Retrouvailles enneigés [Pv Luka]

L'hiver...

Une excellente saison pour voyager, pour vivre, pour rencontrer, pour sentir et pour rêver. Elle inspire les scientifiques, les amoureux et les artistes. C'est une époque délicate aussi or elle peut procurer une certaine sensation de vide puisque les familles se réunissent, des nouveaux liens se tissent et d'autres ne peuvent que vivre dans le passé, noyés dans leurs souvenirs, dans leurs regrets.

Tout s'était bien passé et je n'avais rencontré aucun obstacle durant mon voyage jusqu'à Edenia. Cependant, la côte de neige était assez « élevée » pour pouvoir profiter pleinement de mon véhicule, alors, j'avais non seulement dû y aller très lentement mais j'avais du garer ma moto près des dortoirs. C'était le seul endroit où il ne pouvait pas lui neiger ni grêler dessus directement puisqu'il y avait plusieurs rebords qui servaient de toit. Pour l'instant, je ne pouvais pas le faire autrement, puisque je n'avais pas pu acheter une bâche, je n'avais pas eu le temps.

J'ai rapidement passé par le secrétariat afin de récupérer les clés de ma chambre avant d'aller déposer mes affaires. Cette sorte de petit studio était tout ce dont j'avais besoin, au final : un lit, un canapé avec une télévision, une armoire, une salle de bain et une petite cuisine. J'allais tout de mêmes devoir acheter des étagères au cas où je voulais déposer mes trophées, mes médailles et autres. De toutes façons, qui allait entrer dans cette piaule où j'allais dormir une fois par semaine ?  Je pourrais presque garer ma moto dedans, personne ne le saurait.

L'hiver ne faisait que me rendre plus distant puisque je refusais de tisser des liens avec des bons à rien, avec des personnes superficielles qui ne s’intéressaient qu'à mon physique et à cette célébrité, à cette réputation que j'avais forgé depuis ces trois dernières années. Personne ne voulait pas de Luka Redfield. On ne voulait que connaître et traiter avec Zess Crosszeria. Ironique, n'est-ce pas ? Je n'avais pas de famille, je n'en avais jamais eu d'un point de vue sentimental et psychologique, puisqu'ils n'avaient jamais été là pour moi, autrement que pour me pourrir la vie, pour tenter de me faire sombrer et pour me piétiner, pour briser mes rêves et mes envies. Aujourd'hui, je suis quelqu'un qu'ils n'auraient jamais cru que je puisse être. Tout ceci, je le dois à trois êtres, dont un qui n'est plus : Kuroha -mon fidèle compagnon-, M. Yoshitaka -mon mentor, en quelques sortes- et à Kayline -ma sauveuse-. Kayline... ma bien aimée, Kayline. Malheureusement, je n'avais pas eu le courage de lui faire part de mes sentiments avant qu'elle vienne ici, à Gakuen Pokémon. Toutefois,à présent, c'est moi qui est venu, pour tenir ma promesse, La promesse que je lui avais fait le jour qu'elle me sauva. Elle est tout ce que j'ai, tout ce dont j'ai besoin... Elle est ma raison d'être et pourtant... depuis que le destin a voulu qu'on s'éloigne l'un de l'autre, je n'ai plus rien su d'elle. Est-ce qu'elle va bien ? Est-ce qu'elle a réussi à avoir ses badges, comme elle voulait ? Est-ce qu'elle a des amis et s'amuse où elle est ? Elle dort et mange bien ? A-t-elle quelqu'un qui la comprenne et qui l'aime... ? Quelqu'un d'autre que moi, qu'elle préfère et à qui elle corresponde ? M'a-t-elle oublié ?

Je dois avouer, que je suis un peu nerveux, à l'idée de la revoir puisque j'ignore comment va-t-elle réagir et comment devrais-je réagir aussi... Me reconnaîtra-t-elle ? Je n'ai pas beaucoup changé, hormis le fait que je chausse du quarante-sept et que je fais un peu plus d'un mètre quatre-vingt-dix.  J'avais décidé d'être surveillant, non pas pour l'argent mais parce qu'il y avait plus de chances que je puisse la voir souvent qu'en étant professeur de sport, par exemple. Je ne pouvais pas l'être, d'ailleurs... je ne supporterais pas d'avoir entre vingt et trente élèves qui me cassent les pieds à longueur de journée... Puis, être surveillant, bien que peu ambitieux, a des horaires très flexibles. Personnellement, je n'ai pas besoin d'argent, j'en ai assez grâce au mannequinat et aux compétitions. Un croassement me fit sortir violemment de mes pensées, attirant mon attention hors de la chambre.

Combien de temps avais-je passé là, assit sur le canapé, en train de regarder fixer mes mains ? Kuroha était sorti, il surveillait ma bécane, sans doutes, puisqu'elle était l'un de ses perchoirs préférés. Ma moto... Je me suis levé puis je suis sorti par la fenêtre, puisque j'étais au premier étage. Il n'y avait pas une grande hauteur et je n'avais pas le temps de faire tout le tour. Mon pokémon croassa encore une fois, puis une autre et une autre. Il croassait mais il semblait être assez désagréable. Il n'y avait aucun doute... on était en train de faire quelque chose à ma bike.

De loin, j'ai une boule de neige -assez grosse-, partir en direction de mon pokémon, qui d'ailleurs, l'a réceptionnée avant de s’ébrouer tout en gonflant son plumage. Quand je suis arrivé sur place, je n'ai pas pu empêcher de tiquer. On avait renversé ma moto sur la neige et on essayait vainement de la relever, pour faire mien de rien, après. Eh NON ! Malheureusement pour cette chose, cette... gamine qui l'avait balancé en faisant on ne sait quoi avec ces pokémons risquait d'en prendre cher. Je me suis donc approché, lentement afin de la prendre in fraganti.

_ Phébus, c'est dans les moments là que j'apprécierais ton aide. fit-elle en reclamant l'aide d'un de ses pokémons, lequel? Qu'importe...

Kuroha lança un croassement moqueur ce qui attira l'attention de cette adolescente... aux cheveux blonds ? Alors, j'ai mit mes lunettes de soleil sur la tête en baissant le col de mon manteau. Et, lorsqu'elle leva la tête, toujours agenouillée, nos regards se croisèrent et elle sembla se raidir, se figer sur place. Je n'avais pas prit la peine de regarder la fille, je me suis juste penché pour retirer ses mains de MA moto pour pouvoir la redresser, retirant la neige qui était collée au siège et à sa carrosserie.

_ Non mais... Tu ne peux pas faire attention ? Tu sembles être assez grande et je m'en fous de ce que tu foutais, mais fais attention à ma bécane, tu veux ? Mon pokémon vous a tout de mêmes prévenus, je l'ai entendu, mais rien. lui dis-je assez sèchement avant de fermer brièvement les yeux.Qu'est-ce qu'il faut faire ou dire pour qu'on fasse attention aux affaires des autres, maintenant, nom d'un arca-

À cet instant même, j'ai revu ces profondes et magnifiques iris bleus, brillants et limpides qui autrefois s'accompagnaient avec un grand sourire chaleureux et d'une longue chevelure dorée. Je rouvris rapidement les yeux : C'était elle...? Je me suis tourné de nouveau vers elle et mon expression glaciale, voire assez... colérique se dissipa, comme la neige à l'arrivée du printemps.

_ ... Kayline ?

Mon cœur se serra. Kuroha sauta de sa branche puis plana afin de s'installer près de nous, sur le siège de la moto, droit et fier, comme à son habitude. Je fus surpris de la rencontrer ici et maintenant, dans une telle.... situation. Et elle... qu'en ressentit-elle?

Tenue de Lulu:

Elle me regardait, en silence, comme si elle n'arrivait vraiment pas à croire que cela pouvait être moi... Ou bien, elle ne m'avait pas reconnu. Un petit flocon tomba sur son nez avant de fondre. J'aurais bien voulu sécher cette perle glacée qui daignait de toucher ma bien aimée. J'étais presque jaloux d'un misérable flocon, des petits cristaux qui fondent rien qu'en effleurant votre peau... Ce court silence sembla durer une éternité et encore mais, heureusement, on le rompit:

_ Euh... Oui, salut. fit-elle avant de passer une main dans sa longue chevelure dorée, remettant sa capuche par la suite.

Si je n'avais pas un minimum de contrôle sur mes expressions faciales, j'aurais pratiquement pu afficher un air déçu. Seulement « salut »... Je savais parfaitement qu'elle n'allait pas non plus sauter dans mes bras, mais à quoi m'attendais-je ?  Elle croisa ses bras, se montrant aussi fière que dans mes souvenirs. C'était bien son caractère indomptable -telle une reine- qui me plaisait, autant que son physique, mais, surtout, j'appréciais sa persévérance et sa bonté.

_ Oui et bien excuse moi pour TA moto, mais je te rassure, j'ai les mains propres, et mes vaccins sont à jours ! Pas la peine de m'expédier comme une malpropre... On jouait. lança-t-elle tandis que deux de ses pokémons s'approchaient.

Il faut dire que je ne savais pas vraiment comment agir, non plus... Je ne pouvais que rester  aussi naturel que possible. Mais, si je l'avais reconnue avant, je n'aurais sûrement pas été aussi... désagréable. Ma moto, c'est sacré, comme qui dirait et il ne faut surtout pas l’abîmer. D'ailleurs, Kuroha était de mon même avis, puisqu'il y tenait aussi, il est très territorial.  

_ Voici mes deux pokémons, la Givrali c'est Borée et le Gallame, Phébus.  continua-t-elle en me présentant les deux pokémons en question.

Alors que la givrali me saluait avec une petite moue désolée -elle devait l'être sans doutes, pour ce qui s'était passé-, le pokémon psy s'inclina avant de... s'adresser à moi ? Il le faisait par télépathie, sans doutes, mais aucun pokémon psy ne s'était adressé aussi humainement à moi depuis que j'avais quitté la Team Rocket.

_ Vous êtes Zess Crosszeria, non ? Enchantée de vous rencontrer, j'ai eu l'honneur de lire quelques bribes de vos interview dans les magasines que dame Kayline achetait. me demanda-t-il en dévoilant une information aussi intéressante que flatteuse.

Alors, comme ça, elle avait plus ou moins suivi mon développement artistique ? Mon regard se posa sur elle, qui se mit à rougir indiscrètement, gênée par les aveux de son compagnon pokémon. D'un côté, savoir qu'elle ne m'avait vraiment pas oublié, me rassurait énormément. J'avais bien fait de lui dédier une interview implicitement or, je suis presque sur qu'elle a du l'entendre ou la lire quelque part. Cependant... aura-t-elle compris que je m'adressais à elle?  

_ OUI ! Des magasines de dresseur, tu vois bien, des techniques, des astuces... Il arrivait, que parfois, tu étais dedans.  précisa-t-elle en rattrapant les dires de son gallame. Elle se tourna vers lui en plissant les yeux avant de le corriger, quant à mon nom:  Et son nom, c'est Luka.

Son regard sembla quelque peu insistant, comme si elle cherchait à garder un maximum de sa vie privée en « secret ». Alors... c'était vrai, au sujet des magazines ? Les pokémons ne mentent que rarement et ce sont seulement quelques races, quelques types, puisque les autres n'ont pas l'essence du mensonge, selon ce que j'ai pu apprendre depuis tout ce temps. Dernièrement, elle se mit à souffler dans ses mains -afin de les réchauffer- puis entoura doucement sa tasse de chocolat chaud.

_ Dans mes souvenirs, Kuroha était moins... Rabat joie ? Enfin, je n'ai pas eu énormément le temps de le connaître.  termina-t-elle en observant mon starter.

En entendant cette remarque, je ne pus pas m’empêcher de rire -un peu-. Rabat joie... c'était une belle façon de caractériser mon pokémon, mais il était surtout d'une nature fort territoriale, avec un humour malsain. Il était un vrai oiseau de malheur, pour les autres, mauvais à plus en pouvoir, sans doutes, fourbe et rusé, mais c'était mon compagnon et avec moi, il était sage. Je l’appréciais tel qu'il était puisqu'il m'avait accepté tel que j'étais, aussi.

_ S'il n'était pas ainsi dans tes souvenirs c'est parce que tu as eu la chance de ne pas assister au dégommage du dernier qui a fait basculer ma bike sur l'asphalte. Il n'a pas changé, je peux te l'assurer. Hormis le fait qu'il ait évolué, il est toujours le même. répondais-je en tendant une main vers mon pokémon afin de caresser plumage, lentement.Puis, tu me connais, tu devrais savoir que je ne t'aurais jamais parlé -ni agit- ainsi si je t'avais reconnue avant. Ne t'enflamme pas trop, tu veux ? ajoutais-je en lui adressant un léger sourire. Zess Crosszeria est uniquement mon pseudonyme « d'artiste », je l'utilise aussi pour les compétitions, certes, mais tu peux m'appeler Luka, Phébus. Enchanté de vous rencontrer aussi.continuais-je en me penchant un peu, afin de caresser la tête de la givrali, doucement, sans la brusquer.Accessoirement... Ce n'est pas grave, voyons, vous ne l'avez pas fait exprès, puis, comme Kayline a dit, ce n'est que de la neige, ce n'est pas comme si ma moto était tombée dans la boue. D'ailleurs, en parlant de tout ceci, comment va Neptune ? Et toi, Kayline, comment te portes-tu, depuis tout ce temps ? terminais-je en me redressant.

J'avais toujours autant de questions en tête et ne pas pouvoir les poser en même temps me frustrait, tout comme savoir mon amie d'enfance aussi près et aussi loin -à la fois-. On se connaissait bien et pourtant, comme si nous nous étions distanciés -non seulement physiquement, mais psychologiquement- depuis qu'elle avait quitté Carmin sur mer. Le stress et les doutes s'étaient évanouit, mais j'avais toujours un pincement au cœur. Je ne voulais qu'une chose : la prendre dans mes bras et la saluer comme il se doit...

Elle ne réagissait pas vraiment. Si je ne savais que c'était elle, si elle ne s'était jamais montrée aussi fière que d'habitude, j'aurais parié que je m'étais trompé de personne... que celle que j'aimais n'était plus, tout simplement, qu'elle avait changé -on ne sait à mieux ou à pire- et que je l'avais perdue...

_ Je vais bien merci, Neptune a évolué. me répondit-elle. Luka je suis...

Cette réponse me sembla plus que froide. Si j'avais été comme j'étais dans le passé, j'aurais sans doutes cru que ma présence la dérangeait plus qu'autre chose et mon amour pour elle n'était qu'une perte de temps, qu'elle s'était sans doutes apitoyée de moi et qu'elle allait me laisser tomber, mais ce n'est pas du tout le cas. Elle était mon amie, elle était différente... Certes, après tout ce temps sans nouvelles, sans oser en prendre surtout, c'est normal.

On fut rapidement interrompus par la sonnerie du bahut, j'ai donc rompu le contact visuel, levant instinctivement la tête puis la tournant en direction de l'académie. Ces liens qu'on avait tant eu de mal à tisser... se seraient-ils affaiblis ? Je sentais le regard de Kuroha posé sur moi : il avait sans doutes compris que j'avais du mal à concevoir le fait que Kayline se montre aussi distante envers moi. Quoi qu'il en soit, je ne laisserais pas tomber.

_ Je dois y aller, à une prochaine fois.  termina-t-elle avant de partir.

J'eus à peine le temps de tendre la main, sans pouvoir accompagner mon geste des paroles dues... C'est vraiment frustrant, sincèrement. Mon sourire s'effaça directement et je repris mon air hautin. Je vis que son gallame restait en retrait, il me regarda et s'adressa à moi:

_ Toutes nos excuses pour votre véhicule. J'espère sincèrement que vous vous retrouverez dans d'autres conditions. s'excusa-t-il avant d'aller rejoindre sa dresseuse.

À contrecœur, je devais supporter cette nouvelle distance entre nous. Tôt où tard, je réussirais à me rapprocher de nouveau d'elle. Rien ne sera comme avant, certes, mais je les changements et efforts nécessaires pour conserver notre amitié ne seront jamais vains. Après tout, je lui avais fait une promesse...

Soupirant, j'ai de nouveau garé la moto près des dortoirs avant d'entamer ma première journée de travail au sein de l'académie. Kuroha s'est perché sur l'une de mes épaules, semblant vouloir me remonter un peu le moral. De toutes façons, on risque de se croiser assez souvent, je pense. Je pourrais au moins l'observer, en silence.

Si tu savais à quel point je t'aime, Kayline...