Jeu de l'ombre et de la lumière: Une soirée romantique loin de toute source d'ennuis [ Pv Séléna]

Ah... L'époque de l'année tant attendue avait commencé depuis peu. Ce n'était que maintenant que cet spectacle où beauté et ruse faisaient la paire allait être intensifié. L'accouplement des Lumineon était quelque chose à ne pas rater. Rarement, ils se montraient durant cette période de l'année mais, ayant étudié leurs parcours migratoires et autres autour d'Edenia, j'avais trouvé l'endroit parfait pour cet événement, l'endroit où il allait avoir lieu.  

Depuis que j'avais eu cette idée, je n'avais cessé de penser à mon petit rayon de soleil. Je devais le lui montrer or, j'étais sur que cela allait plaire. Aujourd'hui, j'avais entraîné distraitement mes pokémons, ils savaient que la petite virée nocturne était prévue et eux aussi avaient hâte d'y être. Au début, j'avais pensé à envoyer un message directement à son pokématos, mais... cela doit paraître étrange que votre professeur -sans connaître votre numéro- vous contacte en vous donnant rendez vous le soir...

Quoi qu'il soit, cela pouvait donner la même impression, que ce soit un mot quelque ou par le biais d'un pokémon messager... Néanmoins, je tenais absolument à ce qu'elle soit là, ce soir. J'ai opté pour lui laisser un mot dans casier, apporté Ea, qui savait où est-ce qu'il était :

« Chère Séléna,

Cela fait un bon moment que l'on ne s'est pas revus pour maintes raisons. J'aurais aimé te contacter avant mais je n'avais pas trouvé l'occasion pour le faire. J'aimerais que l'on se voit ce soir, si tu n'as rien de prévu, bien entendu. J'ai quelque chose à te montrer qui risque de beaucoup te plaire. Je passerais te chercher vers 21h, j'attendrais dans la cour, près du portail de l'académie.  Si tu ne peux pas venir ou si tu ne veux pas le faire, je comprendrais. Je te remercie quand même de m'avoir accordé un peu de temps.

Cordialement,

Alvaro E. Rosenwald.

NB : Si possible, j'aimerais que cela reste entre nous, d'accord ? A très bientôt. »

Lors que mon pokémon revint, après avoir déposé ladite note dans le casier de Séléna, mon impatience et ma nervosité a été transmise à mes compagnons.  Eux aussi, ils voulaient la revoir, Fenrir notamment, puisqu'il savait que Diva était sûrement partante pour venir si sa coordinatrice le faisait. Je voulais lui montrer non seulement  l'accouplement des lumineons, mais aussi mes nouveaux compagnons et surtout, prendre des nouvelles d'elle.

La journée s'était passée sans encombres, du moins pour moi. Pendant un combat mené durant le troisième cours de la journée, Otto a évolué à octillery. Bien entendu, le  petit malin de dresseur qui se la jouait dans mon cours a regretté son geste. Il ne comprenait pas mes principes et les règles du combat alors, une fois « vaincu », il a poussé le bouchon, il a triché, il a voulu continuer, abusant de sa pseudo-force dont il semblait aussi fier jusqu'à ce que Leïa lui coupe l'envie de continuer. Il était parti avant même de finir la première heure de cours et il n'était pas venu à la dernière... Tant pis pour lui, cela fait un emmerdeur en moins.

Vous savez... je n'ai pas franchement de patience en fin de journée pour ce genre d’imprévus. J'ai eu du temps pour aller à ma chambre, me doucher et me préparer avant d'aller attendre cette petite coordinatrice à chevelure bleutée. Je dois avouer que j'étais très en avance, il n'était que vingt heures et  quelques quand je m'y suis rendu. Hors de leurs pokéballs, Fenrir, Ea et Pacifica, qui avait choisi mon épaule comme perchoir.

Il ne restait plus qu'à attendre...

HRP:

Je n'ai pas beaucoup attendu à ce que mon petit rayon de soleil apparaisse. Le temps s'était rapidement écoulé et, une demi-heure n'était rien, surtout pour elle. À l'heure à accordée, alors, je la vis arriver. Elle portait des ballerines assorties avec une petite robe d'un bleu électrique avec un ruban noir et un peu de dentelle au niveau du décolleté. Elle lui allait à ravir.

Séléna était accompagnée de son kaïminus, de son roigada ainsi que de... sa feunarde ? Fenrir fut le première à reconnaître cette merveilleuse créature, ce qui me mit la puce à l'oreille : Diva avait sûrement évolué et elle était resplendissante, comme sa dresseuse. Mon elecsprint me regard comme s'il cherchait mon approbation, je lui fis un petit juste un sourire : il savait qu'il était libre de se mouvoir et de faire ce qu'il voulait tant que cela ne le nuisait ni lui, ni moi.

_ Bonsoir monsieur Rosenwald. me salua-t-elle, toujours aussi poliment que d'habitude.

La jeune coordinatrice s'inclina aussi, d'ailleurs. Elle avait l'air d'une petite princesse, une petite sirène tout droit sortie de l'océan et, sincèrement, j'avais peur qu'elle s’évanouisse avant que la soirée n'ait pu finir, comme dans le conte. Diva s'assit près d'elle semblant quelque peu nerveuse ou du moins, perturbée. Fenrir lui, il l'observait, comme d'habitude, il la regardait. Il la trouvait encore plus belle qu'avant, sans doutes, puisque je le connaissais bien. Il ne montrait pas toujours ses émotions, mais son regard en disait long.  

_ J'ai bien reçu votre mots, cela à attisée ma curiosité mais d'abords, ôtez moi d'un doute... S'il vous plait.poursuivit-elle après s'être redressée. Elle fit une courte pause, laissant sa phrase suspens avant d'oser me poser cette question qui lui brûlait les lèvres :  Ce... Ce n'est pas une nouvelle heure de colle ? N'est-ce pas ? me demanda-t-elle.

Alors, comme ça... Pensait-elle vraiment qu'il pouvait -éventuellement- s'agir d'une retenue ? Mon message a dû la surprendre, que ce soit dans le bon ou dans le mauvais sens. Je lui rendis la révérence après qu'elle ait finit de parler afin de ne pas l'interrompre -pure politesse-. Fenrir en fit de mêmes, s'inclinant face à la majestueuse fennec.

_ Nous sommes en dehors des horaires scolaires, Séléna. Tu peux me tutoyer librement puisque j'ai cru comprendre que tu n'osais pas te montrer familière -envers moi- face aux autres. commençais-je afin d'essayer de détendre un peu l’atmosphère. Je me redressais alors, avant de poursuivre mon discours:Ensuite, pour répondre à ta question, non, il ne s'agit pas d'une heure de colle. Je m'excuse si mon message t'a fait « peur ». lui répondis-je en passant une main dans mes cheveux.

J'étais un peu gêné en fait, je ne voulais pas qu'elle pense à ce genre de choses. Puis... Elle n'avait rien fait. Comment pouvait-elle croire cela ? Contrairement à moi, Fenrir semblait très à l'aise. Il s'était approché un peu de Diva et lui avait donné un petit coup de museau afin de la flatter pour sa nouvelle apparence. C'est beau l'amour, n'est-ce pas ?

_ Qu'est-ce qui te fait penser cela, Séléna ? Il s'agit juste d'une petite sortie nocturne. D'ailleurs, permets-moi de te dire que tu es sublime, cette robe te va à merveilles. Et mes félicitations pour l’évolution de Diva, elle est encore plus belle qu'avant. N'est-ce pas, Fenrir ? Tu fais un excellent travail auprès de tes compagnons. ajoutais-je en lui adressant un petit sourire.

Fenrir ne fit que confirmer mes dires, rougissant légèrement avant de détourner le regard. Qu'il était fier, celui-là. Bref. Afin de ne pas nous éterniser dans la sinistre cour de l'académie, je sortis alors l'honor ball de Titania avant de la libérer puisqu'elle était la seule à pouvoir nous mener là où je voulais.

_Je crois que tu ne connais pas encore cette géante métallique. Elle s'appelle Titania. Peut-être que tu l'avais déjà aperçue sur le yacht, lors du voyage scolaire à Ekhyarën. Elle va nous offrir une petite virée aérienne jusqu'à l'endroit où se trouve ce que je veux te montrer. expliquais-je en m’éloignant un peu de mon accompagnatrice et de ses pokémons. Ensuite, je tendis une main vers ma chère élève, l'invitant à la prendre afin de pouvoir l'aider à grimper sur mon airmure. Me feriez-vous l'honneur, princesse? terminais-je en prenant on ton un peu théâtral.

Je voulais l'amuser, la faire sourire et la détendre. Puis, de plus, elle méritait d'être traitée comme une vraie petite princesse, du moins, selon moi. À cette heure, je suis bien plus osé que durant la journée, vous savez...

Par ailleurs, Fenrir s’éloigna de Diva aussi, sautant sur Titania, incitant Diva à faire des mêmes. Il s'assit fièrement sur sa coéquipière, attendant à ce que sa bien aimée veuille bien le suivre. L'avantage d'avoir un pokémon très âgé c'est qu'il est bien plus grand que les autres individus de son espèce. Titania dépassait les deux mètres vingt et pouvait transporter beaucoup de poids.

Elle me remercia...

Elle sourit...

Elle semblait heureuse.

Jamais je n'aurais souhaité quoi que ce soit de plus. Elle accepta ma proposition tout en saisissant ma main, acceptant mon aide afin de pouvoir grimper sur mon airmure. Diva s'installa à l'arrière, avec Fenrir, là où il savait qu'ils ne risquaient pas de glisser, lors du décollage.

D'habitude, Titania était assez brusque. Néanmoins, aujourd'hui, elle décolla en toute douceur. Séléna resta blottie contre moi tout le long du trajet. Le fait de la voir aussi épanouie, aussi détendue malgré tout, me rassurait énormément. J'aurais pu avoir l'air idiot à sourire constamment, mais, je ne pouvais m’empêcher de faire. Cette fille était un vrai petit rayon de soleil. Je gardais un bras autour de sa taille, afin qu'elle ne glisse pendant le trajet puisque Titania volait assez vite sans pour autant le faire à sa vitesse maximale. Je ne pourrais jamais faire des trajets avec cette petite princesse à une telle vitesse par peur qu'il ne lui arrive quelque chose.

Au fur et à mesure que nous nous rapprochions du nord de l'île, parmi toute la noirceur nocturne, nous pouvions apercevoir des centaines de lumières, des papillons luminescents qui dansaient dans ces eaux profondes et sombres. La houle venait doucement bercer et accompagner la danse nuptiale des lumineons. Visiblement, j'avais bien fait de l'inviter pour qu'elle puisse voir cela, puisqu'elle en sembla complètement charmée.

_ Magnifique... souffla-t-elle en contemplant cette subtile parade.Comment font-ils ? Je veux dire, il y a tellement de Luminéon, comment savent-ils que ça sera lui ou elle ?  me demanda-t-elle sans en détourner le regard.

Je me suis uniquement contenté de sourire, laissant un petit suspens, le temps que Titania se pose sur la plage et que Séléna puisse finir son discours. Elle retira doucement ses souliers, j'en fis de mêmes une fois sur le sable.

Toutefois, à peine j'eus finit de les retirer, cette jeune coordinatrice m’entraîna avec elle, me prenant par la main afin de nous rapprocher de l'eau. Quant au petit couple pokémon, autant Fenrir comme Diva restèrent loin de l'eau, sur le sable. Ce fut un choix judicieux, il faut dire !

_ J'en avais déjà entendu parler, mais je pensais pas pouvoir le voir un jour. ajouta-t-elle, le regard perdu dans l'océan.

Elle ne semblait quitter des yeux le tourbillon luminescent qui étoilait ces sombres eaux. Les vagues venaient effleurer nos pieds, ce qui ne semblait pas lui déplaire. C'était le moment parfait pour répondre à sa question.

_Les Lumineon sont les pokémons plus fidèles qui soient. Tout comme les Luvdisc, ils n'ont qu'un seul partenaire, un compagnon à vie. Toute fois, contrairement à eux, ils doivent se séparer, souvent, puisqu'ils ne se voient généralement que lors de la période d'accouplement et durant les jours qui suivent, jusqu'à ce que la femelle a pondu les œufs. Ensuite, il n'y a que celui qui vit plus près de lu lieu de parade qui reste pour protéger les œufs jusqu'à ce qu'ils éclosent. L'autre disparaît jusqu'à la prochaine période de reproduction. lui expliquais-je en regardant certains couples qui commençaient à se former, s’éloignant du reste. Ils reconnaissent leurs partenaires pour leur façon de danser, leur façon de briller puisqu'ils paradent rien que pour se retrouver. Néanmoins, les plus jeunes, ceux qui viennent d’évoluer, par exemple, ne font que s'exhiber pour attirer un partenaire qui l’apprécie... Parfois, même, des Ecayons se mêlent à cette danse, mais c'est rare. continuas-je avant de faire une courte pause, pensant aux cas où les deux partenaires ne pourraient jamais se retrouver... Malheureuse, il arrive parfois qu'un des deux partenaires perde la vie et que l'autre doive trouver quelqu'un, un nouveau compagnon. Ils passent généralement des années dans la solitude avant d'opter pour se rendre une nouvelle fois au lieu de parade. terminais-je en serrant un peu plus la main de Séléna.

Tous ces pokémons n'avaient pas la chance de rester avec un seul partenaire pour toute leur vie... C'était une réalité cruelle, mais inévitable. Par chance ou par malheur, le monde ne cessait de tourner, leur vie continuait, même si pendant un temps, tout semble s'arrêter. Pas tout le monde arrive à poursuivre son chemin sans un être aussi cher... Et moi... Saurais-je capable de vivre si je perdais à nouveau ce qui m'est le plus cher ?

On dit que ce qui ne tue, nous rend plus fort. Néanmoins, si ce n'est la peine ou la douleur qui finissent par nous achever, ce sera la solitude qui le fera... Il n'y a rien de pire pour lasser l'âme et le corps jusqu'au point que l'on ait envie de briser notre propre sablier. Je n'ose même envisager la possibilité de perdre une nouvelle fois ma raison d'être.

En retour, je sentis alors ma main être serrée par celle de mon accompagnante. Séléna cherchait sans doutes à me rassurer, à me réconforter... Elle répondit qu'elle comprenait, or, après tout, elle avait aussi vécu un événement similaire. Je savais qu'elle était orpheline et, peut être n'aurais-je pas dû joindre mes pensées à mon discours, tantôt, puisque je n'avais pas eu pour but de lui remémorer des mauvais passages de sa vie.

Suite à ces mots, elle lâcha doucement ma main avant de s'asseoir au bord de l'eau, attirant ses genoux contre sa poitrine. Elle regardait paisiblement la parade des luminéons, semblant pensive. Quant à moi, je décidais de rester debout, un instant de plus, sans pour autant bouger d'où j'étais. J'avais détourné mon attention de cette danse luminescente, observant discrètement -et du coin de l'œil- mon élève.

_J'espère que tous, vont trouver quelqu'un alors ce soir... Parce que... C'est trop triste d'être seul. J'essaye d'être là pour tout mes amis, pour mes pokémons aussi... Parce que je sais que c'est dur d'être tout seul dans ce vaste monde, surtout quand il y a des épreuves.  m'expliqua-t-elle par la suite. Sans sa voix, je décelais une once de compassion : elle semblait avoir compris les plus sombres pensées suite auxquelles j'avais prononcé mon discours. Bien sur que c'est normal de se retrouver seul de temps en temps... Mais pas trop longtemps alors, sinon... C'est triste.  précisa-t-elle en me regardant.

Elle m'ouvrait son cœur... Elle avait le don de parler aussi sincèrement, que j'arrivais à me sentir coupable, parfois, puisque je ne pouvais pas tout lui dire, même si je lui faisais confiance... D'ailleurs, j'avais une confiance aveugle en elle, qu'elle le sache ou pas. Rien qu'entendre sa voix réchauffait mon cœur, me faisant chavirer et parfois douter de moi-même : Suis-je assez bien pour elle ?

_Plus j'y pense... Plus je me dis, que je n'ai plus envie de faire coordinatrice... Mais, biologiste marin pokémon. Comme ça, si je vois des Luminéons tout seul, je pourrais les guider ! Je serais sur un bateau, je plongerais dans cet univers si vaste et si beau, j'étudierais, je comprendrais... Mais, ça me fais un peu peur aussi, l'océan c'est justement trop vaste, même si je serais avec mon équipe pokémon...  me confia-t-elle avant de détourner le regard vers l'eau d'une vague, dans laquelle elle trempa l'une de ses mains.

Sincèrement, je n'aurais jamais cru qu'une telle idée pourrait affluer dans l'esprit de cette jeune femme. Elle était passionnée des pokémons aquatiques, tout comme moi. Néanmoins, bien qu'elle serait suffisamment intelligente et persévérante pour arriver à ses fins -quelles qu'elles soient-, je trouvais cela dangereux, pour elle... Ou bien, est-ce que je m'inquiétais trop à son égard ? Empêchais-je son épanouissement... ?

_ Et puis, j'ai peur de décevoir mon oncle qui me voyait déjà coordinatrice... Il va vraiment s'inquiéter pour moi si je décide de partir seule, c'est que je suis vraiment maladroite et malchanceuse vous le savez bien ! Alors, moi, seule en mer ? Personne ne me laisserait faire...  poursuivit-elle et, quelque part, en entendant ces mots, j'en fus soulagé.

D'un côté, j'étais flatté de savoir qu'elle aussi me faisait autant confiance, au point de me parler de quelque chose d'aussi intime. D'un autre... Certes, ce n'était pas mauvais, d'avoir des projets d'avenir, mais effectivement, je n'aurais osé la laisser seule sur un bateau, perdu au milieu de nulle part... J'aurais été capable de la suivre, de la surveiller, mais aurais-je été capable de la protéger comme il se doit ?

_Quitter l'école, ce cocon qu'est Gakuen, pour prendre un appartement en ville, toute seule sans autres élèves autours, ça va faire étrange... Et trouver de quoi réaliser ce rêve. Mais bon, peut-être que je fabule un peu... J'ai pas les moyens de mener de tel recherche et de vivre seule pour le moment... Alors... Alors... ajouta-t-elle, semblant toujours réfléchir à cette éventualité, sans pour autant arriver à la concevoir comme une véritable voie. Elle tourna une nouvelle fois sa tête vers moi, souriante, malgré tout ce qu'elle venait de dire -et de penser, sans doutes-. Ensuite, elle s'adressa à moi une nouvelle fois, achevant ainsi son discours: Tu en penses quoi ?

Après si longtemps, elle avait enfin eu le courage de me tutoyer. Je lui souris puis m'accroupis, laissant traîner la queue de ma veste sur le sable. Son regard cristallin et limpide portait son attention sur moi. Qu'en pensais-je, vis à vis  de son nouveau projet ? Je plongeais un instant mes yeux dans les siens, avant de fermer les paupières, restant un peu pensif, aussi.

_Tu sais, Séléna... Réaliser un rêve tout seul n'a jamais été une chose facile. Toutefois, il faut que tu ais la foi de suivre le chemin que tu préfères. Si tes proches t'aiment vraiment, ils l'accepteront et feront de leur mieux pour t'aider. D'un côté... lui répondis-je en premier, faisant une courte pause.

Je voulais la rassurer car, selon moi, son oncle ne serait pas aussi déçu qu'elle le pense. Je ne le connais pas, mais, les rares fois qu'elle a parlé de lui, j'ai senti qu'il n'était pas une mauvaise personne. Il devait adorer sa nièce et s'il l'aimait, il comprendrait ces choix, et la soutiendrait tout comme moi je tente de faire.

_ D'un côté, même si tu es une jeune adulte, ce travail est assez dangereux et je ne pense pas que tu doives te hâter dans tes conclusions, sincèrement. Tu peux parfaitement continuer tes cours à Gakuen, cela te permettrait de garder un peu d'argent de côté. Par ailleurs, si tu es vraiment intéressée, tu peux aussi participer à des cours destinés aux chercheurs et aux observateurs, par exemple. continuais-je gribouillant un peu sur le sable à l'aide d'une brindille qui se trouvait à portée de main.

Je voulais lui faire comprendre que rien ne l’empêchait de faire les deux, être coordinatrice et biologiste marine, si c'était ce qu'elle désirait. Pendant que je lui parlais et que je réfléchissais à mon discours, j'esquissais le portrait d'un aquali. J'ignore pourquoi, d'ailleurs... Peut être que Séléna me faisait penser à ce pokémon... Elle était douce, chétive mais forte en soi.

_D'un autre côté, tu n'as pas besoin d'avoir peur. Il est normal d'être un peu déboussolée lorsque l'on songe à prendre un nouveau chemin. Les détours volontaires ne sont pas mauvais, sache le. Puis, tel que tu me vois, tu le sais... Je suis chercheur mais des études annexes m'ont permit d'être professeur d'Arts et coordinateur, dans mes heures perdues. Une passion peut vite nous conduire là où on souhaite. ajoutais-je avant de regarder Séléna du coin de l'œil, optant pour poser ma main libre sur sa tête, l'attirant contre moi afin de la réconforter. Ensuite, je l'ai posé ma tête contre la sienne, souriant tendrement : Quoi qu'il en soit et à risque de radoter, tu ne décevras personne tant que tu seras heureuse et fière de tes choix. Crois-moi. Aies un peu plus de confiance en toi-même, Séléna. De plus et si tu veux, je t'aiderais. Je peux te donner des cours particuliers dans ce genre de domaines ou bien, te mettre en contact avec certains de mes collègues.

Mon discours me sembla aussi naturel que normal, du moins, vis à vis quelqu'un qui nous importe, qui nous est cher. J'eus même l'impression de n'avoir assez de mots à lui accorder, je pensais ne pas en avoir assez dit et pourtant, il fit son effet chez elle...

Je serais capable de faire tout et n'importe quoi, pour elle, rien que pour elle. Son magnifique regard azuré s'illumina, elle sembla même avoir le souffle court ; elle me regardait, le visage tourné vers le mien. Je dus me faire violence afin de ne pas gâcher cet instant : j'avais tellement envie de lui montrer ce que je ressentais, mon cœur le criait, le réclamait... Je la désirais...

Ma petite Séléna...

Si elle savait à quel point je l'aimais...

_ Alvaro... murmura-t-elle avant de venir caresser mon visage.

Sa main était humide, fraîche mais tellement douce. Elle avait été en train de jouer avec l'eau, peu avant, y trempant sa main. Ô combien j'avais envié l'océan. Quelques gouttes iodées glissèrent sur mon visage, puis sur mon cou, venant échouer sur le col de ma chemise. Néanmoins, mon regard ne pouvait quitter les deux aigues-marines que cette coordinatrice avait pour prunelles.

Ce ne fut que peu après, qu'elle bondit sur moi, me faisant basculer sur le sable. Ensuite, elle enfouit son visage contre ma chemise, m'enlaçant fortement mais tendrement. Je ne sus y résister, je la lui rendis, avec la même douceur qu'elle y avait déposé. J'ignorais combien de temps j'allais pouvoir tenir. J'avais conscience du respect et de l'affection qu'elle me portait mais... Suis-je égoïste en espérant, non, en désirant davantage ? Si c'est le cas, peu m'importe. Alors, je le serais et fier, qui plus est.

_Merci... Merci infiniment pour... Tes conseils, ta présence... me dit-elle alors qu'un de ses magnifiques sourires étirait ses lèvres. Merci aussi pour ma première heure de retenu.

C'est presque ironique...
Cet élément que j'aimais autant et qui pourtant avait tenté de m'emporter quand j'étais enfant, m'avait donné toujours une raison d'être. Leïa et Séléna, maintenant. L'eau était un vrai porte bonheur, pour moi, il faut croire... Je me suis rappelé de la première fois que je l'ai rencontrée et, à ce moment, sus qu'elle allait vite gagner une place dans mon cœur. Je n'aurais jamais imaginé que cela allait prendre une telle ampleur !

Ces derniers mots me firent pouffer. C'était la première fois qu'on me la faisait, celle-là. Mais... D'un autre côté, j'étais aussi heureux qu'elle d'avoir pu passer cette heure de retenue en sa compagnie. Je remercie Arian de m'avoir chargé de cette affaire.

Au moins, on n'était pas les seuls à profiter de cette belle soirée. Fenrir était couché contre Diva, qui avait lové son cou contre le sien. Je sentais leurs regards posés sur nous, tout comme ceux de certains de mes compagnons. Rien qu'en pensant à cela, j'ai resserré mon étreinte : je me sentais tellement bien, et pourtant, je sentis mes joues picoter. J'avais sûrement prit quelques couleurs et non pas de gêne, mais de bonheur, d'aise !

À quoi ressemblions Séléna et moi ?

Qu'en pensait-elle ?

Que ressentait-elle ?

Soudainement, un soupir s’échappa d'entre ses lèvres rosées. L'ennuyais-je ? Non... Ce soupir ressemblait à ceux que j'aurais voulu pousser. Arceus, si seulement cet instant pouvait durer davantage... Je ne souhaitais qu'il dure éternellement, car, dans ce cas, je n'aurais plus pu me faire des nouveaux souvenirs avec elle, passer d'autres moments en sa compagnie. Apprécierais-je autant ces instants s'ils pouvaient être éternels ?


Une douce mélodie se mélangea à la houle : la voix de l'océan marquait les derniers instants de la parade des luminéons. Ils chantaient pour leurs partenaires, pour communiquer leur joie et la partager. La dernière fois que j'avais entendu ce chant, Lindsey était avec moi. Ce fut peu de temps avant qu'elle n'ait du être hospitalisée, d'ailleurs.

Bien que j'avais une confiance aveugle en cette jeune fille, j'avais l'impression de la trahir en lui cachant ces sentiments « impurs »... Cet amour que je lui portais n'était sûrement pas une bonne chose pour elle et pourtant, je voulais lui dire à quel point elle m'était chère, sinon, un jour, je pourrais regretter de ne pas l'avoir fait...

_ Tu n'imaginerais point à quel point je suis heureux d'être en ta présence... Je suis navré, si jamais je venais à gâcher ces instants, mais, je me dois de te faire part de ce que je ressens... Si je ne te le dis pas aujourd'hui, je sais que je vais amèrement le regretter... murmurais-je , déposant un baiser sur son front. Je suis ton professeur, certes, mais -malheureusement ou bienheureusement, je ne saurais te dire-, je demeure pas moins un homme qui peut aimer... Un homme au cœur dont on a su prendre soin afin d’atténuer et de guérir ses blessures... ajoutais-je, lui rendant le sourire. J'ai alors saisi son menton, entre mes doigts et aussi doucement que possible afin de pouvoir relever son visage avant de passer aux aveux : Je ne le crois plus désormais, je le sais... Séléna, je t'aime. J’espère seulement que ces sentiments que je te porte ne te dérangeront point... Je ne supporterais de te faire ni de te voir souffrir...

En entendant ma déclaration, Séléna rougit fortement. Ce n'était pas de la colère, non... Mais de la gêne à l'état pur. Même si je craignais réellement de la surprise -au sens péjoratif- ou pire, de gâcher cette magnifique soirée romantique, je ne pouvais plus le lui cacher... Je l'aimais à en mourir, elle était ma raison d'être...

À la fin de mon discours, je la sentis se raidir et, pendant un instant, un court instant, je me mis aussi à redouter le fait qu'elle ne veuille plus m'adresser la parole, qu'elle en soit mal à l'aise au point de vouloir retourner à l'académie, où elle m'éviterait pendant quelques jours, si jamais je n'avais pas le courage d'essayer de l'aborder dans les couloirs...

Bienheureusement, cette jeune coordinatrice n'était pas ainsi, c'était un ange... Et je me sentis stupide, rien que pour y voir songé pendant moins d'une seconde... Elle semblait vouloir me dire quelque chose mais elle avait beaucoup de mal à le faire. Lorsqu'elle réussit enfin à prendre la parole, elle le fit d'une petite voix hésitante et timide:

_ Al... Alvaro sen... articula-t-elle. J'avais l'impression qu'elle ne savait plus comment est-ce qu'elle devait me considérer à présent... Avais-je été trop brusque ? N'avais-je pas mesuré suffisament mes mots ? Avais-je dit quelque chose dont elle pouvait s'être méprise ? J'ai peur... Pour vous Alvaro. Si jamais... Si jamais quelqu'un apprenait ce que nous vivons, que deviendriez vous ? me demanda-t-elle, en reprenant le vouvoiement...

J'ignore pourquoi mais, mon cœur se serra : non, je n'avais pas été brusque, au contraire... Séléna se souciait surtout pour moi, mon travail et non pour les sentiments que je portais... Elle avait le souffle court et j'avais la nette impression qu'elle allait pleurer... Je l'avais fait pleurer.. ou du moins, je lui en avais donné envie... Ses petits yeux larmoyaient... Je me sentais mal pour cela... Très mal.

Séléna se redressa et regarda au loin, assise. Son regard se perdait et se fondait dans l'océan. Pensant avoir fait quelque chose qui l'avait contrarié, je mis une main sur mon visage : Je maudissais ma maladresse sans même comprendre ce qu'il en retournait réellement.

_ Je ne veux pas que vous partiez... Je ne veux pas... me dit-elle, alors, avant de tourner la tête en ma direction, les mains tremblantes.

Encore une fois, je n'avais pas compris ce qui la tracassait jusqu'à ce qu'elle l'eut dit. La faisais-je souffrir... ? Il m'était extrêmement difficile de rester lucide en sa présence et à une telle heure. Je baissais ma main, la regardant aussi sereinement que possible sans oser l'interrompre ne serait-ce que pour la rassurer.

_ Non, je ne veux pas que vous disparaissiez vous aussi ! Alvaro, s'il vous plaît, ne dites pas que vous m'aimez, parce que, parce que je suis la fille la plus malchanceuse du monde et que tôt ou tard, vous partirez vous aussi ! Et je serais à nouveau toute seule !! termina-t-elle avant de se mettre à pleurer.

Tout comme moi, elle craignait de perdre ce qui lui était le plus cher et cela semblait en faire une sorte de maladresse émotionnelle. Je ferais n'importe quoi pour qu'elle ne pleure plus, je vendrais mon âme au diable pour éviter que aucune de ces perles salées ne daignent de sillonner ses joues. Elle n'avait pas besoin de craindre mon départ car, quoi qu'il en soit, je ferais tout ce qui sera dans mon pouvoir pour éviter de la rendre malheureuse.

Je l'ai donc attirée contre moi, avant de l'embrasser tendrement et chastement. Je ne me sentais pas capable de la rassurer oralement, je ne me sentais capable de rien, j'avais l'impression d'être impuissant, lorsque je la voyais pleurer... Alors, mon but était de la réconforter... Lentement, j'ai éloigné mon visage du sien pour lui adresser quelques mots :

_ Je n'irais nulle part, Séléna... Tu n'as rien à craindre... lui murmurais-je en calant son visage dans le creux de mon cou, la serrant aussi tendrement que tantôt. M. Yoshi ne nous interdirait pas cela tant que nous ne causons pas des soucis aux parents des élèves. Nous pouvons rester discrets jusqu'à ce que tu sois rassurée... ajoutais-je en la serrant un peu plus fortement, restant assit aussi... Je serrais brièvement ma mâchoire avant de reprendre: Je ne te mérite pas et je ne veux pas ruiner ton futur... On n'a que quelques années de différence... C'est égoïste, pour ma part, certes mais, tu n'as pas non plus besoin de me répondre directement... J'attendrais autant qu'il le faudra. Et, quoi qu'il en soit, sache que je serais toujours là pour toi... Je suis incapable de faire quoi que ce soit qui puisse te rendre malheureuse...

Bien que mes phrases étaient relativement bien construites, je n'arrivais pas à cacher que le fait que j'étais nerveux. Je l'aimais... Je l'aimais tellement... Je ne me lassais point de le dire, enfin... de le penser. Je ne pourrais pas vivre sans elle et, bien que ça me serait douloureux de la voir avec quelqu'un d'autre, je serais prêt à rester uniquement son ami, si cela pouvait la rendre heureuse... Je veux uniquement rester auprès d'elle, quitte à sacrifier mes sentiments à son égard...

Si je n'avais pas eu un minimum de self-control, j'aurais serré Séléna davantage, manquant sans doutes de l'asphyxier. Je me sentais trembler un peu et j'espérais qu'elle ne s'en rendrait pas compte, j’espérais que ce soit uniquement un mauvais tour causé par cet atypique rythme cardiaque qui haussait rapidement ma tension artérielle.

— Alvaro. m'appela-t-elle.

Sa voix, douce et aussi agréable qu'une aria et un requiem ensemble me fit frissonner d'aise. J'avais un peu honte que mon corps trahisse à quel point cette fille me faisait de l'effet... J'étais incapable de le cacher... J'aimais tout d'elle... Égoïste comme je l'étais, bien que j'étais prêt à sacrifier mes sentiments à son égard si cela pouvait la rendre heureuse, j'aurais plutôt souhaité de ne l'avoir que pour moi... Qu'elle soit à moi en entièrement, en corps et en âme.

— Ce n'est pas ce que vous... Ce que tu crois.  déclara-t-elle en me tutoyant de nouveau. La vie est si imprévisible... J'aimais beaucoup mes parents, eux aussi mais... Ils m'ont été arraché si brutalement que... Que j'ai peur désormais de revivre ça. Jamais je ne mettrais ta parole en doute sur le fait que tu souhaites rester avec moi mais... Et si un jour, tu n'avais pas le choix ? C'est de ça que j'ai peur...  poursuit-elle après avoir plongé son regard dans le mien.

Comme je l'ai déjà dit maintes fois, malgré le fait que je n'étais pas doué d'empathie à l'état pur, comme mon ami et patron, j'étais capable de desceller certains des sentiments qu'elle éprouvait. À présent, la peur avait réussi à confortablement se caler dans son esprit, se mêlant à son embarras.

Tout comme moi, cette jeune fille avait perdu ses parents. Selon ce que j'avais pu apprendre d'elle, elle avait été prise en charge par son oncle -si je me souviens bien-. Maintenant, elle craignait de perdre tout ce qui lui était cher. Nous avions pas mal de points en commun...

Elle se décala, me lâchant afin d'attirer ses genoux contre sa poitrine, honteuse. De quoi avait-elle honte ? De s'afficher telle qu'elle était ? De dévoiler ses faiblesses à autrui ? Savoir dévoiler ses peurs à quelqu'un n'était pas vraiment un geste de faible, non... On confier nos craintes, ce qui est dur, pour la plupart, est un geste de volonté, de force spirituelle, selon moi...

— Suis-je lâche ? De penser ainsi et de vivre d'une certaine façon... Dans la peur ? s'enquit-elle. Vous êtes un jeune homme formidable. termina-t-elle avant de se tourner -de nouveau- vers moi.

— Tu es loin d'être lâche, Séléna. Au contraire, tu es une fille forte malgré ce manque de confiance. Savoir confier nos craintes à la bonne personne -ou du moins, que l'on ainsi-, est un geste de volonté et de force spirituelle que tout le monde n'a pas, hélas. lui répondis-je en esquissant un léger sourire. Tu sais, vivre dans la peur n'est pas toujours mauvais. Vivrais-tu avec cette crainte si tu n'avais rien à perdre ? Cette inquiétude est normale lorsque l'on vient à approuver de l'affection -quel qu'il soit le degré- envers un ou plusieurs individus. Regarde les choses du bon côté : La peur est ce qui nous rend plus forts, lorsque l'on apprend à la dompter, à la doser, à la retourner contre sa source, si tu vois ce que je veux dire... Si on s'y abandonne, on risque de faire du mal à ceux que l'on tente de protéger. Parfois, il y c'est un tribut à payer pour cela, mais il n'en est jamais une contrainte. C'est un choix de dernier recours. continuais-je en décrochant mon regard du sien afin de lever le yeux vers le ciel.

Je n'étais pas la meilleure des personnes qui soient pour parler d'optimisme, mais, indéniablement, il fallait prendre les choses telles qu'elles venaient, savoir en voir le bon côté, sinon, on risque de se perdre... De perdre notre essence et de perdre ce qui nous est important... Veiller dans l'ombre sur ce qui nous est précieux est un choix ultime et qui ne se fait pas éternellement. Tôt ou tard, si le destin le veut bien, il nous concède une nouvelle chance qui nous permettra de prendre notre vie en main. Séléna et Leïa étaient ma chance, ma raison d'être...

— Je ne vais pas te mentir... Je crains autant que toi de perdre ce qui m'est cher, de te perdre. C'est pour cela que je ferais ce qu'il faudra pour qu'un jour, tu n’aies plus à t’inquiéter ainsi. Je ne suis pas quelqu'un que l'on puisse éliminer facilement. Puis, qui voudrait s'en prendre à mon humble personne ? ajoutais-je, en m'agenouillant sur le sable avant de me pencher un peu vers ce séraphin.

Ensuite, j'ai tendu mes mains afin de prendre son visage en coupe, posant mon front contre le sien, élargissant mon sourire. Il se faisait tard et je craignais qu'elle ne finisse par s'enrhumer, à cause moi. La température avait descendu assez et le climat au nord d'Edenia n'était le même qu'à proximité de l'académie.

— Et si nous allions ailleurs ? J'avais prévu de t'amener dîner quelque part, à moins que ne préfères rentrer, maintenant... terminais-je, rougissant légèrement. Il faut dire que j'avais été bien plus direct que prévu, avec ma déclaration... Au moins, elle n'avait pas mal réagi, c'était déjà bien.

Après ce que je venais de lui dire, je ne m'attendais point à ce qu'elle accepte d'aller dîner avec moi. Elle avait eu suffisamment de « surprises », pour la soirée. Pourtant, j'attendais avec envie sa réponse, je voulais juste l'entendre, qu'elle me parle. Délicatement, elle caressait une de mes joues et, lorsque ses lèvres s'entre-ouvrirent pour prononcer la sentence, elle ne fit rien.

Quelque chose avait attiré son attention -et la mienne, par la suite- : un couple d'ecayons en détresse qui tentaient aussi bien que mal de rapprocher l'un de l'autre. Les deux étaient échoués sur le sable mais le mâle était blessé et appelait désespérément sa femelle qui lui répondait dans un soupir.  

Sautillant péniblement sur le sable, le mâle rejoignit la femelle, luttant contre la mort par amour. Quitte à céder à la faucheuse, il préférait le faire auprès de sa bien aimée. Quel brave pokémon... je compatissais. Moi aussi, si je devais mourir, je voulais le faire auprès de ma chère Séléna.

— Alvaro... m'interpella-t-elle, me tirant loin de cette sombre pensée. Elle sembla tout aussi concernée que moi -voire plus- par cet triste spectacle, mais elle était aussi inquiète à leur égard. On ne peut pas les laisser ainsi. ajouta-t-elle avant de s'approcher du couple malheureux, s'agenouillant auprès du mâle. S'il te plaît, laisse moi m'occuper de toi, le temps de te rétablir avec ta compagne. Je suis Séléna Mitsuki, spécialisé dans les pokémons eaux, tu peux me faire confiance.  lui dit-elle sincèrement, cherchant à le calmer, à le rassurer.

Suite à cela, elle se tourna vers moi, requérant indirectement mon aide, pour l'instant. Du moins, son regard me donnait l'impression qu'elle cherchait à me demander de l'aide, à me demander un avis qui pourrait arranger la situation.

— Alvaro, je suis navrée mais notre soirée restaurant sera pour un autre jour... Si vous me le permettez, j'aimerais recueillir cet Ecayon et l'emmener le plus rapidement possible à un Centre pokémon, avec sa compagne. Est-ce que... Vous... Tu pourrais t'occuper d'elle ? termina-t-elle, confirmant mes suppositions.

D'ailleurs, pour ce genre de de situations, je n'arrive plus à réfléchir en tant que professeur, mais en tant que membre de la Team Plasma : aider les pokémons était notre maxime. Et si cela pouvait me rapprocher d'avantage de cet ange aux cheveux bleus, ma « mission » serait accomplie. Sauver la vie de deux pokémons qui s'aiment est une bonne fin pour la soirée, autant pour eux, comme pour nous. C'était encore une fois, une pensée d'un égoïsme digne de moi, dans le passé.

Souvent, je suis heureux de savoir que l'être humain n'es pas doué de télépathie... Je risquerais de décevoir Séléna avec ce genre d'idées. L'air compatissant -malgré tout-, mais sérieux, je me suis approché d'eux, faisant signe à mes compagnons : il était temps de partir, donc ils se rassemblèrent sur la plage et près du sable.

— Bien sur, je vais m'en occuper. Et, tu n'as pas besoin de t'excuser, Séléna. Aider ce couple est plus important, maintenant. répondis-je en récupérant la plupart de mes compagnons, sauf Fenrir, Ea et Titania. Je pris soigneusement la petite ecayon, sans trop l'éloigner de son amoureux, rapprochant une scuba-ball d'elle : On va vous aider. Je récupère ton amoureuse jusqu'à ce que tu ailles mieux, d'accord ? Détendez-vous, tous les deux. Faites-nous confiance... soufflais-je en les regardant à tour de rôles.

La femelle regarda son mâle, fermant un instant les yeux, puis me regarda, se laissant complètement faire. Je l'ai donc faite rentrer à l'intérieur de la boule en noigrume bleue avant de me lever, laissant Séléna s'occuper du blessé.  Tout comme pour venir, nous sommes partis sur le dos de Titania, qui nous déposa aussi vite que possible devant le Centre Pokémon d'Edenia.

Une fois là bas, on a confié l'ecayon mâle à l'infirmière, qui nous regarda, un peu inquiète mais nous assura qu'il allait s'en remettre. Elle ajouta aussi que nous allions devoir revenir demain, parce que le charmillon des mers avaient besoin de beaucoup de repos. Ne sachant point que faire, j'ai passé une main dans mes cheveux, un brin mal à l'aise : il était trop tard pour rentrer à l'académie et il fallait rester dans le coin, au cas où l’infirmière nous appelait avant.

— Eumh... Est-ce que tu... fis-je à voix basse. Je n'arrivais pas à aligner les mots comme je le désirais et je craignais qu'elle se méprenne quant à mes intentions. Je me suis raclé un peu la gorge, puis j'ai repris ma phrase : Mon appartement se trouve non loin. Puisqu'il est tard, je te propose d'y passer la nuit... Le couvre-feu de l'académie est déjà tombé et si l'infirmière Joëlle nous appelle avant, nous seront près du Centre Pokémon. lui proposais-je, sans arrières pensées. Cela te convient-il ?