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| Sujet: Chasse à la vérité! [Event Pâques + Capture] Mar 1 Avr - 21:09 | |
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❝ Chasse à la vérité! ❞Evénement de Pâques + capture
Une épaisse brume planait sur toute l’île, sublimant cette dernière avec féérie. Tout paraissait baigné dans un monde nuageux, où la dureté et la rigidité n’avaient guère leur place. La douceur était de mise et s’imposait symboliquement sur ce monde s’endormant. Les arbres semblaient s’élever dans un océan cotonneux, cachant leurs tristes branches dénudées. Leurs écorces, elles seules, continuaient de paraître au long de ce chemin sylvestre. Au-dessus des cœurs dans lesquels coulent la sève, les oiseaux migrateurs, quelque peu retardataires il est vrai, chantaient allègrement leur départ vers la chaleur du sud. Les notes aigues valsaient dans les hauteurs blanches, inaccessibles pour les anges déchus, privés d’ailes. L’herbe tantôt mourante s’écrasait à chaque pas, délivrant quant à elle sa chanson rassurante car si familière. Elle pleurait la fin des beaux jours, les perles de l’infini chapelet appartenant à la rosée tombant délicatement sur le sol. Ce dernier serait bientôt glacé par le redoutable froid. Mais il n’était pas encore l’heure, non. Alors les dernières feuilles tombées dansaient sur la courbe de la fraîche bise, venue de l’est, parsemant la frontière entre blanc et brun de quelques nuances de rouge et d’orange. Parfois on trouvait quelques cratères remplis d’eau brune, laissés çà et là par les Hommes aventuriers. Ils sursautaient parfois, lorsque quelqu’un ou quelque chose pénétrait en eux. Alors il libérait d’infimes vagues, qui s’écrasaient tantôt à même le plancher antique. Ils étaient timides et faisaient d’un rien un tout. Bientôt tout ne serait plus que secret caché par la neige, sous laquelle tout mourait définitivement. Il fallait profiter ! Il fallait offrir beauté et joie mélancolique au brouillard venu en invité. « Souffle plus vite, bohémienne des pays froid ! » semblaient s’écrier les futures poussières rouge sang. Il fallait les comprendre ; sans doute voulaient-elles profiter des dernières mélodies ? Tel était la toile dressée par Dame Nature en cette journée hivernale, la toute première. Elle n’était qu’un prologue à ce qui bientôt arriverait ; fatalité répétitive au cours de l’histoire. Oui, cela se reproduirait encore cette année-ci. « Malheureusement oui, l’hiver viendra une fois de plus » pensa tout haut, de sa belle voix, Soledad. Elle avançait sans réellement savoir pourquoi entre ces troncs immobiles, soldats figés par les combats contre le vent. Son cœur battait sereinement, embaumé par le parfum brut de la nature, vieille femme raffinée. Dieu que tout cela lui avait manqué. Comme un combattant rentré de la guerre, elle comptait bien redécouvrir avec magie les lieux qui l’ont bercée, encore et toujours. Depuis combien de temps n’était-elle pas venus par ici ? Le travail la préoccupait tant, et l’organisation dont elle faisait partie s’était récemment réveillée. Elle avait dû renoncer, à contrecœur, à ces balades silencieuses, ou elle n’attendait rien de personne. Il était bon de se savoir à l’abri de quiconque, loin des besoins hypocrites, surfaits des citadins qui ne semblaient pas toujours comprendre la relation entre l’Homme et ce qui l’entourait. Le précédent « maître », mot si répugnant, de Samos en fut la parfaite preuve. Quel monstre, quelle brute ! martelait Soledad dans son âme engourdie par la paix. Le Pokémon marchait à ses côtés, gardant le silence le plus complet. Il n’aimait que peu exprimer ce qu’il ressentait. Pudeur et fierté ; curieux mélange pourtant connu depuis des siècles. Mais cette intimité des plus strictes n’avaient aucune importance, Soledad la comprenait. Elle savait également, du moins elle en était persuadée, que la taupe grise avait accepté sa présence. Il n’était plus aussi violent qu’aux premiers jours. Parfois, elle parvenait même à ressentir une once, qu’importe si elle fut infime, de reconnaissance dans ces petits yeux usuellement si pleins d’amertumes. Il était heureux d’avoir été sauvé, c’était là une évidence aussi pure et évidente que les diamants furent éternels. Elle espérait d’ailleurs pouvoir en créer un, avec son aide. Elle le voulait resplendissait de bonheur et de fierté, telle une pierre précieuse. » Le cœur en est-il une, d’ailleurs ? Cette fragilité et ce tranchant alternés sont tellement similaires » pensa-t-elle, inspirée par la poésie régnant dans l’air. Elle regarda le Pokémon, hésita à prononcer son nom mais se tut. Le silence semblait lui plaire. Elle crut apercevoir un sourire, mais se détourna brusquement, ne voulant pas imposer son regard à son partenaire. Il fallait, à ses yeux, respecter ce paisible moment. Une nécessité. Pour lui comme pour elle. La marche assassine de bruit continua, prospère. Cela dura quelques minutes, courtes et longues à la fois, intenses et pourtant vides. Etrange sensation. Puis, surgissant de nulle part, un son surgit. Les deux compères se retournèrent, surpris mais rien ne se dressa devant eux à l’exception de feuilles virevoltant dans la bise. Un malaise fluet naquit. -Qu’est-ce que… Ils se retournèrent, il fallait continuer comme si de rien n’était. Comme si ce son argentin n’avait jamais surgi, comme si nulle question n’avait besoin d’être posée. C’était dur, évidemment. Mais ce tourmenté ne rimait à rien, telle était la deuxième évidence, celle-ci même qui évinça la première. Elle était trop fragile face à la raison. Alors à nouveau, à chaque seconde deux pieds écrasaient le sol affaiblit, humide. Mais le son surgit à nouveau. Une fois d’abord, puis deux et enfin trois. Une cloche ! Oui, il s’agissait bel et bien d’une cloche. Troisième vérité irrévocable. Ils se retournèrent, virent une silhouette animale obscure, tamise dans les profondeurs sylvaines. Soledad voulut engager la conversation ; trop tard, la créature s’était déjà enfouie. Un regard échangé, cette fois-imposé par les circonstances et nécessaires, entre eux deux provoqua une course poursuite effrénée. Plus vite ! Toujours plus vite ! Un besoin, une clé indispensable à la vérité. Alors troncs et brins d‘herbe mourante commencèrent à se succéder de plus en plus rapidement au fur et à mesure que les poumons s’agitaient, travaillent dur. Le cœur suivait lui aussi, quémandant plus de sang à chaque effort plus intense. La cible réapparut, accompagnée de ce même cri métallique. Un parfum calciné se répandit dans l’air, écrasant les senteurs de bois. Une vague de chaleur sembla se diffuser. Mais d’où venait-elle ? L’excitation perturbait les sens, vil défaut. Cela venait de derrière eux ! Samos se retourna, accéléra une fois de plus. Quelle vitesse ! Stupéfiant. La noiraude suivit, s’accrochant à cette sensation de feu proche. Il fallait suivre le rythme diabolique et éviter les racines sournoises. Ce n’était guère une mince affaire. Le concevez-vous ? Elle commençait à fatiguer, mais ne pouvait pas renoncer. Elle devait tenir bon et… Les voilà tous deux arrêtés. Consternée, elle s’arrêta à leur niveau et s’arrêta. « Pitié, que ça s’arrête! » Masqué par les ténèbres, la bête brûlante se terrait. Devant lui, un œuf était posé. Que faisait-il donc là ? La créature l’avait-elle emmenée avec elle ? Nouvelle salve de questions. Il faudrait encore une fois s’imposer pour découvrir les réponses. Cruelle chasse aux œufs, telle fut la métaphore. La femme s’avança, retira son chapeau blanc aux coutures dorées. Elle prit la parole, douce mais encore essoufflée. Sa voix parut parsemée d’émotions.
-Qu’est-ce que ça signifie ? Pourquoi nous faire courir comme ça ? Qu’est-ce que tu veux ?
Pour simple réponse, la bête avança sa patte et poussa l’orbe empli de vie vers le duo. Sa coquille était rose. Un ruban d’or était attaché à lui, portant une cloche argentée. Le futut nourrisson brillait, resplendissait dans cette forêt enchanteresse, aux allures de contes de fée. Soledad ne put s’empêcher de l’admirer, rêveuse. La bête prit la voix et déclara :
-Prenez-le, il sera entre de bonnes mains avec vous. Je sais que vous êtes de bonnes personnes.
Samos garda, comme d’habitude, le silence. Pourtant, de la curiosité s’affichait sur son visage auparavant parfaitement neutre. Soledad émit une seule syllabe, incompréhensible, étouffée par l’élan de demi-tour qui propulsa la bête. Ce parfum de feu, cet air chaud enivrant poussa la belle à continuer contre le gré de ces muscles tout en portant l’œuf dans ses bras. Comme il était chaud ! Son partenaire suivit, se lançant dans une attaque Tunnel pour rattraper le fugitif. Alors lui aussi voulait savoir? La quête dura. Encore et encore. Secondes, minutes. Battements, souffles. Fatigue, excitation. Tout ce succédait si vite. Puis, la taupe surgit des entrailles de la terre et arrêta le chien des enfers ! Il s’agissait bel et bien d’un Malosse ! Soledad s’approcha. Cette fois-ci, elle en était persuadée, il s’agissait inéluctablement de la dernière rencontre. Il le fallait. Elle ne pourrait plus courir. Elle remarqua sa bête blessée. Sans doute par un combat acharné, sauvage. Loi de la forêt.
-Mais… viens avec nous ! Tu le peux ! Tu ne vas quand même pas fuir avec une telle blessure… -Je tiens trop à ma liberté, répliqua-t-il. -Ecoute-moi, déclara-t-elle, tu seras aussi libre que tu le souhaites. Je ne t’imposerai rien, si ce n’est un toit et de la nourriture. De quoi survivre à coup sûr et, si tu en veux, de l’affection. La même que tu as donnée à cet œuf. Tu pourras rôder autant que tu le voudras, te battre pour montrer ta force si tu le veux.
Elle souriait. Elle s’était approchée de lui et, étonnamment, il n’avait pas fui. Il n’avait pas gémit, pas bouché. Elle se pencha, gardant le bout de vie au creux de ses bras, appuyé contre sa poitrine. Elle était sincère, cela se lisait sur son visage rougi par les efforts, les émotions. Tornade vécue, ouragan de sentiments. Il se tut tandis que la taupe restait en retrait. Les discours ne faisaient pas partie de son univers. Mais bientôt il serait mis à contribution, sans le savoir.
-Seulement si… Si tu me laisses affronter ton coéquipier.
Elle regarda le dit. Il accepta. Alors commença une lutte entre feu et terre, toujours plus intense. Chaque coup, chaque plaie manquée de peu accentuait cette impression de renaissance subite. Les mouvements étaient rapides, sauvages. La moindre seconde paraissait destinée à accueillir flamme et griffe, coup terreux et morsure ténébreuse. Soledad se contentait d’observer la scène. Spectatrice, actrice oubliée par le script enragé, elle ne faisait rien. Elle ne pouvait pas. Son instinct était paralysé, telle était son impression, par la vision que lui procurait sa vie. Que de rebondissements. Une pause s’installa. Les cœurs avaient besoin d’encore plus d’air, les muscles d’un bref repos. Puis un Tunnelier se lança rapidement, tournoyant comme une torpille élancée à la vitesse du son. Le chien esquiva de peu, répliqua par des crocs tranchants. Les griffes de la taupe le protégèrent in extremis. Tout était serré. Aucun avantage ne se dessinait dans cette bataille perdue dans les souvenirs des arbres. Soledad ferma les yeux. Un bruit sourd survint. Elle blottit l’œuf encore plus fort, plus au chaud. Elle n’osait pas regarder ce que le spectacle lui avait réservé, pas encore. Elle sentit une odeur désagréable, celle de la terre boueuse. Puis une senteur de fumée l’accompagna. Elle retrouva la vision, et vit les deux bêtes couchées. Affrontement en vain ? Il apparut alors que oui. Elle saisit dans sa poche doublée la sphère dédiée à Samos. Le fit entrain à l’intérieur. Puis s’approcha de l’autre combattant. Elle tendit une autre sphère dans sa direction, la déposa devant lui. Il avait le choix, juste avant que le sommeil du guerrier ne l’emporte. Il accepta, frottant son museau contre la Pokéball. Elle lui promit que cela ne durerait guère. Il sourit puis disparu dans un rayon rouge. Ils étaient à présent cinq. Quel bonheur pour elle.
© FICHE D'APOLLINA POUR LIBRE GRAPH |
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