Dans le Ciel [capture]

-Accroche-toi Maxime ! me dit-il, la joie dans la voix.
-D’accord, Hoshi ! répondis-je.
-C’est parti !

Alors, le grand dragon aux couleurs du ciel azuré se précipita vers la terre semblant si lointaine, plongea dans le vide bleu, mer aérienne et céleste. Au fil des secondes qui s’égrenaient dans la main pressée du temps, nous nous rapprochions inévitablement de ces montagnes blanches, royaume cotonneux dont les enfants rêvaient par le passé puis, fruit logique de cette soudaine accélération, nous traversâmes ces nuages si épais, nous enfonçant dans un monde pâle, onirique. Dans les hauteurs, attaché à son chaud cou écailleux, je me sentais léger comme les palais fictifs qui nous entouraient, libre comme le vent qui soufflait, frappait tendrement mon visage sur lequel un simple plaisir inéluctable devait se lire. Je ressentais son sang traverser ses veines, sa respiration s’accélérer de par son bonheur, le plaisir qu’il éprouvait à errer dans les cieux déserts et sereins, calme plat. Depuis sa métamorphose, il n’avait pas changé, tout du moins pas à l’intérieur. Il était resté le même, celui que comptait profiter pleinement de la vie qui lui avait été donnée, celui qui ne comptait pas souffrir inévitablement à cause du regard des autres, celui qui désirait simplement être heureux et rendre heureux, celui qui faisait ce qui était en son pouvoir afin de rendre ses souhaits réalités. Non, cela ne faisait aucun doute, en dépit des apparences, il était resté le même bon vivant. Je resserrai mon étreinte, faisait d’une simple pression m’assurant de ne pas chuter un câlin, un acte d’affection sans la moindre contrefaçon. Je ne saurais comment l’expliquer, mais à cet instant je le sentis réagir sans pour autant voir son visage. Pourtant, il n’avait pas bougé, il n’avait pas parlé mais j’étais persuadé d’avoir ressenti les mêmes sensations que lui à cette occasion-ci. Symbiose, synchronisation ? Sans doute était cela, la symbolique du lien si particulier qui nous unissait. Sans prévenir, sachant que mon étau sur lui m’empêcherait de chuter, il remonta subitement, s’élevant alors encore plus haut qu’auparavant. Nous perçâmes à nouveau ces immenses bulles douces comme le satin qui semblaient interminables, s’étendant à ce qui me paraissait l’infinité, l’éternité. Un frisson nommé adrénaline me parcourut, glaça mon sang l’espace d’un instant avant de s’atténuer et devenir une certaine forme de plaisir, une excitation liée aux sensations fortes comme celle-ci. Je murmurai à son oreille, me penchant plus près de son crâne, que j’adorais ces moments haut perchés avec lui. Il me répondit que lui aussi. Il continua donc de planer dans ce paradis silencieux qui m’amusait tant, me faisait me sentir oiseau ou Icare que le soleil ne tuerait pas. J’avais cette si délicate impression que rien ne pouvait venir à bout de mon ami, mon allié de toujours depuis quelques déjà longues années communes.
Nous passâmes encore deux heures paisibles avant de commencer à redescendre peu à peu, désirant retrouver le sol et plus nous descendions, plus le chant de la vie, qu’elle soit ailée ou terrestre, se faisait entendre. Les cris mélodieux des Pokémons volants nous retrouvaient tandis qu’en dessous de mon cœur apaisé, bon nombre de mammifères qu’ils soient gigantesques à la manière de Goliath ou frêles comme David s’afféraient à survivre au pied des gargantuesques monts et merveilles rocheux qui se dressaient là, invincibles, immobiles et imposantes. Je repensai vaguement à ma rencontre avec Hayate, qui avait eu lieu en ces lieux anciens et durs, forts comme la pierre qui les formaient. Tandis que Hoshi se concentrait sur sa trajectoire aérée, je regardais les flancs bruns, solides de Dame Nature et les observaient attentivement, à la recherche d’un éventuel Dragon désirant, peut-être, rejoindre notre équipe. Je savais pourtant très bien que nos chances n’étaient que minimes, mais cela ne m’importait que peu. Je rêvais allègrement, l’esprit fantaisiste en-dessous des nuages que nous avions traversés, arpentés auparavant. Puis, mes yeux s’ouvrirent grand lorsque je le vis, là-bas, près du sommet de la tour naturelle. Rapidement, je levai la voix, incrédule.

-Hoshi, regarde, dis-je. Il y a un dragon là-bas, un peu en dessous de nous.
-Oui, je le vois, répondit-il après avoir baissé la tête quelques instants.
-Tu penses qu’on peut aller le rencontrer ?
-Pas de soucis ! s’exclama-t-il.

Le serpent des airs se dirigea alors subitement là-où cette vision inespérée se trouvait, bel et bien réelle. Fait de chair et d’os, cet être reptilien semblait puissant. Il en imposait, c’était indéniable. Un vrai guerrier à la carapace carmine et bleu, aux crocs acérés, aux griffes tranchantes. Des pics sanguins recouvraient le dos de son corps, tandis que des ailes dentelées de la même teinte ornaient sa colonne vertébrale d’une parure digne des plus grands. Un véritable Drakkarmin, me dis-je tout en descendant de mon acolyte, fidèle destrier d’un jour que je n’espérais pas le dernier. Je m’approchais de lui, doucement juste avant qu’il ne se retourne brusquement, les enflammés par une étincelle de combativité jamais vue auparavant. Hoshi comprit ainsi rapidement de quoi il en retournait et se prépara à combattre avec ardeur, comme toujours. Je les sentais tous deux heureux, impatients d’en découdre l’un avec l’autre. Une certaine tension, une électricité mouvante, traversant le sang de l’un avant de faire bouillonner celui de l’autre, se trouvait dans l’air chaud de cet été. Les hostilités commencèrent et, rapidement, une attaque Exploforce fut lancée. Hoshi l’esquiva sans que je n’aie à lui demander, sachant comment se passait de tels affrontements. J’ordonnai une attaque reflet, encerclant ainsi parfaitement notre adversaire qui, selon sa propre volonté, avait lancé le combat. Une dizaine de Draco entourait le Drakkarmin qui ne savait plus lequel n’était pas un reflet, perdu par la rapidité des gestes. Une attaque Ouragan fut lancée à ma demande, donnant ainsi naissance à une impressionnante tornade, bien plus dévastatrice que celle du passé, rapidement oubliée. Le Pokémon Caverne ne parvint pas à échapper à notre offensive. Toutefois, il répliqua rapidement par un puissant Lance-Flamme réduisant en cendres chaque clone, blessant l’originel.

-Hoshi, ça va ? Essaie d’utiliser Laser Glace !

Il prit une grande inspiration, soufflant péniblement après le douloureux et brûlant impact qu’il venait de subir. Il ouvrit grand la gueule, puis une aura bleutée commença à se former devant ces crocs, avant de former une sphère d’énergie froide, voire glaciale. Un rayon partit alors de cette source, se dirigeant vers ce combattant coriace qui, lui, préparait déjà la riposte, chargeant son poing de particules électriques. Il plaça son poing là où la froideur allait frapper, opposant alors l’hydrogène gelé au courant électrique. La confrontation était serrée, à tel point que les deux puissances s’annulèrent. Ce n’était que l’espace d’un court moment, éphémère. Il repartit à la charge, pattes munis d’une puissante capacité nommé Dracogriffe.

-Utilise Queue de Fer pour le bloquer, Hoshi !

Son appendice s’illumina, puis se changea en métal afin de bloquer le coup puissant qu’il aurait dû recevoir. Mais Drakkarmin ne comptait s’arrêter là, non. Il attaqua avec son autre arme tranchante, répétant la même manœuvre. Je n’eus qu’un seul réflexe, tenter quelque chose. Il fallait profiter de la proximité de la queue du Draco que j’appréciais tant.

-Hydroqueue maintenant !

De l’eau s’enroula autour de son long corps agile avant de s’abattre sur les écailles plus foncées de l’adverse, réduisant à néant sa tentative pourtant acharnée. Ce schéma de dégâts reçus puis infligés se répéta durant une longue heure, à l’issue de laquelle nous parvînmes à convaincre de rejoindre notre équipe celui qui répondait au nom de Kenta.