie pecha, mais j'ai aussi une baie tamato - fit-il en fouillant frénétiquement pour y sortir toutes les baies qu'il possédait et les poser sur le sable - et quelques baies sitrus - il la regarda à nouveau droit dans les yeux - si... si tu veux...

Il déglutit de nouveau.

Elle avait accepté volontiers et avait mangé une baie. Cela lui avait fait plaisir en quelque sorte même s'il aurait voulu garder toute les baies pour plus tard dans son voyage, tant pis il fallait bien se montrer sympathique de temps en temps. Le soleil se couchait de plus en plus et les flammes du Maganon baissèrent également d'intensité, toutefois ils ne risquaient pas d'être dans le noir complet grâce à son corps enflammé.

Lorsqu'elle eut fini sa baie elle se prit d'intérêt pour quelque chose au niveau de l'océan, il n'avait aucune idée de ce dont il s'agissait mais elle trouvait cela joli alors pourquoi pas. Elle s'engagea dans l'eau sans aucune peur, ce qui l'impressionna. Après un petit moment à barboter elle sortit de l'eau. A présent que son pelage était mouillé, cela la rendait moins attirante à première vue, mais elle savait garder son chic naturel. Elle interpella Basile pour qu'il la rejoigne.

Bien sûr comment pouvait-il refuser l'appel d'une sirène ? Il s'approcha alors et se mit au bord, les vagues le traversèrent et de ses pieds apparurent un léger brouillard de vapeur en même temps que le bruit particulier du métal chauffé à blanc plongé dans de l'eau. Il s'approcha un peu plus et se mit en position assise, ne laissant que la poitrine et la tête hors de l'eau. Tout autour de lui se mit à bouillonner, la vapeur s'intensifia pendant un moment puis se fit moins présente également. L'eau autour de lui atteignit rapidement les 80° C, cela faisait un peu comme un jacuzzi. Il se sentait détendu. Tant qu'il restait assis sans trop s'immerger il ne risquait rien. Par contre il devait éviter de rester trop longtemps sinon il s'épuiserait petit à petit.

Soudain quelque chose lui piqua les narines, et la conséquence fut rapide, il éternua et quelques flammes sortirent en même temps.

- *snif* désolé, j'espère que je n'ai pas pris froid d'un coup. En tout cas c'est agréable. Tu n'as pas froid toi ?... Elthyse ?

D'un coup il ne pensait plus au reste. Il était avec cette charmante créature au sourire angélique et rien d'autre ne lui venait à l'esprit, c'est comme si le temps s'était arrêté.

Le Lieutenant frissonna puis ses flammes reprirent un peu plus de volume, ce qui le réconforta. Il avait sûrement attrapé un de ces sales microbes bien résistant à son corps pourtant si hostile aux micro-organismes. Il se doutait bien que ce qui lui démangeait les narines durant tout son voyage allait se manifester tôt ou tard mais pas à un moment aussi... enfin... non.. pourquoi devrait-il y avoir un moment précis pour éviter cela après tout ? C'est idiot d'y penser.

Elle s'était approchée de lui. Ses courbes étaient de nouveau appétissante et son pelage était redevenu resplendissant, miroitant l'éclairage argenté de l'astre lunaire, fatalement séduisant ce soir là. Une atmosphère douce qui se ressentait tandis que les feu-follet dansaient entre eux dans la nuit comme un couple de Muciole et de Lumivole qui dessinait dans le ciel avec leur lueur si chatoyante. Des reflets bleu qui venaient toucher avec grâce la précieuse silhouette de la feunarde, lui donnant par là même un air à la fois mystérieux et exotique. Ces jeux d'ombres et de lumière sur le corps de cette merveilleuse canidé qui se reflétaient dans les yeux toujours aussi peu expressifs du Maganon, donnaient pourtant à cette soirée quelque chose de magique.

Elle vint se blottir près du mâle, tandis que ses neuf queues se lovèrent autour de son grand corps robuste parcouru de flammes. Il sentait cette chaleur étrangère le parcourir, cette douce chaleur féminine le faire frissonner, ses neuf queues qui le caressaient de façon si délicate. Des caresses enivrantes qui au départ le faisaient frissonner puis devenaient au fur et à mesure si délicieuses et faisaient monter en lui une sensation qu'il n'avaient pratiquement jamais ressentie avant. Quelque chose de coupable, de difficilement avouable, mais qui était pourtant bien présent. Une sorte de plaisir qui ne cessait de monter, doucement mais toujours plus fort. Étrange sensation. Il sentait en même temps son pouls s'accélérer et il éprouvait une certaine gêne.

- Comme ça, tu n'as plus froid...

Cette phrase le fit perdre dans ses pensées, et la montée de plaisir qu'il avait alors jusque là, dégringola aussi net pour laisser place à un autre sentiment. La nostalgie.

*Heureusement que tu es là, merci de me réchauffer*

*Je serais toujours là pour toi tu le sais*

*Promet-le moi*

*Je te le promet !*

Le Maganon serra les dents, pris d'une angoisse, son passé le rattrapait et il avait l'impression qu'il ne pourrait jamais y échapper, jamais pouvoir passer à autre chose, jamais pouvoir vivre une vie heureuse, jamais... jamais... jamais pouvoir vivre avec quelqu'un... comme avant.

Il aurait presque oublié la présence d'Elthyse si elle ne lui avait pas parlé et proposé de venir... dans sa grotte ? Ah oui d'accord. Hé bien c'était si précipité... Mais oui pourquoi pas après tout, il avait besoin d'aller se réfugier quelque part. Il adorait s’abriter dans des grottes, ça le réconfortait. Il se leva alors pour la suivre. Sa façon élégante de marcher n'était pareil à nul autre et il savait bien qu'il avait là a faire à une créature qui aurait fait tomber la lune de jalousie. Une clarté naturelle dans ce monde de brute.

Le militaire n'y voyait pas beaucoup devant lui, alors pour éclairer sa charmante compagne en évitant de la perdre des yeux il décida de laisser embraser son bras gauche et d'en sortir une flamme par le bout du canon, comme une torche. Avec l'une des griffes de son bras droit, il en profita pour manipuler la flamme et ainsi dessiner une silhouette approximative de créature sur quatre pattes et plusieurs queues, mais l'instant était tellement éphémère que l'oeuvre en était abstraite. S'il n'avait pas eu devant lui une ravissante feunarde pour l'inciter à exprimer sa fibre artistique sur une torche, il se serait peut-être ennuyé. Elle l'inspirait déjà et c'était autre chose que de devoir penser à ce qu'il devait faire le lendemain.

Il l'avait suivie sans un mot. A vrai dire il était incapable de dire quoi que ce soit pour le moment. Il avait l'air hypnotisé.