Sujet: Rien ne peut m'arrêter maintenant [ SOLO ] Mer 31 Juil - 14:40
Une brise glaciale éveilla brusquement l’esprit de la professeur. Aldercy aperçu un écran rougeâtre assombrir son champ de vision lorsqu’elle ouvrit les yeux. Elle pouvait sentir une petite bruine se déposer sur ses épaules découvertes et s’infiltrer dans ce qu’elle sentit vite être des blessures sur son corps. Elle tenta de se redresser d’un cran, et constata qu’elle se trouvait sur la fin d’un terrain en forte pente. Une terre humide s’infiltra rapidement entre ses doigts pendant qu’elle exerçait difficilement une pression pour se lever sur ses genoux. La professeur secoua sa tête pour tenter de rétablir plus rapidement son champ de vision souillé par la matière sanguine s’étant déposée dans ses yeux. Elle se tâta la tête, repérant la blessure responsable de ce déversement de liquide vital. Merde. Tout ce dont elle n’avait pas besoin dans l’état actuel des choses, c’était une commotion cérébrale. Se posant droite sur ses genoux, encore confuse, elle regarda autour d’elle pour cerner plus en détail où elle se trouvait. Des conifères à perte de vue. Une barrière de sécurité délimitant un chemin un peu plus haut. Tentant de se poser sur ses genoux, elle sentit une gêne présente dans son autre bras.
Elle constata un peu tard la présence d’un objet ovoïde, qu’elle prit immédiatement dans ses bras. D’abord surprise, puis terrorisée à l’idée que cet objet soit abîmé, elle en inspecta toute la surface. L’oeuf, brunâtre, ne portait aucune marque de coup ou la moindre trace d’égratignure. Aldercy poussa un bref soupir de soulagement.
Un bruit sourd suivi d’une explosion de lumière sembla forcer le retour de ses souvenirs troubles des dernières heures. Elle leva ses yeux pour y voir de grands éclats rougeâtre danser vers la barrière du sentier. Boom ne répondait à aucun de ses appels, son coeur se serrait. Aussitôt, elle se leva avec l’oeuf, et se hâta de trouver une issue, un moyen de remonter de la pente dont elle venait de chuter. Ses souvenirs semblaient déjà retrouver une suite logique, elle tâcha de reconstruire les derniers morceaux manquant tout en courant dans la bruine montagneuse.
Depuis quelques temps, Aldercy avait vu Boom accumuler plusieurs ouvrages sur son bureau, au point de dépasser la maigre limite virtuelle séparant son espace de travail du sien. Elle avait allouée le tiers de sa surface au pokémon Spectre, pour qu’il puisse s’adonner «corps et âme» à ses recherches personnelles. Voilà quelques jours seulement qu’elle avait remarqué l’étrange attitude de son compagnon de route. Souvent fixé sur le dossier d’Aldercy, observant son travail, il avait finit par monopoliser la lumière de Farazen pour ses propres lectures.
« Alder’, je repense au passé. » Avait-il annoncé simplement de vive voix un bon matin.
L’attention de son auditoire fut toute tournée vers lui. Fybriss avait cessé de faire mine de noyer Pillow dans sa bassine d’eau privée, Carina cessait d’émettre le moindre son aux côtés de Farazen. Curieux, ils attendaient une explication de Boom, qui d’habitude, ne s’autorisait jamais à parler tout haut comme ça.
« Quand Farazen est allé chercher Carina l’autre fois. Tu as parlé d’un appel. »
Hochement de tête. Attentive mais prudente, Aldercy avait légèrement pivoté de sa chaise, pour lui permettre de voir les pokémon de sa case dans son champ de vision. Boom agitait doucement ses mains, cherchant ses mots.
« Cet appel... M’a fait pensé au jour où ... Où j’ai perdu Maeth. »
Les petits pokémon se regardèrent, curieux. Aldercy imposa d’un signe de main le calme avant qu’il ne dérive en un brouhaha agaçant.
« Maeth. Il a mangé quelqu’un d’important, à la personne qui était... Mon compagnon de route. Son nom... »
Il ferma les yeux fortement, comme s’il reçevait - ou se souvenait ? une vieille brûlure mentale ou physique. Les deux, sûrement. Il semblait mimer des lettres, ou des caractères étranges du bout de ses doigts pointus.
« Atsuko. »
Il ouvrit doucement les yeux, et observa ce qui l’entourait, visiblement surpris. Farazen s’approcha doucement vers lui, tapota doucement son enveloppe spectrale. Boom se tourna vivement vers lui, puis retrouva contenance. Aldercy, pour sa part, restait muette. Immobile sur sa chaise, une main calée contre le menton, elle finit par lui demander :
« Bon, et on la trouve où, cette Atsuko ? » Ils se préparèrent, filèrent aussitôt à la ville à la recherche d’information. Laissant Fybriss s’occuper de Carina et Pillow, Aldercy leur confia leur case en n’emportant avec elle que les formes humaines de Farazen et Boom. Un aller en bus, et ils atterrirent devant la bibliothèque municipale. Boom ne cessait de leur expliquer que c’était des souvenirs jusque là cloîtrés dans un coin de son esprit, et qu’il y avait bien une raison pour qu’ils y soient restés jusque là. Il sentait déjà filer entre ses doigts fantomatique les instants d’innocences, le calme qu’il avait établit dans sa vie et celle d’Aldercy après être partis de Lavanville. Une angoisse familière lui serra le coeur. Des souvenirs plus précis s’imposaient dans son esprit. Des images d’une prêtresse, ou d’un groupe de jeune femme. Des faits d’armes méprisables. Il tâcha de se calmer, avant de se perdre dans le gouffre centenaire représentant sa mémoire. Ils parcoururent immédiatement les pages des registres de passages internationaux. Ils n’étaient pas directement rattachés à Sinnoh, et n’avaient qu’un maigre exemplaire des noms de groupe ou de personnalité notable à s’être déplacées dans la région. Silencieux, Boom et Farazen surmontaient les épaules d’Aldercy, tournant doucement les pages du manuel d’archive. Comment trouver un groupe de prêtresse de Kanto dans un ouvrage de Sinnoh, région bien plus éloignée que leurs terres natales ? La professeur pouvait entendre marmonner Boom à chaque mot, chaque page parcourue attirant son attention. Maigres prières, ou malédiction, elle ne savait pas faire la différence tellement le flux de syllabe était rapide et imprécis. Farazen avait finit par se poser sur un tabouret, somnolent. Il n’avait pas la même endurance que Boom, et il y avait trop peu de gens autour pour extraire le moindre flux vital lui permettant d’être plus performant. Il tint bon, et finit par succomber à une de ses premières siestes humaines. Boom, constatant sa veille, profita pour glisser à Aldercy :
« Maeth. Il avait mangé un pokémon à Atsuko. Il l’avait dévoré, déchiqueté, avalé tout rond. C’est comme ça qu’on s’est rencontré, elle et moi. »
Curieuse, la professeur cessa de tourner les pages un bref instant.
« C’était un Magirêve, j’en mettrais mon bras à couper. Maeth l’avait pris pour une menace, et n’en a fait qu’une bouchée. Je ... Je l’ai arrêté, rattrapé dans sa ball avant qu’il ne fasse de même à Atsuko. Tuer une prêtresse, c’était bien la dernière des sottises à faire. »
Reprenant ses recherches, Boom lui confia qu’il avait toujours été effrayé par ce genre de personne. Les prêtresses. Pouvoir mystiques, divins, qu’elles pouvaient abattre sur ce que bon leur semblait.
« Il devait y avoir d’autres groupe comme le sien. Si on trouve ses semblables dans la région, on pourrait peut-être réussir à créer des liens jusqu’à Kanto. Et peut-être avoir des éléments de réponse concernant ce qu’elle est devenue. »
Ce qu’elle était devenue. C’était bien ce qui tracassait Boom. Son esprit morcelé n’avait pas encore fait la jonction jusqu’à sa scellé dans la tour de Lavanville. Il n’avait pas la moindre idée de ce qui était advenu de son ancienne compagne de route. Un document roula soudainement à leurs yeux, attachés à une page collée à une autre. Le papier déroula plusieurs noms de jeunes femmes, dont un qui accrocha les yeux du spectre.
ATSUKO 温子 // HOSHIGAMI // 星上
« La voilà. » Dirent Aldercy et Boom de concert, raisonnant mutuellement dans leurs esprits.
Oui, c’était bien elle. Elle frôla les caractères du nom du bout des doigts, curieuse. C’était le nom de la personne qui accompagnait Boom dans son ancienne vie. Et peut-être, très certainement plutôt, le nom de la personne qu’elle voyait parfois veiller sur eux. Une question se posait dans son esprit : Pourquoi ce nom réapparaissait maintenant ?
Repartant de la bibliothèque avec Boom à ses côtés et Farazen sur ses épaules, Aldercy s’escrimait à se souvenir en détail du portrait de la personne qui l’avait accueillit à son réveil, suite à l’intrusion de Boom dans son esprit, plus jeune. Une belle prêtresse souriante.
Une fine pluie commença à couvrir les vitres du bus. Assis à l’arrière, Aldercy tenait fortement le bras de Boom entre ses mains. Il avait commencé à se sentir mal dès le début du trajet, et voilà que son état s’aggravait de plus en plus vite. Farazen, posé sur le siège en face, sortit aussitôt de son état sommeil, alerté par le son de voix étouffé de sa dresseuse. Le jeune spectre, alerté par l’état de son aîné, commença à lui tapoter les genoux pour attirer son attention. Rien ne semblait tirer Boom de sa torpeur. Machinalement, il commença à se frotter les yeux, sentant des paquets de fatigue sous ses doigts. Il avait déjà vu certains humains faire ça à la suite d’une sieste, il comprenait maintenant la raison du geste. Il observait Boom. Légèrement replié sur lui même, un bras tenu par Aldercy, l’autre semblait retenir sa tête, comme si elle devenait trop lourde pour son corps. Ses yeux ne réagissait plus convenablement au monde qui l’entourait : il les voyait s’agiter pour rien, suivre des objets invisible, s’ouvrir, se fermer, comme si une partie de son esprit revivait d’anciens souvenirs.
Wade avait finit sa course dans un temple abandonné. Sans même vérifier s’il était déjà habité par une quelconque entité humaine ou pokémon, il s’y infiltra en traversant littéralement un des panneaux coulissant en bois sec. Voilà une bonne chose de faite qui risquait d’aggraver ses blessures, déjà découverte du vêtement en toile noir qu’il portait. Il s’était déjà forcé à se couvrir de bandage pour tenir le coup, mais sa limite venait de tomber comme son corps sur le vieux tatamis défoncé dans la salle dont il venait de faire irruption. Maeth le suivit aussitôt à travers le panneau défoncé, paniqué. Le Spectrum balança les morceaux s’étant réfugié sur son camarade, le prit sous les bras pour le traîner contre un des murs les plus solides. Aussitôt, il déchira les parties les plus abîmées du tissu, pour commencer à les nettoyer proprement avec le maigre contenu de la trousse de secours qu’ils s’étaient constitués. Commençant à perdre patience, il sortit une grosse Pokéball de la poche de son maître, pour faire apparaître un petit Natu. Ce dernier voyant l’état alarmant de son dresseur, s’affaira à aider le Spectrum de toutes ses petites forces d’oiseaux, à découper les bandes de tissus pour les placer aux endroits critiques.
Pendant que l’oiseau prenait le pas sur le spectre dans le soin de son maître, Maeth en profita pour faire un tour dans le domaine. Passant de salle en salle, il constata que tout avait été pillé : il ne restait plus le moindre objet de valeur, même le petit autel avait été dépouillé de ses bougies. Une moue de dégoût s’afficha sur son visage. Il s’empressa d’ouvrir les tiroirs sous l’autel, et ne trouva qu’un fond de chandelle et une demi douzaine d’allumettes. Son regard s’attarda sur un récipient, au sommet de l’autel, dont la bougie avait été complètement consumée. Il la déplaça, changea le récipient pour poser le morceau de chandelle épargné, et l’allumer aussitôt. Il revint vers son dresseur pour signaler au Natu qu’ils n’étaient pas seuls.
Maeth aperçu le regard perçant d’un pokémon contre eux. Il laissa l’oiseau continuer sa besogne, traquant la source de ces yeux lumineux. Le spectre ne tarda pas à repérer la silhouette d’un Noctali se faufilant entre les débris, passant par une trappe sous-terre. Il fit de même, manquant de lui mordre une patte au passage. Persuadé que ça serait son seul échec, il ne s’attendait pas à tomber sur un comité d’accueil. Surpris par une attaque Feuille Magik, il alerta aussitôt l’oiseau du danger habitant les bas fonds de la ruine. Sans savoir si son message était passé, il se retourna pour faire face au pokémon responsable de cette attaque lâche. Un Magirêve se tenant proche d’un Noctali, menaçant d’une nouvelle attaque. Maeth n’attendit aucun ordre pour attaquer : Il se jeta sur le Magirêve, bouche grande ouverte, surprenant ce dernier et son compatriote. Aggripant la tête de ses dents, il la déchiqueta hors de son attache spectrale, qui perdit soudainement toute contenance. Voyant le reste du corps tenter de se reformer, il se hâta d’en finir, gobant les derniers morceaux frétillant du fantôme sous les yeux terrorisés du Noctali. Le gosier rempli, il mastiqua sauvagement, avant d’avaler tout rond les derniers restes du spectre.
Un cri féminin l’alerta, et le stoppa net dans son approche vers le Noctali, prêt à n’en faire qu’une bouchée. Il se recula même, surpris de s’être fait arrêté de manière si barbare. Se dessina au fond du sous-sol une silhouette d’un autre pokémon, accompagné d’une jeune femme. Habillée en prêtresse. L’esprit de Maeth ne fit qu’un tour : il s’élança pour aller l’attaquer de front, avant de se faire arrêter de la manière la plus médiocre qu’il soit pour un pokémon spectre.
Wade venait de bondir hors du passage et tacla sans un son Maeth, qui se vautra sur le sol en poussant un bref cri, rapidement étouffé par le sol terreux. Natu bondit sur ses pattes entre plusieurs planches brisées par l’arriver de son dresseur, avant d’atterrir sur le haut de la tête de son camarade spectre. Le mot « Assassin » semblait raisonner dans la pièce, avant de se taire lorsque Wade releva la tête vers la prêtresse. Une jeune femme aux longs cheveux pourpre, une frange impeccable, cernant de grands yeux ambres. Des égratignures ruinaient son joli visage, Wade se rendit vite compte qu’ils n’étaient pas dans un état si différent, elle et lui. Il tâchait de faire abstraction du choc apparent sur le visage de la prêtresse. Maeth venait d’exécuter ce qui semblait être son Magirêve. Il se releva doucement, son pokémon faisant de même, accroché à son bras. Le Natu s’était posé sur son épaule, fixant la prêtresse, et ses multiples blessures. Le désigné assassin et son dresseur levèrent doucement les bras, comme signe de... «Paix».
« ... Nous sommes manifestement partis sur une très mauvaise base tous les deux. »
Elle lui lança un regard mauvais. C’était incontestable. Le pokémon à ses côtés s’avérait être un Lybegon, qui vint se placer dans ses bras, rapidement rejoint par le Noctali.
« Je suis Wade, Wade Nerat. Vous êtes ? »
Son interlocutrice réprima un rictus. Ses yeux ambres venaient transpercer Wade de toute part, il se sentait soudainement faible face à cette arme fatale.
« ... Pas disposée à vous faire la conversation, suite à ce que votre pokémon vient de nous faire subir. - Je peux vous expliquer,disait-il en baissant graduellement les bras avec Maeth.Nous avons atterris en ce lieu pour échapper à ... - ... Un contre-temps dans une de nos missions, acheva Maeth. - Et en plus, il parle. » Grogna la prêtresse, se redressant difficilement.
Soutenue par son Lybegon, elle tentait de maintenir une certaine posture droite. Wade remarqua alors de nombreuses blessures, ayant ruinés la couleur bleue du hakama qu’elle portait, celui-ci tournant à un sombre violet.
« On fait un marché. Vous ne pourrez pas refuser, de toute façon, ou je vous fais exécuter dès la prochaine ville atteinte. »
Un marché vraisemblablement impossible à refuser, raisonna Maeth dans l’esprit de Wade, approuvant doucement.
« Vous êtes une équipe mercenaire, pas vrai ?( Il hoche la tête. )Bien, et vous êtes encore sous contrat, j’imagine pour s’occuper de ce qui vous poursuit actuellement ? ( Nouveau hochement de tête. ) Vous êtes vraiment très nuls.( Faible mouvement de menton. )Bon, écoutez-moi bien. Anheart ne méritait pas de se faire tuer par des salopards de votre espèce, mais j'ai pitié de vous. »
Maeth et Wade se regardèrent, passablement inquiet. Natu restait fixé sur la prêtresse, tournant légèrement la tête de côté. S’il avait eut une bouche, un sourire s’y serait dessiné.
« Vous constituerez ma garde personnelle et ma stricte propriété lorsque je vous aurai débarrassée de ce qui nous encombre depuis tout à l’heure. Prenez ça comme un engagement à longue durée. Il vaudra jusqu’à ce que la... Mort nous sépare, comme certains disent. »
Suite à cette référence qui ne se voulait pas du tout rassurante, l’esprit de Wade sembla perdre le peu de sens commun qu’il avait réussi à construire ses dernières années. La bouche figée en une protestation qui n’était finalement pas sortie, Maeth lui poussa légèrement les joues en tentant de le faire repartir, tout en demandant :
« Et quel est donc le nom de notre nouvelle patronne ? - Atsuko Hoshigami, descendante Hoshikami. Prêtresse appartenant à la seconde section sécurité de Kanto, basée à la Cité Mauve. - Ah non on va pas là bas ! » S’exclama alors Wade, pris d’une soudaine panique.
Maeth vint serrer la main de la prêtresse, tête légèrement penchée vers le bas. Scandalisé, Wade ne put lui sauter à la tête comme précédemment, soudainement alerté par des bruits aux étages supérieurs.
« Marché conclu ? - Marché conclu. Vous devenez à ce jour mon second maître, et ... Le premier de mon dresseur. Je serais ravi de revoir la Cité Mauve, nous y sommes originaires. - Eh bien fantastique. Nerat, bouge toi, on a du travail à faire, autant honorer ton dernier contrat avec un minimum de tenue.( Plus bas, à Maeth : ) C’était quoi la récompense ? - Dix milles sous, il me semble. - Fantastique, jvais pouvoir réparer le toit de mon temple avec ça ! - Dites c’est MON contrat, Maeth tu reviens ici tout de suite ! »
Il se redressa, et s’apprêta à sauter sur Maeth et Atsuko. Il fut soudainement happé par une lumière aveuglante, et une forte pression s’exerça sur sa poitrine. Il sentait son corps s’élever rapidement, trop rapidement pour que son corps ne tienne la charge. Et lorsqu’il s’apprêta à se fermer au monde, il rouvrit soudainement les yeux.
« Boom ? Boom tu m’entends ? »
Une voix familière raisonna dans son esprit. Il émergea non sans mal, soutenu par une présence proche. Ouvrant les yeux grand, il aperçu qu’ils étaient sous un abri de bus, couvert d’une pluie battante. Regardant l’heure, il se rendit compte que l’après midi était déjà bien avancée. Les nuages cachaient le ciel, les lampadaires commençaient à s’allumer. On se croirait déjà le soir. Aldercy se trouvait à ses côtés, et venait de relâcher son bras. Son expression était un mélange de colère et de soulagement. Farazen, redevenu Funécir, était posté sur ses genoux.
* Ravi de te revoir, tu nous as fait peur à t’évanouir comme ça. Elle est très fachée. * Souligna t-il à son aîné, s’apprêtant à prendre la parole. Le pokémon bougie sauta de ses jambes à celles de sa dresseuses, qui détourna aussitôt son attention vers lui. Elle commença à tripoter la cire le constituant, comme si elle tentait de redresser sa frange semi-liquide.
« Le prochain bus est dans une heure, c’est le dernier. Si on le loupe, on rentre à pieds à l’académie. »
L’idée ne les enchantait pas pour un rond. Dépendant entièrement de ce transport, il était impossible de faire autrement s’ils avaient un contre temps. L’homme fantôme se redressa sur son assise, scrutant l’horizon. Clignant des yeux, il commença à fixer un point précis dans la montagne. Mettant sa confusion de côté et ses questions dans un coin de son esprit, Aldercy tenta de percevoir ce que Boom avait repéré. Plissant légèrement les yeux, une aura commença à danser dans ses iris.
« Un mouvement inhabituel d’esprit dans les parages. - De quel genre ? - Pokémon. »
Il se leva aussitôt, manquant de faire sursauter Farazen, qui vint trouver refuge sur les épaules de sa dresseuse.
« L’appel, c’était ça. Un flux contre-nature. Je dois aller voir exactement ce qu’il en est. »
Aussitôt dit, il s’élança en une course rapide à travers la route, sous la pluie, pour atteindre les petits chemins de montagne en périphérique de l’asphalte. S’exclamant, Aldercy ravala aussitôt ses cris avant de se mettre à sa poursuite. S’il y avait bien quelque chose à éviter, c’était de perdre Boom dans la montagne. Et accessoirement, de s’y perdre soit-même. Farazen protégeait sa flamme avec un des rubans de la professeur, ne souhaitant pas qu’une once de pluie porte atteinte à son intégrité. Il essayait, au rythme de la course des deux humains, de se concentrer sur l’environnement. Il n’arrivait pas à capter la moindre essence de pokémon plus ils s’enfonçaient dans des coins inaccessibles, ce qui était tout à fait anormal vu le temps qu’il faisait. Pas la moindre présence sous une souche d’arbre, ou sous un amas de pierre qu’ils dépassaient rapidement. Et ce n’était pas leurs pas les responsables de cette absence. Tentant d’avertir Aldercy, ils furent frappés par la soudaine présence d’une cabane de fortune se profilant hors de tout sentier carrossable. Une vive lumière éclairait un filet de pluie qui commençait à faiblir. La porte venait d’être vraisemblablement défoncée.
Aldercy ralentit sa course. Un pressentiment pris son coeur d’assaut. Une impression de déjà vu sauta dans sa mémoire. Cette sensation, était-ce seulement la sienne, ou celle de Boom, trop puissante et débordant sur son propre esprit ? Cette pression dans sa poitrine l’obligea bien vite à avancer en marchant. Elle tenta de se calmer plus rapidement, et retrouva une respiration relativement normale en continuant sa route. Commençant à se tenir la tête, elle sentait une colère étrange grimper dans son mental. Incontestablement, l’origine n’était autre que l’esprit de Boom. Arrivant devant la maison, elle ouvrit la porte s’étant rabattue par le vent. Les planches de cette dernière avait pliées vers la serrure, caractéristique d’un coup de pied bien placé pour défoncer un potentiel verrou se trouvant de l’autre côté. Vu la force déployée, c’était signé Boom. Secouant la tête d’un coup sec, elle tenta de chasser son lien pour avoir les idées plus claires, puis entra dans la maisonnette.
C’était une terrible idée. Elle arriva dans une unique pièce principale où une seule table occupait l’espace. De petits crânes y étaient déposés soigneusement, certains plus sale que d’autres. Aldercy savait leur origine. Et d’un coup, comprenait pourquoi Boom avait été alerté particulièrement par cette poche d’esprit. Un sac de toile reposait vers un pied de table. Elle l’ouvrit doucement, pour le fermer aussitôt. Prenant ensuite Farazen dans ses bras, surpris par son comportement, elle lui dit :
« Surtout ne pense pas à ce que tu as pu apercevoir dedans. Compris ? »
Faible mouvement de tête. Sa flamme vacilla. Aldercy sut aussitôt que lui aussi, savait. Au moins, il n’avait pas vu ce que ça représentait. De petits corps d’Osselait dépourvu de crâne avait été entreposés dans le sac, destiné vraisemblablement à finir carbonisés elle ne savait où pour masquer les preuves. Ils venaient sûrement de tomber sur un checkpoint de la team Rocket, dans leur trafic particulier qu’ils s’adonnaient à obtenir certains produits de luxe de la pire manière qu’il soit. Aldercy n’avait pas repéré le moindre insigne Rocket, aussi se disait-elle que les responsables devaient être des indépendants de la région.
« Quoi de mieux qu’un espace isolé pour cacher ce genre d’horreur... » Murmura t-elle à Farazen, fourré dans ses rubans.
Une drôle de pensée traversa le Funécir : S’ils avaient amenés Pillow, il en aurait oublié toute capacité à voler pour plusieurs mois, tellement il aurait été choqué. D’un autre côté, il préférait qu’il en soit ainsi : Imaginer Carina en larmes, c’était bien le dernier truc qu’il aurait souhaité voir. Fybriss, lui, aurait sûrement déployé sa rage avant de se planquer dans un coin pour consommer sa tristesse et sa colère tout seul, à pleurer. La flamme du Funécir vibra doucement. Quelle bonne idée ce fut, de laisser ces trois là à la maison. Il n’aurait pas supporté l’idée qu’ils portent ce mal sans savoir s’en dépêtrer. Aldercy cessa de chercher une trace de l’identité du coupable lorsqu’elle entendit des coups dehors. Elle leva soudainement les yeux jusqu’à la porte arrière de la maisonnette, entre-ouverte. Elle sentit un étrange vide dans son esprit, soudainement débarrassée de la colère du spectre.
Elle fit irruption hors de la maison, pour tomber sur une scène qu’une part de son esprit n’aurait jamais souhaité voir. Boom surplombait de toute sa puissance un pauvre homme, main levée, tenant un oeuf pokémon de l’autre. Visiblement, si le fantôme n’avait pas achevé cet être, c’était à cause du bien qu’il tenait. Le temps sembla se figer autour d’Aldercy. Une bruine épaisse commença à saturer l’air qu’elle respirait.
C’était exactement ce qu’ils craignaient. Que ce moment arrive un jour dans leur vie. Cette vie si calme qu’ils avaient réussis à monter, à eux deux seuls. Ils avaient croisés des compagnons de route, et les avaient accueillit dans leur monde. Dans leur petite case, représentant cette chambre à Gakuen. Un éclat sembla apparaître sur ces souvenirs si doux les représentant tous.
* And when the day arrives*
Elle avança d’un pas. Le criminel sembla soudainement attiré par sa présence : il esquissa un sourire provoquant envers Boom. Il savait qu’il ne ferait rien devant elle.
* I'll become the sky *
Une solution traversa son esprit. Une solution complètement dingue. Elle déposa Farazen sur le sol, lui mandatant de veiller sur Boom.
* And I'll become the sea *
Son esprit ne tournait plus rond. Le monde venait de ralentir à son échelle seulement. Une chansonnette qui ne lui appartenait pas tournait dans son esprit.
* And the sea will come to kiss me *
Le pokémon bougie, surpris, la vit s’élancer contre le duo. Captant une présence étrangère, il se retourna.
* For I am going... *
Une grande prêtresse se tenait à la place d’Aldercy, observant la scène se dérouler. Elle semblait marmoner non pas une prière, mais une étrange chanson.
* ... Home *
Une puissance gronda dans son petit corps, tandis qu’il voyait sa dresseuse saisir l’oeuf, et se faire éjecter hors du chemin, disparaissant dans la pente en contre bas, un bref bruit étouffé raisonnant dans leurs oreilles.
* Nothing can stop me now *
Remontant la pente un peu plus loin, elle se hâta de rejoindre ceux qu’elle avait laissé plus tôt. Sa vision était brouillée, elle manquait de tomber à la moindre inattention de la part de ses jambes. Elle serrait fort l’oeuf dans ses bras, se laissant guider inlassablement vers la position de formes humaines devant elle. Sa voix ne voulant sortir du fond de sa gorge, elle se hâta de rejoindre leur position. Aldercy aperçu bien vite Boom, pied posé sur le corps du contrebandier, étalé au sol.
* Si tu me cherches, je suis ici. *
Elle fit volte face, pour découvrir un Mélancolux flottant sinistrement derrière eux. Se reculant doucement, elle heurta le dos de Wade, légèrement courbée vers l’avant. Sa respiration faisait trembler le corps de la professeur.
Aldercy se permit un coup d’oeil au sol. Elle ne voyait aucune trace de vie restante dans le criminel, étalé grotesquement au sol. Elle se détacha du dos de son camarade, recouvrant ses esprits. Une maigre odeur de brûlée emplissait ses narines. C’était donc bien Farazen qui les observait de là haut. Il avait donc tenté de le stopper, malgré tout ?
* Le traqueur d’Osselait rôdait dans les environs depuis quelques mois dans la région. L’esprit qui vous protège a sûrement dut flairer cet œuf, et a tenté de vous mener ici pour l’épargner de la boucherie à laquelle il était destiné. *
Machinalement, Aldercy serra l’ovoïde dans ses bras. Elle détacha ses longs rubans et commença à l’enrouler dedans, afin de le protéger de la bruine s’épaississant.
* Je propose de rentrer immédiatement à l’académie. Karsdeen, tu risques d’attraper mal. *
Mais le mal était déjà fait.
La présence humaine de Boom grésilla à vue d’oeil, pour finalement reprendre celle coutumière du pokémon Spectre. Et, étrangement, disparaître en un unique item, qui tomba subitement hors de portée. Aldercy le réceptionna aussitôt avant qu’il n’atteigne la terre.
* Il a déjà choisi sa pénitence, il semblerait. Rentrons, nous n’avons plus rien à faire ici. *
Elle observa avec attention l’objet en lequel s’était transformé son compagnon. Une pierre toute ronde aux lueurs violettes dansant dans son iris. Mais étrangement, elle n’arrivait pas à hurler, à crier ou émettre le moindre son. Au bout d’un moment, elle fini par un ordre à Farazen.
« ... Fait disparaître le corps. Et la maison. Tout ne doit être... Qu’un tas de cendre, d’ici quelques instants. Compris, Farazen ? »
Hochement de tête du pokémon. Elle commença à se mettre en route en suivant le tracé du large sentier, tandis qu’un bruit de crépitement montait dans ses oreilles. Une douce odeur de bois calciné ne tarda pas à emplir ses narines, mêlée à celle plus particulière de la chaire calcinée. Une vingtaine de minute plus tard, Farazen la rejoint, déjà bien avancée dans son trajet. Ils retournèrent vers l’arrêt de bus, constatèrent sans surprise que le dernier étant passé depuis déjà vingts minutes.
Retourner à l’académie à pied n’allait pas être de tout repos. Le Mélancolux reprit alors forme humaine, sentant faiblir sa dresseuse. Il rangea l’item dans lequel était enfermé Boom dans une des poches d’Aldercy, et la souleva sur ses épaules. Elle perdit rapidement conscience, tandis qu’elle se sentait transportée par son pokémon, en direction du campus.