Un peu de détente dans ce monde de joueurs [Beroz] [Terminé]

On était jeudi. Alors oui, ça veut dire que le concours de capture d’insectes est aujourd’hui, comme diraient les gardiens du parc naturel de Johto. Mais ce qui nous intéressait, c’était surtout que Mégami n’avait pas eu cours à partir de 15h cette fois-là, et qu’il en avait profité pour s’entraîner un peu dans le parc de l’académie, dans un coin assez isolé histoire de ne pas être dérangé.

Depuis son évolution, Roucarnage, contrairement à ce que l’on pourrait penser, progressait encore autant qu’à l’habituel. Ce qui avait été surprenant, c’était surtout sa montée en puissance vertigineuse. Mégami l’avait entraîné de la façon habituelle, c'est-à-dire en lui accrochant des poids aux pattes ou sur le dos, de quoi lui muscler les ailes. Sauf que voilà, pour un bon gros oiseau de 39,5kg avec des ailes aussi musclées de part ses entrainements précédents, un poids de 40kg avait été une simple formalité. Comme s’il ne portait rien du tout. Et par contre, Mégami n’avait pas plus lourd dans son inventaire, donc il avait opté pour une solution radicale, chevaucher lui-même son Pokémon, ce qui correspondait environ à un poids de 60kg (peut-être un peu plus, ça fait longtemps qu’il ne s’était pas pesé et depuis ça avait pu changer). Au final, celui qui avait eu le plus de mal, ça n’avait pas été Roucarnage mais bien le dresseur lui-même.
Eh oui, attendez, même si maintenant il arrivait plutôt bien à monter sur Galopa, un oiseau, c’était un corps complètement différent et bien moins stable, il fallait bien l’avouer, surtout qu’il restait tout de même plus grand que Roucarnage en hauteur, donc il devait fléchir légèrement les jambes pour tenir dessus. Finalement il arriva à trouver une position à peu près convenable, se couchant en répartissant bien son poids sur le dos de son Pokémon pour ne pas causer de déséquilibres et passer ses bras autour de son épais cou duveteux. C’était vraiment une expérience très étrange d’avoir comme monture un volatile et non un équidé, et même si cela demeurait moins confortable, il préférait la sensation des plumes à celle des poils.
Ils s’entrainèrent tout d’abord simplement au sol, ce qui veut dire que pour commencer, le Roucarnage étira ses grandes ailes, puis commença à les agiter de haut en bas comme pour simuler un vol. Une fois cette étape passée, il les replia puis courut, et à la fin les deux furent combinées. C’était effectivement assez inconfortable mais par chance, le blond aux yeux bleus n’était pas quelqu’un de maladroit et ne tomba aucune fois durant cette séance même si ça n’était pas passé loin à plusieurs reprises. En revanche ce n’était pas le cas de son Pokémon qui lui était une catastrophe sur pattes en matière de malchance et de maladresse, et malgré le poids réparti de Mégami, il trébucha quelques fois sur des racines ou des touffes d’herbes ou même en s’emmêlant lui-même les pattes, ce qui lui causa plusieurs chutes et indirectement, celles de son dresseur également.

Même si le but était initialement de voler avec un poids élevé, Mégami préféra s’en arrêter à là et poursuivre plus tard, au désespoir de son Pokémon Vol. C’est que ça faisait déjà une heure et demie que son entraînement avait commencé et il commençait à se faire tard, étant donné qu’il était 17h, et en plus de cela le natif de Bourg-Geon avait envie de se détendre un peu ce soir au lieu de poursuivre la lecture de son nouveau livre de stratégie (traitant sur le placement du Pokémon en combat et du combat double) comme la veille, l’avant-veille et l’avant-avant-veille. C’est ainsi qu’un peu plus tard, en prenant un bus, il arriva à la ville d’Edenia et se rendit sans plus tarder au lieu qu’il avait choisi préalablement : la salle de jeux vidéo. Cette fois, il était temps d’aller éclater des scores !

C’est donc comme à son habitude, les mains dans les poches de son éternel manteau bleur mélangé de gris et le regard impassible, la tête haute et les cheveux au vent, les yeux perçants et la démarche calme, qu’il se dirigea, déterminé, vers une borne d’un de ses jeux de combats favoris. Ouais, on dirait pas comme ça, mais en fait, malgré son air largué, il avait de très bons réflexes, et ça tombe bien parce qu’il en fallait dans les jeux de combats, spécialement dans celui-ci.
Ce qu’il aimait dans ce jeu, c’était la diversité de gameplay des différents personnages : ainsi, on pouvait évidemment retrouver le classique combattant lourd et bourrin, ne se débrouillant qu’au corps à corps, ou le minuscule faible mais très rapide ou encore celui qui ne combat presque qu’à distance à l’aide de projectiles en tous genres, mais pas seulement ! Des plus originaux étaient également présents, allant du psychiste à l’invocateur, en passant par l’élémentaliste, le stratège ou le poseur de pièges. Bref on retrouvait vraiment tous les types de personnages possibles dans ce jeu et même si son système de combat était un peu différent de celui des jeux de baston classique ce qui faisait que pas mal de joueurs le rejetaient, il était bien équilibré.

Bon d’accord, comme il s’en doutait, détrôner le célèbre « AAAAA » qui gagnait toujours tout sur toutes les bornes d’arcade, ça n’allait pas être une partie de plaisir, pour ne pas dire mission impossible. Mais un jour, en mode campagne, Mégami avait quand même réussi à inscrire son score en deuxième position, et même si maintenant quelqu’un avait pris sa place, être troisième c’était quand même la classe ! Et puis, ça lui donnait l’occasion d’affronter des adversaires assez puissants quand ceux-ci voyaient que le « Méga’ » de l’écran des records était justement affiché en temps que pseudo au dessus du personnage qui était utilisé au moment même où ils regardaient. Pas qu’il aimait particulièrement la popularité, mais de cette manière il pouvait s’entraîner sans avoir à demander à quelqu’un et c’était aussi bien.

Bref, il entama donc une partie après avoir payé, évidemment, choisit le personnage disposant de pouvoirs psychiques, son favori et meilleur, puis commença à enchaîner les combats sans vraiment se soucier de ce qu’il se passait autour de lui, absorbé par cet univers fictif certes sommaire mais pas moins prenant.


[Eh voilà, finalement je lance le RP aujourd’hui, j’avais la motivation. Ton arrivée peut être tout et n’importe quoi, vilaine ou gentillette, inattendue ou classique, dark ou nyancatisé, à toi de voir !
...
Et accessoirement...
C'EST MON 200ème MESSAGE RP *Q*]

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Mégami n’avait pas mit longtemps à être repéré. A peine était-il venu à bout des cinq premiers combats que plusieurs personnes s’étaient déjà regroupées derrière lui, afin de le regarder jouer. Honnêtement, ça le gênait un peu, lui qui d’habitude était du genre à ne pas se faire remarqué, là c’était raté de chez raté, c’est sûr que la salle de jeux d’Edenia, ben, c’était pas celle de Doublonville ou de Céladopole, il y avait beaucoup moins de monde qui y venait et donc ce n’était pas si compliqué que ça d’inscrire un score dans le tableau des records.
Donc même si son niveau n’était pas non plus extra, pour ici il devait être un des meilleurs joueurs et ça ne passait pas inaperçu parmi les connaisseurs, évidemment.

Un choc psychique par ci, un champ de force par là, maintenant un contrôle mental, et hop c’est parti pour les armes blanches manipulées par télékinésie, et BAM ! Attaque finale, la Destruction de l’Ame. Combat terminé.

Mégami en profita pour souffler un peu, et aperçu du coin de l’œil, sans tourner la tête, une fille qui se tenait juste à côté de lui. Tiens, c’était rare d’en voir ici, mais tant mieux, il était pour la diversité. Par contre, elle avait du cran, ça c’est certain, elle semblait assez jeune, pas plus de quatorze ans en tout cas et encore, et autant on pouvait tomber sur des gens très sympas et ouverts d’esprits dans les salles de jeux, autant le nombre de machistes qui pensaient encore que « les jeux vidéo ne sont pas faits pour les femmes » tels des hommes des cavernes était assez incroyable. Bref elle ne semblait pas voir de problèmes et tant mieux pour elle. En fait, elle avait plutôt l’air absorbée par l’écran sur lequel jouait le blond aux yeux bleus, enfin du moins c’est ce qu’il avait cru comprendre parce que déceler ça juste du coin de l’œil en à peine deux secondes, ce n’est pas évident.

Enfin bref, c’est parti pour le combat suivant. Bien entendu, pendant qu’il jouait, Mégami faisait abstraction de tout ce qui l’entourait ou presque, et donc il ne se rendit pas compte que la jeune fille qui se tenait à côté de lui avait disparu peu après le commencement de ce combat, mais heureusement, son adversaire était faible et la bataille fut de courte durée. Elle se termina juste au moment où il entendit des gémissements. Cette fois, il tourna la tête pour voir d’où provenait ce bruit, et -oh, tiens, quelle surprise, un joueur qui embête la fille de tout à l’heure, que c’est étonnant ! Et bien entendu, personne ne réagissait.
Mégami avait entendu parler de ce phénomène. Imaginons que quelqu’un soit en train d’agresser une autre personne dans une rue qui est souvent déserte. Si jamais une troisième personne passe par ici également, et voit ainsi la scène, alors il y a de fortes chances pour que cette personne agisse immédiatement et défende la victime.
A l’inverse, si la même scène se passe dans une rue animée, dans laquelle il y a des dizaines de passants, alors il est presque certain que personne n’agira pour défendre la victime, ou alors seulement au bout d’un long moment. Les gens appelleront la police, crieront, menaceront même peut-être, mais aucun d’entre eux n’agira directement pour défendre la cible de l’agresseur. « Et s’il est armé ? Et si je me trompais ? Et puis quelqu’un d’autre peut y aller à ma place, après-tout. » Autant de questions que l’on ne se pose pas quand on est seul, étrangement, puisque l’on se sent plus dans l’urgence. En conclusion, cette capacité d’apporter son aide à quelqu’un en danger est inversement proportionnelle au nombre de témoins, contrairement au bon sens dont les gens devraient faire preuve.
Et le plus souvent, dans une foule, le premier qui se décidait finalement à réagir était en général celui dont le regard des autres sur lui avait le moins d’effet.

-Eh ! Ben qu’est-ce que tu fais Sora, tu viens jouer ? J’ai commencé une partie en t’attendant vu que je te voyais pas. T’étais partie où ?

Alors là, vous vous dites « WTF, pourquoi il place une dialogue comme ça qui n’a rien à voir avec le sujet, lui ? », et vous allez sûrement encore plus vous dire ce fameux « WTF » quand je vous aurai dit que c’est Mégami qui avait lancé cette phrase à l’intention de la fille-victime. Ah bah voilà, je l’ai dit.
Tout en lui adressant cette phrase, il lui avait fait un signe de la main et de son autre main, montrait la deuxième manette de la borne d’arcade.

Bien sûr, il n’avait pas balancé ces phrases au hasard, même s’il avait mis peu de temps à les préparer, afin qu’elles sortent tout de même naturellement. Il avait rapidement décidé de ne pas quitter sa borne d’arcade pour directement aller dire à l’autre idiot « Laisse-la, elle t’a rien demandé », tout simplement parce que de 1 : à tous les coups ça allait se terminer en conflit, et il n’aime pas les conflits, de 2 : ce n’était pas sûr du tout que l’autre l’écoute bien gentiment, de 3 : il risquait de se faire piquer sa borne pendant ce temps et de 4 : c’était très cliché comme attitude, bon pour les films de production AAA mais pas véritablement efficace en fin de compte. Du coup, il avait préféré la jouer plus subtile.
Premièrement, il parle bien haut afin que tout le monde autour l’entende et que donc, le gars qui agressait la fille ne puisse pas répliquer sans être observé d’un œil mauvais par les autres personnes présentes.
Deuxièmement, il fait comme si il connaissait très bien cette fille, qu’ils étaient venus ensemble à la salle de jeux vidéo, qu’il l’avait perdu de vue et qu’il avait commencé une partie en l’attendant, certes ça fait pas très sérieux comme attitude mais il avait rien trouvé de mieux. Pour appuyer cette idée, il avait vite fait cherché un nom féminin ou mixte dans sa mémoire et le premier qui lui était venu en tête était le prénom de sa propre sœur, Sora.
Troisièmement, la gestuelle. Il la regardait dans les yeux et lui avait fait un signe de la main pour signifier « Oui oui, c’est bien à toi que je parle, l’inconnue, c’est bien toi que j’appelle Sora. », tandis que de la main gauche il avait montré la manette histoire de renforcer sa question « Tu viens jouer ? ». Comme ça, elle se sentirait concernée et saurait que c’est bien d’elle qu’il parle.
Et enfin quatrièmement, la dernière chose qu’il lui avait demandée, « T’étais partie où ? ». Question ouverte, si elle répondait suffisamment vite tout en allant le rejoindre, son agresseur n’aurait pas le temps de protester et se retrouverait donc piégé, physiquement à cause de la première, et verbalement à cause de la quatrième.

En plus, le temps qu’il réfléchisse à ses mots, Mégami avait quand même bien entendu ce que le garçon disait. Une Zoroark ? C’était bien possible d’après les réponses de l’agressée. « J’ai un nom ! Et je ne suis pas une Zoroark : Je suis humaine ! » ne sonnait pas vraiment comme une réponse tout à fait naturelle.
Du coup, grâce à la deuxième raison, cela permettrait de semer le doute dans l’esprit du gars et il se dira qu’il s’est peut-être trompé de personne.

Maintenant il restait plus qu’à espérer que cette fille comprenne tout ça et marche dans son sens, malgré son jeune âge apparent. Le dresseur lui tendait une perche, à présent c’était à elle de l’attraper correctement.

Le plan avait marché à merveille. Peut-être un peu trop même. A peine la jeune fille était arrivée face à lui qu’elle sauta littéralement à son cou et passa ses bras autour de lui. Sous la surprise, évidemment, il se contenta de rester statique même s’il essayait de paraître le plus normal du monde.

Houla, doucement fifille, n’en fais pas trop quand même, hein ? C’est déjà bien gentil de vouloir te sauver la mise, profites pas trop de la situation s’il te plait.
Au moins, l’autre avait vu ses derniers doutes balayés et était parti, probablement en train de se demander s’il avait rêvé. De son côté, Mégami, pour ne pas paraître trop suspect, fit comme si de rien n’était et se replaça face à la borne d’arcade à côté de l’inconnue, mais intérieurement il avait un peu de mal à s’en remettre. Alors déjà, il y avait le fait que les sautes d’humeur en câlins, comme ça, il n’en avait pas vraiment l’habitude  mis à part avec sa sœur justement, et encore c’était pas souvent souvent.
Mais aussi, il avait bien entendu la phrase de la « sauvée ». « On se fait juste une partie, hein ? ». Enflure, va. Lui qui était arrivé ici seulement quelques minutes auparavant, il allait devoir repartir presque aussitôt, pour une fois qu’il prenait un peu de temps pour lui pour aller en ville, mince alors. Et bien entendu pas question de la raccompagner autre part et de revenir seul juste après sinon, eh bien leur couverture était tout simplement foutue.
Mais au moins cela lui permit de confirmer un peu plus l’hypothèse de l’autre garçon : elle devait véritablement être une Zoroark et devait avoir du mal à maintenir son illusion en place. Il ne voyait pas d’autres explications, sinon, pourquoi une fille de cet âge serait venue dans une salle de jeux ? Pour repartir dix minutes après ? C’est pas vraiment ça le but. Ou alors, peut-être qu’elle n’aime pas le jeu auquel Mégami était en train de jouer, mais dans ce cas, elle n’aurait pas eu un regard si intéressé quand elle le regardait jouer, et puis sérieusement c’est le moindre de ses soucis dans une situation comme celle-ci.
Voilà pourquoi les chances qu’elle soit un Zoroark se trouvaient augmentées. Bref, autant rentabiliser leur temps et vite faire un combat comme elle lui a demandé.

-Désolé, j’aurais dû t’attendre. OK, une partie donc. Comme ça tu pourras me dire si t’aimes ou pas.

Allez on va partir du principe qu’elle est débutante.
Mégami ouvrit le menu et retourna au menu principal, pour choisir le mode VS et arriver sur l’écran de sélection des personnages. Il commença à énumérer les caractéristiques de chaque personnage.

-Bon, alors tu vois, lui c’est un épéiste, elle c’est une élémentaliste, lui il a le don d’hypervitesse, lui c’est un invocateur, lui c’est un illusionniste, lui un stratège, elle une guérisseuse…

Ca faisait un grand nombre à retenir et il doutait qu’elle puisse le faire pour tous, mais ça lui donnait un aperçu de ce qu’il y avait en gros. De son côté, Mégami ne choisit pas son psychiste mais l’invocateur, pour des raisons pédagogique : comme il pouvait maitriser le nombre d’invocations simultanées, leurs actions et leurs comportement, il pouvait parfaitement adapter son niveau à son adversaire et ainsi ne pas l’écraser mais lui permettre de dévoiler tout son potentiel. Ca avait toujours été son but, dans n’importe quel jeu où il était meilleur que son opposant, c’est d’ailleurs pour ça que les gens quels qu’ils soient disaient toujours de lui qu’il était bon pédagogue, même s’il avait du mal à l’accepter, contrairement à ses autres qualités qu’il reconnaissait sans problème.
Une fois les personnages et l’arène choisit, il attendit avant de commencer, se tourna vers sa protégée du moment, et lui montra avec son doigt, une à une, les touches qui étaient fixées sur la manette qu’elle tenait dans ses mains.

-Donc A c’est pour les coups normaux, B c’est pour les coups spéciaux, L et R pour la protection, Z pour choper l’adversaire, X et Y pour sauter, et le joystick, bah pour te déplacer. Tu peux faire des autres coups avec A et B en les associant à une direction avec le joystick. Tu peux activer ton coup spécial en appuyant sur A et B en même temps mais seulement lorsque ta jauge est remplie.
Pour l’instant ça te suffira je crois, t’as compris ?

Il reprit ensuite sa propre manette, fit face à l’écran et commença à bouger un peu son personnage tout en invoquant une créature.

-Bon, c’est parti.


[Je te laisse décrire le match si tu le souhaites, comme ça tu peux enchaîner après la fin du combat et demander à Mégami d’y aller, vu que c’était que pour une partie]

Pendant cet unique combat assez long, la foule autour de Mégami s’était dissipée : c’est vrai que pour eux il n’y avait aucun intérêt à voir ça maintenant, une partie pour apprendre à jouer à un débutant, normalement c’était quelque chose qui se faisait sur console et non sur borne d’arcade ça, pas la peine de gaspiller de l’argent pour ça. C’était d’ailleurs du coup à moitié crédible leur petite mise en scène, mais personne n’était venu leur en parler donc ça avait dû l’être suffisamment.

Bien évidemment, le gagnant fut sans conteste Mégami, qui avait maitrisé toute la partie. L’élémentaliste avait la chance d’avoir un grand panel d’attaques variées, il fallait donc le jouer avec diversité et l’ingéniosité, en sachant prendre par surprise son adversaire. La joueuse n’avait bien sûr pas agi dans cet esprit, mais après tout c’était normal pour une débutante, d’ailleurs elle ne se débrouillait pas si mal que ça, elle essayait tant bien que mal de se servir d’un peu toutes les touches alors qu’en général, les nouveaux joueurs zappaient complètement la touche de garde. En fait, le dresseur de Bourg-Geon avait même pris du plaisir à jouer ce match.
Mais bon, toutes les bonnes choses ont une fin et rapidement elle dû l’obliger à contre-attaquer et en finir vite s’il ne voulait pas se mettre en danger, et c’est ainsi qu’il remporta la partie. La voix de sa partenaire le ramena juste après à la dure réalité.

Il se tourna vers elle juste au moment où sa main sembla noire et griffue pendant une fraction de seconde. Sur le coup il s’en trouva surpris, mais cette fois-ci il en était certain, elle était bel et bien une Zoroark.
Elle avait un air coupable sur le visage et d’ailleurs, se tourna pour tenter de le cacher, du moins c’est ce qu’il avait cru comprendre.
Il remit ses mains dans ses poches et répondit.

-OK, on y va. Et fais pas cette tête, tu t’es bien débrouillée.

Bien sûr il savait très bien que « cette tête » n’avait aucun rapport avec le jeu, mais autant jouer la comédie jusqu’au bout maintenant. Malheureusement pour elle, la salle de jeux n’était pas ce genre d’endroits où l’on pouvait se cacher aisément, mis à part peut-être les toilettes, mais… ils venaient juste de dire qu’ils s’en allaient.
Oh puis pas grave, elle n’avait qu’à faire une étape là-bas histoire de bien refaire son illusion, puisqu’apparemment le problème était là, et ensuite ils quitteraient le bâtiment histoire d’expliquer un peu la situation.
Le jeune dresseur passa donc devant, non sans une pointe d’amertume en quittant sa précieuse borne, en jetant parfois des coups d’œil par-dessus son épaule pour vérifier qu’elle le suivait bien, puis arriva vite devant la porte des toilettes des filles. Bien entendu, l’idéal aurait été qu’il puisse y aller aussi, à vrai dire il n’y aurait sans doute eu pas de coin plus tranquille que là pour discuter -et ce malgré l’odeur qui était très certainement nauséabonde- mais voilà, ça vous surprendra peut-être mais : Mégami Hells n’était pas une dame (Ouah, la chute !).

-Les toilettes sont là, je t’attends ici.

Ca avait le mérite d’être clair. Elle y entra donc puis en ressorti simplement, quelques instants plus tard, comme l’aurait fait n’importe quelle personne en allant aux toilettes, absolument rien d’anormal, au contraire même, ça faisait encore plus passer ce Pokémon pour un humain tout à fait ordinaire.
Et à peine une minute après, les deux étaient devant la salle de jeux vidéo, hors du bâtiment, sur le trottoir, tout comme les nombreux passants qui marchaient ici et là.
Bien, la comédie pouvait cesser maintenant.
Tout d’abord, Mégami se rendit compte que malgré leurs péripéties, il n’avait même pas pris le temps d’observer le Pokémon à qui il avait sauvé la mise. Sous sa forme humaine donc, mis à part le fait qu’elle semblait plutôt jeune, elle possédait de longs cheveux attachés en queue de cheval, et leur couleur n’était, disons, pas commune. La plupart de ses mèches étaient d’une sorte de brun tirant sur le rouge, une couleur assez indescriptible en fait, et se terminaient par du gris foncé-noir. Ses yeux, eux, étaient bleus, mais pas le même type que Mégami, contrairement aux siens, ils étaient clairs. Un nez assez petit pour une bouche tout aussi fine, si on combinait tout cela, ça donnait ? « KAWAIIIIIII ! CUUUUUUTE ! » ! Non, sérieusement, ça lui donnait un air plutôt naïf, innocent, bref c’était peut-être pas le bon plan pour passer inaperçu dans une salle de jeux.
Pour le reste, elle n’était pas très grande, enfin comparé à Mégami bien entendu, il faut dire qu’à presque 1m80 en général vous êtes plus grand que pas mal de personnes.

Enfin bref là n’était pas la question de toute manière. Le blond la regarda alors dans les yeux, sans animosité aucune mais c’était juste son habitude, garda son air impassible et commença la discussion après avoir vérifié que personne ne les observait, il fallait bien que quelqu’un s’y colle en premier.

-Bon, maintenant ça devrait aller. Je suppose que tu as compris que je sais qui tu es réellement, mais ne t’inquiètes pas je ne vais pas chercher à te capturer, même si je suis dresseur aussi. Est-ce que tu as un nom, du coup ?

Ben oui, si elle était un Pokémon, ça n’était pas forcé après tout. Maintenant qu’il y pensait, ça faisait un peu étrange à Mégami.
Il avait connu ce Pokémon en tant qu’humaine, lui avait parlé en temps qu’humaine, avait joué avec elle en tant qu’humaine, avait été témoin de ses réactions et émotions humaines, l’avait emmenée aux toilettes pour les humaines, et pourtant, elle était un Pokémon.
Mégami aurait aimé dire qu’il ne faisait pas de différence au point que cela lui soit complètement égal, mais ça serait se mentir à soi-même : à présent, même s’il connaissait la vérité, il n’arrivait pas à se mettre dans la tête que cette fille soit un Pokémon.
A tous les coups, ça, c’était encore quelque chose qui allait le travailler pendant un bon moment. Il y penserait plus tard, pour l’instant l’heure était aux questions/réponses.

Donc, cette fille -ce Pokémon- se prénommait Beroz. Est-ce qu’elle avait elle-même un dresseur, donc ? Ou était-elle à l’état sauvage mais civilisée ? Oh bah, inutile de le lui demander directement, il finirait bien par le savoir après-tout. Et puis, Mégami ne savait pas vraiment si ça se dirait, ça à un Pokémon… « Tu as un maître ? » « Tu as un dresseur ? »
Autant demander « Es-tu un esclave ? » à ce compte-là, même si comme il l’avait souvent répété, la relation dresseur-Pokémon était très loin de la relation maître-esclave.

C’était… délicat. En fait, ça ne se voyait pas, mais Mégami était actuellement en train de se poser mille et une questions. Il n’avait jamais fait la conversation avec un Pokémon de toute sa vie, du moins pas directement comme un dialogue avec un autre humain. Et même si cette Zoroark avait une apparence humaine, cela ne changeait en rien sa nature. Il devait faire attention à ce qu’il disait, autant ne pas troubler son interlocutrice par un quiproquo ou une gaffe.

-Beroz… d’accord. Moi je m’appelle Mégami.

C’était la moindre des choses que de donner son nom quand on demandait celui de quelqu’un d’autre.
Une chose était sûre, elle avait l’air très gênée, c’était flagrant, autant par son regard que par ses mimiques : pas très difficile de remarquer une gêne quand quelqu’un se mord la lèvre, c’est très courant comme attitude. C’est alors qu’il se souvint d’un certain détail qui pourrait être bien utile.
Il regarda un peu autour de lui et, comme il le pensait, il vit un banc de l’autre côté de la route. Par chance, il était vide, il prit donc une décision qui, malgré son importance tout à fait négligeable en apparence, pourrait permettre à cette Beroz d’être un peu plus à l’aise.

-Viens, on peut aller s’asseoir, ça sera plus pratique je pense. De toute façon, il ne vaut mieux pas qu’on y retourne tout de suite, autant faire passer le temps comme on peut.

Il parlait évidemment de la salle de jeux, pas besoin de le préciser pour qu’elle comprenne.
Il attendit donc que la seule voiture des environs passe -les voitures étaient plutôt rares dans cette ville, ce qui était compréhensible- en faisant attention à Beroz, puis traversa la r…
En faisant attention à Beroz. Il avait jeté un coup d’œil dans sa direction pour s’assurer qu’elle ne traverse pas devant la voiture. Pourquoi ? Pourquoi se sentait-il responsable de la sécurité de cette inconnue, Pokémon ou pas, maintenant ? Il n’avait pas pour habitude de vérifier si les gens faisaient bien gaffe de regarder s’il y avait une voiture. Alors pourquoi l’avait-il fait, cette fois ?

Tout en traversant et en allant s’installer sur le banc, la réponse lui apparut bien vite à l’esprit, toute simple. Il était évident que Beroz lui rappelait sa sœur, pour qui il aurait agi de la même façon. Et pour cause, ne l’avait-il pas appelée Sora, comme pseudonyme, pour la sortir du pétrin ? Ne l’avait-elle pas enlacé, même pour jouer la comédie, comme sa sœur qui est la seule personne à le faire ? Ne semblait-elle pas avoir le même âge qu’elle sous sa forme humaine ? N’avait-elle pas le même air innocent et expressif sur le visage ?
Mégami se courba pour poser ses coudes sur ses jambes et sa tête sur ses mains, le regard dans le vague. Il resta quelques instants sans parler, comme ça, si bien que le Pokémon qui l’accompagnait ne devait pas tellement comprendre ce qu’il se passait.
Le blond doutait déjà auparavant que quelqu’un puisse un jour lui rappeler sa sœur, mais si on lui avait dit que ce serait le cas et en plus de ça avec un Pokémon, il aurait sûrement ri. Pourtant, c’était de toute évidence ce qu’il se passait en ce moment-même. Cette fille… elle était un Pokémon. Elle semblait si humaine, et pourtant, elle demeurait un Pokémon ; elle demeurait une espèce considérablement éloignée de Mégami. C’était tellement difficile à saisir comme concept.

Je vais briser le quatrième mur pendant un instant, mais imaginez-vous, lecteur, qu’un jour vous rencontriez une personne avec qui vous sympathisez, qui a l’air parfaitement normale, comme tout le monde quoi, et que d’un seul coup cette personne se transforme en, disons, en chien. Certes vous n’avez rien contre les chiens, vous les adorez même, mais ça ne vous empêchera pas de trouver cela bizarre, et ce même si les chiens étaient connus pour pouvoir prendre n’importe quelle apparence. Vous vous direz « Attendez… je viens de sympathiser avec un chien ? », et vous vous poserez des questions.

C’était la même chose qui arrivait à Mégami. Cela le perturbait assez et ce, bien qu’il aime beaucoup les Pokémon. Ce n’était pas une pensée négative, c’est juste qu’il ne savait justement pas quoi penser.
Finalement, il se décida à parler, le regard toujours dans le vague, droit devant.

-Ne sois pas gênée, tu n’as pas de raison de l’être, tu sais, tu n’as fait que répondre à ma question. Et si c’est en rapport avec ce qui s’est passé dans la salle de jeux, je suis pas du genre à attendre quelque chose en échange d’un service rendu, ne t’inquiète pas. Je veux juste te donner quelques conseils.

Juste avant qu’il ne commence, il replanta son regard dans celui de la Zoroark, mais cette fois il se voyait prévoyant, tout comme sa voix.

-Quand tu te balades en forme humaine, tu devrais te choisir un prénom et un nom de famille, fixes. Si possible pas un prénom trop peu commun pour ne pas attirer l’attention -et si je peux me permettre, si tu veux faire les choses vraiment bien, maintenant que je t’ai appelé Sora et qu’il y a un donc un prénom sur ta tête, tu devrais peut-être le garder, mais bon ce n’est qu’un détail de toute façon et puis ceux qui t’ont vu jusqu’à maintenant t’auront probablement oublié demain. Pour le nom de famille tu peux choisir à peu près ce que tu veux. Et change-les à chaque fois que tu prends une forme différente. Si tu gardes toujours celle-là, alors pense à porter différents habits d’un jour à l’autre. Et essaye d’observer et de retenir notre façon de parler, ce que tu as répliqué à l’idiot de tout à l’heure quand il t’a agressé ne sonnait pas très naturel.
Bref, pense à tous ces petits détails, même si j’imagine que ce n’est pas facile.

Il refit pivoter sa tête pour le remettre dans sa position d’origine : le regard droit devant, l’air absent.

-Et désolé si je suis un peu maladroit dans ce que je dis, je n’ai pas pour habitude de dialoguer avec un Pokémon… enfin, si, avec mon équipe, mais disons que ce n’est pas le même type de dialogues.

Ca c’était dit, au moins. Et c’est vrai que plus il pensait à tout ça, plus le jeune Hells qui d’habitude paraissait si sûr de lui voyait son air assuré disparaître. Ce n’est pas comme s’il devenait gêné non plus, mais il était plutôt… hésitant, paumé. Il ne savait pas de quelle manière s’y prendre et espérait bien obtenir une réponse en interprétant celle que lui donnerait son interlocutrice.

On peut dire que la conversation n’était pas son fort, à celle-là. Et vu comme Mégami était bavard lui aussi, ils allaient se retrouver à sec très rapidement. En général, quand il n’avait pas une idée précise en tête de ce qu’il voulait dire ou demander à quelqu’un, c’était justement ce quelqu’un qui menait la conversation et non l’inverse.

Au moins la réponse de Beroz avait eu le mérite d’attirer son attention. Faire comme si elle était humaine… est-ce que cette solution en était réellement une ? Est-ce que ce n’était pas plutôt un moyen de refuser la vérité ?
Ouaaah, il s’en posait des questions tout à coup. Incroyable comment une simple petite rencontre pouvait troubler quelqu’un. D’un seul coup, d’un instant à l’autre, il se retrouvait à se demander si sa relation avec les Pokémon avait bien été celle qu’il croyait durant toute sa vie. S’il ne les considérait pas, inconsciemment, inférieurs aux humains. Rien que de penser à cette idée le répugnait, mais après tout il est bien possible de ne pas être en accord avec soi-même, ça arrive souvent d’ailleurs. Cependant, il pensait tout de même très bien se connaître et là, cet événement arrivé brutalement le forçait à se remettre en question.
Il repensait à sa rencontre sur le toit de l’académie, cette nuit-là, avec Kaos Black. Mégami avait toujours trouvé jusqu’à maintenant ses paroles exagérées, et le personnage en lui-même, extrêmement borné. Est-ce qu’en fin de compte, il aurait eu raison sur toute la ligne ? Est-ce que la relation que Mégami avait avec ses Pokémon, de maître à élève, était véritablement moins puissante que celle de l’amitié au point qu’il en arrive à être troublé en sachant qu’il parle à un Pokémon ?

Aïe aïe aïe, ça commençait à faire mal à la tête tout ça. A priori il répondrait que non et que ce n’était pas comparable puisque le Pokémon en question, Beroz, ne faisait pas partie de son équipe et donc il ne pouvait avoir la même relation avec elle qu’avec ses propres Pokémon. C’était même l’inverse en fait, vu qu’il l’avait connue sous forme humaine et traitée comme une humaine, bien qu’ils venaient à peine de faire connaissance, c’était plus un lien très primitif d’amitié qui s’était tissé entre eux, d’amitié entre deux humains, et rien d’autre. Elle-même s’était comportée en humaine depuis le début, est-ce qu’il était possible qu’elle préfère être considérée comme telle que comme une Zoroark ?
Mais inutile de l’assaillir avec ce genre de questions, là encore, il verrait bien s’il obtiendrait une réponse naturellement.

Mégami la regarda encore une fois. Au moins, elle avait l’air compréhensive, c’était déjà ça. Il avait bien entendu son petit rire juste avant qu’elle ne lui parle, mais il était très loin d’être moqueur. C’était assez ironique, il y a à peine deux minutes c’était elle qui n’était pas rassurée et maintenant, elle essayait de mettre le dresseur en confiance.

Ce dernier se redressa alors, se posant contre le dossier du banc et croisant les bras.

-Je ne sais pas. Ca pourrait être une erreur de réagir comme ça, je pense… ouais, non, en fait je sais vraiment pas. De toute façon, on risque de ne plus se revoir après, j’imagine, donc je peux essayer de te considérer en humaine pour cette fois, d’accord.

Pour la première depuis leur rencontre, il se força alors à sourire légèrement. Il voulait juste montrer par ce biais que la phrase de mise en confiance de Beroz n’avait pas été vaine.

-Je me pose un peu trop de questions, je sais.

Ca y’est, plus de munitions, il avait épuisé son quota de trucs à dire pour le moment. Et ça ne faisait même pas cinq minutes qu’ils étaient sortis, eh bien, la suite s’annonçait palpitante, qui résistera en dernier ? Pour Beroz tapez 1, pour Mégami tapez 2 !

Bon, eh bien il retirait ce qu’il avait dit plus tôt ; en fait, Beroz pouvait elle aussi être une bavarde quand elle s’y mettait vraiment. Alors comme ça, elle se posait beaucoup de questions aussi. Intéressant, on ne dirait pas comme ça, de la part d’un Pokémon qui prend forme humaine pour aller jouer dans une salle de jeux vidéo, insouciante. Comme quoi la première impression n’est pas toujours la bonne, d’ailleurs peut-être qu’au contraire elle avait voulu s’amuser pour se changer les idées, un peu comme lui au final.
Elle avait aussi soulevé un point important, celui de poser ses questions dès que l’occasion se présente. Alors là, elle ne croyait pas si bien dire. S’il y a bien une personne qui était frustrée de n’avoir pas pu en savoir autant que ce qu’elle aurait voulu, c’était bien lui, Mégami Hells. Malgré tous ses efforts pour ça, il n’avait toujours pas digéré complètement la disparition soudaine et brutale de Hana Watanabe, une de ses coéquipières de la seule mission qu’il avait effectuée jusqu’à maintenant, celle des Dardargnan et de l’Apireine, dont la conclusion ne l’avait que peu satisfait d’ailleurs. Bref, s’il en était à là aujourd’hui c’est justement parce qu’il n’avait pas posé les questions qu’il fallait à temps, pensant qu’ils avaient mieux à faire et que ça allait passer. Le résultat, on le connait.

Sa comparaison avec la colère était bien pensée, même ci elle n’évoquait pas grand-chose aux yeux de l’originaire de Bourg-Geon étant donné qu’il n’était presque jamais en colère. Ennuyé, lassé, blasé, ça oui, mais en colère c’était très rare, la dernière fois ça devait être pendant le Nonary Game, et il y avait de quoi. Et puis même lorsqu’il l’était, en général il ne cherchait pas à le cacher, donc tout allait bien de ce côté.

Sans plus attendre, il répondit, mais d’une façon assez étrange. Il avait réfléchi à une petite astuce et allait bien voir si elle fonctionnait.

-Avant de continuer la discussion, je dois t’avouer quelque chose. En vérité…

Il replanta alors ses yeux dans ceux de son interlocutrice et poursuivit, d’un ton décidé.

-…je suis un Métamorph.

Il l’avait dit d’une voix suffisamment sérieuse couplée à un regard franc pour que cette dernière phrase ne soit pas prise sur le ton de la plaisanterie. Il profita donc du court -ou long peut-être-  temps de réflexion de son interlocutrice suite à cette fausse révélation pour laisser un moment de silence, puis reprit la parole.

-Alors ? Qu’est-ce que t’as pensé ? Je te rassure, je ne suis pas vraiment un Métamorph, je suis un humain comme tu le pensais plus tôt. Mais même si tu ne m’as pas cru, je suppose que t’as quand même réfléchi, peut-être inconsciemment, peut-être très brièvement, à cette possibilité que je sois aussi un Pokémon. Essaye de retrouver cette réflexion. Comment tu te sentirais si j’avais vraiment été un Métamorph ?

Encore une fois il laissa un temps de silence, sans la quitter des yeux, avant de continuer.

-J’aimerais bien te poser des questions pour que ce soit plus clair, mais je ne pense pas que tu pourrais y répondre, ce sont plus des interrogations sur moi-même. J’ai toujours adoré les Pokémon, et pourtant je suis obligé de remettre en question mon lien avec eux. Pour moi, un humain est un humain, et un Pokémon est un Pokémon, même si à la base, on a tous la même racine. J’ai un lien particulier avec les humains, et j’en ai un autre avec les Pokémon, assez différents l’un de l’autre et jusque là je n’avais pas eu besoin de m’interroger là-dessus. Mais je viens de faire une rencontre que je n’avais jamais faite avant : un Pokémon qui prend la forme et se comporte comme un humain.
Et le problème, c’est que je ne sais pas comment te considérer vraiment, comment réagir, comment me comporter tout simplement. En fait, c’est ça, ma question : je sais comment je suis avec un humain, et avec un Pokémon, mais comment je peux associer les deux ?
Et c’est pour ça que je doute que tu puisses m’aider à répondre, vu que c’est une question sur moi-même et non pas sur toi.

Eh bien ça faisait un peu long tout ça, mais au moins y’avait matière à développer maintenant, d’autant qu’il n’avait pas oublié la réponse à la première partie de ce qu’il avait dit, pour le coup du Métamorph, et il était curieux d’entendre les pensées de la Zoroark à ce propos.

A l’audition du mot « blague » employé par Beroz, Mégami ne put réprimer un sourire amusé, et cette fois, vraiment franc, sans avoir forcé. D’ailleurs ce sourire se transforma vite en rire léger et à moitié étouffé, ce qui était déjà une chose exceptionnelle pour lui. Faire rire Mégami Hells, ce n’était pas une tâche aisée. Une blague… c’était marrant de voir qu’elle avait prit ça dans le sens d’une simple blague. Si on connaissait un tant soit peu le dresseur, on savait qu’il n’était pas du genre à faire des blagues de ce type, et surtout pas aux inconnus. L’imaginer en train de raconter des blagues à quelqu’un qu’il ne connaissait pas… c’est cette pensée qui le fit rire. Certes c’était un peu idiot mais bon, pour une fois qu’il riait, on n’allait pas lui reprocher, hein.

Bref, elle avait réagi comme il l’espérait : son esprit a voulu pendant un instant changer l’image qu’elle avait de lui, pour reprendre ses mots. Au moins, ça lui prouvait que ce n’était pas lui qui avait juste un problème.
Et à présent, c’était elle qui faisait un monologue en regardant devant elle, sûrement signe qu’elle y réfléchissait beaucoup. Vu le nombre de mots qu’elle débitait à la seconde, maintenant, ça se voyait clairement qu’elle n’était plus du tout gênée, et tant mieux. Mégami écoutait son récit avec attention. Donc, un humain aurait réussi à changer sa vision. Intéressant, il aurait bien aimé le rencontrer afin d’en discuter un peu avec lui. D’ailleurs, maintenant qu’il y pensait, lui aussi connaissait quelqu’un qui aurait certainement pu l’aider dans cette incompréhension… son professeur d’entendement et communication entre humains et Pokémon, M.Philgard. Tout simplement.
Malheureusement, depuis leur légère altercation qui datait déjà d’un moment, à propos de Mlle.Nova, en dehors des cours, Mégami n’avait pas vraiment eu envie d’aller lui parler ou quoi que ce soit d’autre… ce professeur était peut-être compétent et bon pédagogue, il savait enseigner sa matière d’une manière intéressante du point de vue du dresseur, mais en dehors de ça il restait quelqu’un d’étrange et d’assez imprévisible.
Il y avait bien Kaos Black aussi, mais lui c’était pratiquement l’autre extrême, et il avait refusé pendant leur débat de changer son opinion ne serait-ce que d’un poil. Donc, en ce qui le concernait aussi, Mégami n’avait pas tellement envie de remettre ça sur le tapis.

-Je comprends et je respecte le point de vue de l’humain que t’as rencontré. Mais je n’ai pas envie de considérer les humains et les Pokémon de la même façon. Je le dis peut-être un peu sèchement, mais de toute façon même si je le voulais j’y arriverais pas. Les humains se sont éloignés de la nature alors que les Pokémon, ou du moins la plupart, en sont restés aussi proches qu’auparavant. Et c’est qu’un exemple parmi tant d’autres, les humains se sont vraiment différenciés des autres espèces animales ces derniers siècles, voire millénaires, et pas forcément en bien d’ailleurs, mais ça c’est un autre débat.
Je connaitrais bien une personne qui pourrait peut-être m’aider là-dessus… un professeur à l’académie où je suis élève, à côté, t’as dû la voir déjà je suppose. Mais bon, en gros, il s’est passé des trucs qui font que je me sens pas d’aller le voir comme une fleur et lui demander « Au fait monsieur, vous pourriez m’aider ? ». Mais je rentrerai pas dans les détails, c’est une trop longue histoire.
Mais bon, pour te donner un exemple concret, maintenant que je t’ai connu sous forme humain, tu vois, je me permettrais pas de te donner à manger de la nourriture pour Pokémon dans une simple gamelle, alors que pourtant je sais que ceux de mon équipe adorent ça. J’aurais plus tendance à te faire manger la même nourriture que moi, dans une assiette, assis devant une table, avec des couverts. Tu… vois ce que je veux dire ?

Oui, il préférait s’en assurer maintenant parce que c’était pas sûr qu’elle avait tout suivi, même si elle lui avait pas semblé particulièrement bête depuis tout à l’heure.

Pas de chance Beroz, si l’on pouvait se targuer d’avoir gagné sa journée en réussissant à faire rire Mégami, même involontairement, le faire deux fois de suite relevait de l’exploit ! Bien qu’il demeurait plus facile de le faire rire une deuxième fois d’affilée que de commencer, mais ça ne changeait rien à la difficulté finale.
Donc, elle réussit quand même à lui arracher un autre sourire après son petit numéro sur le claquement de doigts. En tout cas elle savait claquer des doigts. Elle était douée dis-donc, parce que beaucoup d’humains n’y arrivaient pas et elle, Zoroark, sans problème.
Finalement, elle se rendit compte qu’elle n’avait plus beaucoup de temps devant elle. Ca faisait seulement quelques minutes qu’ils étaient sortis de la salle de jeux et elle peinait déjà à maintenir son illusion. De toute évidence, elle avait encore des progrès à faire de ce côté.

L’attention de Mégami se reporta sur un mot, un seul petit mot qu’elle prononça.
« Arian »

Son sourire disparut presque aussitôt, son visage reprenant une expression neutre. Arian, vraiment ? Le dresseur ne connaissait pas beaucoup de monde dont le prénom était Arian. Il n’y en avait qu’un, à sa connaissance, et qui plus est, Beroz avait l’air de dire qu’elle devait le retrouver. Cette fois il n’y avait pas de doute possible, pour qu’un Pokémon ait envie de retrouver une certaine personne, et que cette personne s’appelle Arian, ça ne pouvait qu’être lui : Arian Cadell Philgard, son professeur. Combien d’autres Arian sur terre avaient ce genre de relations avec les Pokémon, il ne savait pas mais sur l’île où ils se trouvaient il ne pouvait y en avoir qu’un seul.
Ce qui était étrange, c’est qu’elle avait dit ce prénom comme si elle savait qu’il comprendrait de qui elle parlait… aurait-elle deviné en si peu de mots à qui il faisait référence, lorsqu’il en avait parlé quelques instants plus tôt ?
Non, impossible. Expressive comme elle est, elle aurait tilté d’une façon plus notable. C’était sûrement une simple erreur d’inattention de sa part, l’emploi du prénom « Arian » au lieu d’une phrase du genre « si je veux revoir quelqu’un avec qui j’ai fait connaissance ».
Mais il n’avait pas l’intention de la retenir plus longtemps, si elle devait aller « se refaire », autant le faire le plus tôt possible. Et s’il entamait une discussion à propos de M.Philgard, il elle n’était pas près d’y aller. Non, définitivement, il ne lui en parlerait pas, en espérant qu’elle ne tienne pas trop rigueur de son sourire soudainement envolé.
Mais avant de la laisser partir, il avait une dernière chose à demander et, éventuellement, à faire. Un Pokémon, ce n’est pas vraiment reconnu pour se balader avec de l’argent.

-T’inquiètes pas, je vais te laisser y aller, y’a pas de problèmes. Juste, une dernière chose… je me demandais, où est-ce que tu l’as trouvé, l’argent pour aller jouer à la salle de jeux vidéo ? Pas besoin de mentir t’en fais pas, j’en tiendrai pas rigueur, j’ai juste envie de savoir.

Tout ça agrémenté d’un petit, petit sourire bien évidemment, pas forcé non plus. Eh, en fait, Mégami c’était quelqu’un de très souriant quand il était en confiance ! (bon j’abuse un peu mais n’empêche que c’est beaucoup plus que je le pensais !)
Il se doutait un peu qu’elle ne l’avait pas eu d’une façon très honnête et voulait s’en assurer.

Tiens, elle y était allée d’une façon plus correcte que Mégami ne l’aurait cru, pour la question de l’argent. Au moins, elle avait tout simplement demandé de l’argent à certains d’entre eux, même si bizarrement elle avait plutôt l’air de mépriser ces personnes que de leur être reconnaissante… enfin bref, il n’allait pas l’embêter maintenant avec cette histoire.
Et comme il le pensait, l’autrea partie avait été volée, c’était logique après tout même si ça n’en restait pas moins malhonnête.

Puis d’un seul coup, le choc : Beroz reprit sa forme originelle, une Zoroark tout ce qu’il y a de plus normale. Bien sûr, il s’y attendait de toute façon, il savait que ça lui ferait étrange de la voir sous cette forme, en fait il pensait même être plus surpris que ça. Voilà… au moins, les choses étaient mises au clair maintenant. Depuis le début il parlait à un être canidé, ayant pour seul vêtement sa fourrure et pour seuls cheveux, sa crinière.
C’était certainement mieux ainsi, plus de confusion possible, il était obligé de voir la vérité en face.
Malgré cela, il s’efforça de ne pas montrer ses émotions, d’une part pour ne pas attirer l’attention sur eux et d’autre part pour ne pas qu’elle se sent vexée ou quoi que ce soit, même si maintenant qu’ils avaient un peu fait connaissance, ça l’aurait étonné de sa part. Mais il ne voulait à présent pas prendre le risque pour être sûr de ne pas la troubler. C’était bizarre, mais après ces quelques minutes de discussions, alors qu’ils venaient de se rencontrer, Mégami éprouvait une certaine sympathie envers Beroz. Non en fait, ce n’était pas de la simple sympathie, c’était pratiquement un début d’amitié. Peut-être cela était-il dû à leur petit numéro de tout à l’heure, devant les autres, en tout cas il était d’habitude quelqu’un de très difficile pour ce qui concernait l’amitié, et il ne s’expliquait pas vraiment l’origine de cette confiance quasi instantanée. Mais bon, les sentiments ont-ils vraiment besoin d’explications, de toute manière ? Il savait juste qu’il appréciait ce Pokémon et en l’occurrence c’était tout ce qui comptait.

Pendant que les autres piétons détournaient leur regard d’eux, il reprit la parole de sa voix calme et désormais, amicale.

-La prochaine fois, la petite délinquante regardera autour d’elle et viendra m’en demander à moi directement si je suis dans les parages, hein ?

Voilà qu’il plaisantait maintenant. Tout cela lui confirmait d’ailleurs un fait.
Ca faisait très longtemps qu’il n’avait pas autant souri en quelques minutes. C’est vrai, depuis peu, il avait passé plus de temps à sourire sans se forcer qu’à rester neutre comme il faisait d’habitude. Cette rencontre avait eu quelque chose de spécial visiblement. Comme pour s’allier à ce sourire véritable, l’expression de son visage entier avait changé. Il avait gardé les mêmes traits physiques évidemment, pourtant si quelqu’un qui connaissait le Mégami habituel l’avait vu à ce moment, il se serait certainement demandé s’il ne s’agissait pas d’un sosie ou de lui mais qui avait pris un coup sur la tête, tant il était méconnaissable. Ses traits s’étaient tout simplement adoucis, il n’y avait plus aucune trace d’un quelconque air blasé ou stoïque sur son visage ; au contraire, il était expressif, à tel point qu’on pouvait presque voir briller une lueur de gaieté dans ses yeux bleus, pourtant réputés comme impénétrables. Si une photo devait être prise, ça serait maintenant, parce que ce n’est pas demain la veille que vous le reverrez tel que pendant ces quelques instants.
Puis, sans hésitation, il approcha sa main droite de la tête de Beroz puis posa sa main brièvement non pas sur le dessus de sa tête, parce que même s’il n’était pas au courant pour cette espèce en particulier, il savait que chez plusieurs espèces de Pokémon c’était considéré comme un signe de domination, mais entre son oreille et le coin de sa bouche, là où serait supposément sa joue, avant de lui faire rapidement quelques caresses/gratouilles à cet endroit. Tout en retirant sa main, il parla, d’une voix un peu moins forte que celle qu’il utilisait jusqu’à maintenant.

-Tu vois, ça par exemple, je pense pas que je l’aurais fait sous ta forme humaine.

Et sans attendre davantage, mettant fin peut-être un peu brusquement à ce petit moment de complicité, il se leva, s’étirant un peu puis remettant ses mains dans les poches de son manteau, perdant au passage cet air spécial sur le visage qu’il avait quelques secondes auparavant. Il reporta son attention sur la Zoroark et conclut.

-Bon, je te laisse y aller, alors. Peut-être à une prochaine fois, et… fais attention à toi. Portes-toi bien d’ici là.

Eh voilà. Debout, face à sa partenaire de discussion du moment, il attendit son départ.

Immobilisation. Le jeune dresseur s’était tout simplement figé sur place, debout. Alors non, ce n’était pas à cause du bon gros câlin qu’elle venait de lui faire sans prévenir, ni même à cause du bisou-sur-la-joue-final-qui-fait-défaillir-les-garçons-parce-qu’il-est-fait-par-une-fille-cool. Non, non, c’était avant ça, d’ailleurs c’est pendant ces deux derniers moments qu’il n’avait pas bougé. Il n’avait pas réagi de suite car ils se parlaient depuis tout à l’heure, donc il n’avait fait qu’entendre une voix et c’est tout. Mais c’est après sa dernière phrase qu’il réalisé ce qu’il venait de se passer.
Un Pokémon venait de parler ? Dans sa langue ? A voix haute ?!
Ce n’était pas de la télépathie, elle venait bel et bien de parler comme l’aurait fait n’importe quel humain. Il avait bien entendu dire que c’était quelque chose qui pouvait arriver, mais…. C’est la première fois qu’il y assistait, ça avait le don de surprendre. Dire que depuis tout à l’heure il discutait avec un Pokémon et que c’est seulement maintenant qu’elle avait repris sa forme originelle que ça lui semblait bizarre. Mouais, y’a quand même des mystères, des fois…

Il se retourna peu après que celle-ci se soit retirée -en ayant bien noté son « Merci pour tout », mais franchement il n’y avait pas de quoi- et soit repartie pour sortir de la ville, pour la voir en train de lui faire un signe de la patte, certainement en guise d’au revoir. Il n’eut de toute façon pas l’occasion de lui répondre puisqu’à peine après avoir effectué ce geste, elle s’était déjà remise en route pour sa destination.

Bon, eh bien voilà qui était fait. Il avait encore un peu de temps avant de rentrer à l’académie, le soir n’était pas encore totalement tombé, et puis il n’aurait qu’à prendre le bus et il y serait vite fait. Autant rentabiliser ce temps en retournant dans la salle de jeux ! Il avait un score à faire et il comptait bien reprendre sa place de deuxième.

De toute façon, il était inutile de s’en faire, au fond. Si elle devait retrouver son professeur d’entendement et communication entre humains et Pokémon, M.Philgard, à l’académie, nul doute qu’ils se reverront un jour. Il ne savait pas exactement ce qu’elle avait voulu dire par « si je veux revoir Arian », mais une chose est sûre, si elle devait un jour devenir un Pokémon du professeur, alors il ne s’inquiétait pas pour sa liberté ou son bien-être. Cet enseignant avait beau être difficile à cerner, une caractéristique ressortait plus que tout chez lui, la façon dont il traitait les Pokémon, et elle ressortait positivement.

Quant à lui, tout ça lui avait fait penser à un truc. Un certain magazine que Kaos lui avait passé après leur rencontre. Il l’avait lu une fois juste après cette deuxième rencontre, avait ensuite fait quelques recherches sur internet à ce propos pendant plusieurs jours, puis l’avait posé dans un coin à un moment parce qu’il avait pas mal de travail à faire et finalement l’avait complètement zappé, mais du coup maintenant il se rappelait de ça, et ce magazine méritait qu’on s’y attarde.

Ce soir, il s’y réattaquerait, vu qu’il n’avait rien à faire. En attendant…
GAME START !


[Efficacité et rapidité, je crois que ce sont les deux mots qui peuvent définir notre RP ! XD Je te remercie beaucoup parce que non seulement tu m'as permis de développer mon perso mais en plus tu m'as redonné un coup de boost pour l'écriture de RP en général, donc c'est cool ! \o/ Sur ce, RP terminé.]